Olivier Duhamel est professeur des universités à Sciences Po (Paris). Député européen, membre de la Convention européenne, il co-dirige la revue Pouvoirs.
Pour Olivier Duhamel, nos démocraties souffrent d'une nouvelle maladie qui vient du jeu démocratique lui-même. Elles ne savent pas répondre aux défis contemporains et en particulier à la mondialisation. Il voit le cas français comme un cas spécifique : décolonisation mal passée, pluralisme médiatique qui a dégénéré, sondagisme aigu... autant de facteurs qui ont mené à l'épuisement de la Ve république à laquelle les élites n'ont pas su opérer les cures de jouvence indispensables.
Il veut rompre avec le «césaro-papisme»: césaro pour l'ultra-présidentialisme apparu avec J.Chirac, papisme pour la soumission de l'Eglise de France au Vatican. Mais aussi avec la tare institutionnelle dont souffre la France: lorsque nous voulions changer de gouvernants, nous changions de régime.
Mais les fruits de la Ve étaient déjà, dès l'origine, amers: tantôt cohabitation délétère, tantôt présidentialisme monarchique, nous avons au moins deux Constitutions, nous n'en avons plus. Il est alors temps d'inventer une VIe république.
[...] On a une idée fausse de la cohabitation: c'est la translation du pouvoir du P.R au P.M lorsque le chef de l'Etat a perdu toute majorité parlementaire en cours de mandat. Du coup cette opposition gouverne, parce qu'elle exprime la nouvelle volonté du peuple. Rien de tel entre la présidentielle de mai et les législatives de juin: il n'y a pas désaveu en cours de mandat. Il y a expression de deux volontés simultanées, mais différenciées. Les Français ne choisissent pas l'alternance, ils ne condamnent pas le P.R 3-vivement la VIe On ne peut plus guère changer la république, il faut donc changer de république. [...]
[...] Duhamel propose alors une nouvelle idée: supprimer l'élection du P.R au SUD, rien que ça! Qui le souhaite: nombre de juristes, intellectuels, politiques, communistes ou libéraux. Qui le dit: personne! Pourquoi ce silence? Car les Français expriment continûment leur attachement à l'élection présidentielle, ils la tiennent pour un de leurs principaux droits acquis et que personne n'a le courage de les affronter, et d'entreprendre une campagne d'explication civique en la matière. De surcroît, les solutions de remplacement paraissent inadéquates. IV - Vivement la VIe république 1-les vices du présidentialisme Présidentialisme: inventé par Jacques Lambert, professeur de Droit dans les années 50's pour définit les régimes latino-américains qui après une dictature militaire pratiquaient une démocratie d'apparence (partis politiques à peu près autorisés, offre limitée à 2 partis bien souvent corrompus et installés depuis des décennies). [...]
[...] En cessant d'élire directement, en introduisant des garde-fous. La démocratie parlementaire primo-ministérielle pose le filtre de l'élection indirecte. 3-la responsabilité retrouvée Le P.M rend en permanence des comptes devant sa majorité parlementaire. Il est responsable devant elle, et à travers elle devant le pays. À tout moment, la majorité parlementaire peut se séparer de son chef. Elle pratique la rotation des dirigeants, parfois jusqu'à l'ingratitude, laquelle vaut mieux que l'enlisement monarchisant. Le P.M doit chaque semaine (comme en Angleterre) répondre aux questions du chef de l'opposition. [...]
[...] L'idolâtrie des sondages pervertir la démocratie. Nous croyons que les intentions de vote annoncent des votes réels. Au début, personne ne prenait vraiment au sérieux les sondages. Puis ils ont envahi l'espace médiatique. Ils ont permis à des journalistes paresseux de ne plus enquêter par eux-mêmes. Les électeurs ont commencé à s'ajuster sur eux. D'autant plus que le «sondagisme» sévit en France plus qu'ailleurs en raison de l'élection directe du Président. Pour y remédier, et lorsque la loi est impuissante ou dangereuse, l'ultime recours se trouve dans les moeurs, l'esprit d'insoumission - première composante du civisme. [...]
[...] Le Pen le fit le premier, et rafla la mise. Les spécialistes du vote d'extrême droite savent de longue date que le vote extrême est rarement en corrélation avec la présence immédiate d'étrangers. L'électeur vote moins FN là où il les côtoie tous les jours que dans les petits bourgs ou villages un peu plus éloignés, qui les craignent sans les connaître: le mythe de l'Arabe délinquant ou de l'Africain fainéant y fonctionne mieux. la perversion médiatique L'empire de l'Audimat n'est plus compatible avec un débat politique consistant. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture