Anatol Lieven essaye de montrer dès les premières pages de son livre à quel point le nationalisme américain est encore vivace. L'esprit de 1914 semble s'être perpétué aux Etats-Unis et les politiques n'hésitent pas à exploiter les passions nationalistes. Ainsi le choc du 11 septembre 2001 a renforcé ce processus nationaliste en donnant aux américains un fort sentiment d'insécurité.
Les élites de la droite américaine sont hantées par un peur de la décadence et se réfugient dans le nationalisme comme les européens l'avaient fait au début du 20ème siècle. La rhétorique employée par ces derniers justifie la répression intérieure et stigmatise certains groupes de la population pour des raisons ethniques et politiques.
L'Amérique n'a jamais connu de guerre sur son sol. Les mémoires des européens laissent toutes une place à au moins un membre de la famille qui a souffert de la guerre. Les destructions humaines et matérielles sont encore présentes dans les mémoires en Europe. Les Etats-Unis manquent de retenue car leur population n'a pas à l'esprit les dégâts causés par des conflits aussi violents.
La vision messianique qu'ont les Etats-Unis d'eux même les amène à se considérer comme le peuple élu. Cette conception de l'Amérique comme pays porteur d'une mission occupe une place centrale dans l'identité nationale. La querelle avec la France apparaît ici comme une dispute entre deux frères voulant le même héritage, celui des Lumières.
La France fourni un parallèle au nationalisme américain par certains aspects de son propre nationalisme. Ainsi sa séparation historique en courants idéologiques et culturels très différents et souvent opposés se retrouve dans l'histoire américaine. Sentiment commun d'une mission universelle et supérieure.
[...] Toutefois son analyse se révèle pertinente et doit être prise en compte. Les drames auxquels ont mené le nationalisme et les leçons à en tirer ne peuvent pas être évitées. Les dirigeants américains actuels semblent s'attirer les remontrances du monde entier, et on doit donc remettre en cause certains aspects de la politique américaine. Ce livre apporte un éclairage particulièrement intéressant sur la façon dont les politiques américains usent du sentiment nationaliste, ce qui contraste avec le modèle européen où le nationalisme est banni. [...]
[...] D'allié à rival voire ennemi, les néo conservateurs ont cristallisé sur elle leur ressentiment face à l'opposition des certains pays pour cette guerre. Les américains même centristes ont été touchés par ces émotions nationalistes. Enfin le nationalisme américain joue un rôle dans les conflits au Proche et Moyen-Orient. Les américains sont souvent les seuls défenseurs des Israéliens. Le Congrès américains est totalement acquis à un important soutient à Israël. Proportions exactement inversées dans la communauté internationale. Les opinions musulmanes sont ainsi devenues violemment anti américaines. [...]
[...] Anatol Lieven qui est citoyen britannique met en perspective le nationalisme américain par rapport aux nationalismes européens. Le nouveau nationalisme américain est à rapprocher par certains aspects des nationalismes européens que l'on a connus par le passé et qui perdure encore aujourd'hui à travers certains partis politiques d'extrême- droite. Le rejet de l'Etat, qui peut à première vue paraître étonnant aux Etats-Unis où ce dernier occupe une place moins grande qu'en Europe, est une des causes majeure de la montée d'un nationalisme. [...]
[...] La notion de frontière explique aussi les comportements plus rudes (et plus racistes) observés dans les Etats où il y a eu des affrontements pour le sol, notamment avec les Indiens. Le Sud blanc est le terreau sur lequel le nationalisme de droite a proliféré. Le sud est très conservateur et se considère comme une entité culturelle à part aux Etats-Unis. Les blancs du sud représentent plus de 20% de la population des Etats-Unis et sont donc électoralement incontournables. Le Sud n'a toujours pas accepté totalement la défaite lors de la guerre civile. [...]
[...] Le messianisme américain reste dynamique. La population supporte toujours l'idée de propager ses valeurs, même par des moyens plus brutaux. La gauche américaine est exclue de ce processus, et les grands éditoriaux sont très souvent signés par des tenants de la droite nationaliste. L'administration Bush a utilisé et abusé de cette rhétorique messianique et universaliste pour entraîner le pays dans des conflits. Les médias et certains démocrates se sont également engagés plus avant dans cette voie après les attentats du 11 septembre. [...]
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