Brésil, Démocratie Participative, budget participatif, démocratie locale, Porto Alegre, Leonardo Avritzer, PT, délibération politique, prise de décision
Leonardo Avritzer est un important politologue brésilien, professeur à l'Université Fédérale du Minas Gerais , il a été directeur de l'Association Brésilienne de Science Politique et aujourd'hui il mène des recherches dans les aires de la démocratie, la participation politique ainsi que les budgets participatifs et la sphère publique. L'article Nouvelles sphères publiques au Brésil : démocratie locale et délibération politique de Leonardo Avritzer écrit à l'automne 2002, se concentre justement sur ces thématiques. Il aborde au long de cet article ces questions en étudiant la démocratie locale émanant des principes de budget participatifs ainsi que le processus délibératif et décisionnel entre société civile et la sphère politique. L'auteur tente ainsi de montrer comment les particularités de certaines villes brésiliennes, en particulier Porto Alegre et Belo Horizonte expliquent l'émergence, plus ou moins rapide, plus ou moins efficace, de la démocratie participative au travers des budgets participatifs depuis la redémocratisation au Brésil. Il étudie également cette question sous l'optique du lien entre les modes de participation politique dans les assemblées des budgets participatifs et les modes de délibération et de prise de décisions. Leonardo Avritzer semble estimer dans son article que les budgets participatifs ont globalement un effet positif sur l'évolution de la pratique politique, mais ce à différent niveaux selon le contexte de départ des villes où il se met en place, son apport majeur étant alors non pas de démocratiser la vie politique, mais de rénover la sphère publique et l'administration tout en réduisant les inégalités sociales.
[...] Or il se trouve que la participation atteint voire de la population totale de la ville, ce qui n'est pas du tout négligeable, surtout vu que cette participation est en croissance continue, dans la ville de Porto Alegre. Justement d'après l'évolution de la participation, Avritzer tire deux informations : la participation est fonction de la crédibilité de l'organisation. Ainsi Porto Alegre, ville sous contrôle net de la gauche, voit une première année avec une très faible participation, mais dès les premiers résultats positifs l'année suivante, une participation en croissance très rapide, et qui ne discontinue pas, étant donné le peu de risque de remise en cause du système. [...]
[...] Le fonctionnement et la hiérarchisation des projets émanant des conseils locaux se fait lors d'une session extraordinaire où des délégués des assemblées locales négocient uniquement l'ordre de priorité des projets. Dans le fond, on ne s'écarte pas tant que cela du principe crée à Porto Alegre, et donc malgré une perte de poids délibératif et décisionnel, le BP conserve une même structure. Cette structure, nous l'avons vu permet une mixité économico-sociale et donne une réelle indépendance au processus délibératif et décisionnel du budget participatif. Or le professeur Avritzer analyse ces données comme des facteurs d'impact dans la démocratie brésilienne et la redistribution des biens publics. [...]
[...] De ces points, il ressort qu'il y a au Brésil deux types distincts d'expériences de budget participatif. Celui des grandes villes, s'inspirant du modèle porto-alegrense, qui a pour conséquence la formation d'une culture politique plus démocratique avec une forte redistribution des biens publics auprès des plus pauvres. Tandis que dans les villes plus petites (et à condition qu'il y ait 1 une stabilité politique à même d'assurer la confiance dans le système de budget participatif et 2 que la ville ne soit pas trop pauvre) il y a certes un gain réel d'efficacité dans l'élaboration du budget, mais dans la pratique celui-ci n'est pas vraiment citoyen, il continue d'émaner des instances municipales, et il n'y a donc pas de réelle acquisition d'une tradition démocratique. [...]
[...] Sur le plan local de Porto Alegre, Leonardo Avritzer, revient d'abord sur l'histoire de la ville capitale du Rio Grande do Sul. Ainsi cet État, le plus au sud du Brésil, a longtemps eu des velléités séparatistes, qui se sont traduite par, outre de nombreuses guerres civiles, une construction politique et culturelle différente du reste du Brésil. Faiblesse de l'esclavage, forte immigration européenne, refus du système de Guarda Nacional, l'un des principaux facteurs qui a entrainé dans le reste du Brésil l'apparition du colonelisme, terres agricoles moins latifundiaires que le reste du Brésil, et plus particulièrement, existence d'une milice civique, responsable d'une moindre hiérarchisation de la société et de l'émergence d'un sentiment d'honneur sociale. [...]
[...] Première de ces institutions, les assemblées locales et thématiques. Porto Alegre possède 16 assemblées locales et 5 assemblée thématiques, où se réunissent les citoyens pour exposer leurs revendications, émettent des critiques à l'égard de l'administration, et négocient entre eux les priorités budgétaires. Les prises de décisions sont d'autant plus efficaces que les participants représentent assez bien chaque secteur socio-économique de la population avec une forte présence des citoyens les plus démunis des participants reçoivent moins de 2 salaires minimums (à l'époque celui-ci était équivalent à environ 100 et 25% entre 2 et 4 fois le salaire minimum. [...]
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