Jusqu'à la fin des années 1950, le développement est assimilé à la croissance économique, c'est-à-dire à l'accroissement du revenu par habitant. Ainsi les économies sous-développées se caractérisaient par « une incapacité à produire un revenu suffisant » (Encyclopédia Universalis). Le développement de ces pays devait alors passer par un certain nombre d'étapes prédéterminées, sur le modèle des pays occidentaux. Entre autres, les pays sous-développés se devaient de rattraper leur retard technologique, industriel et scientifique, en augmentant par exemple le taux d'investissement.
Cette compréhension du développement en tant que croissance économique a fait l'objet de critiques, qui montraient que cette vision restrictive ne permettait pas de rendre compte des changements structurels au niveau des conditions de production de la richesse mais également au niveau des revenus eux-mêmes. Cette critique élargissait le concept de développement à l'ensemble des secteurs économiques, comme l'agriculture et l'industrie manufacturière mais aussi au marché financier et aux institutions. Le développement est alors compris comme un processus irréversible (sauf destruction de capital physique et humain) qui s'oppose à une situation stationnaire où l'accumulation de la richesse sociale à long terme serait nulle.
Ainsi, pendant la première moitié du 20ème siècle, le processus de développement est surtout considéré comme un processus quantitatif d'élévation des richesses. Ceci n'a pas été sans soulevé d'importantes interrogations, notamment quant aux finalités du développement. Dès lors que l'accroissement de la richesse passe par « l'accumulation durable de capital productif », le facteur humain doit être pris en compte. C'est ainsi que vers la fin des années 1960, le développement est redéfini comme un processus qui garanti au-delà de l'augmentation des revenus, l'amélioration des conditions de vie humaines.
L'intervention de la qualité de vie dans la considération du développement conduit à s'interroger sur le lien entre développement et justice. Il s'agit de savoir si le développement bénéficie à chacun dans les mêmes conditions, si les revenus issus de ce développement se répartissent également entre les hommes. Un certain nombre d'économistes se sont attachés à ces questions de justice dans le développement, que ce soit en termes de justice distributive ou de justice agrégative. Parmi eux, un économiste indien, Amartya Sen, a apporté un regard nouveau sur ces deux notions qui aujourd'hui nous paraissent profondément complémentaires, justice et développement.
Amartya Sen est né en 1933, dans l'actuel Bengale. Durant son éducation, qui s'est faite en Inde, mais aussi en Grande-Bretagne, divers thèmes semblent l'avoir touché, que l'on peut retrouver dans ses théories et ses livres. Ainsi, il a été sensibilisé et s'est beaucoup intéressé à la diversité culturelle dans le monde. Son domaine d'étude est rapidement devenu l'économie, et c'est durant ses études que les divers domaines qu'il a étudié dans ses divers ouvrages sont devenus ses centres d'intérêts. Il s'est intéressé à l'économie du bien-être, l'économie de la pauvreté et des inégalités, mais aussi la théorie du choix social. Cependant, il n'a pas seulement étudié l'économie. Effectivement, et cela se ressent dans ses ouvrages, Amartya Sen a aussi étudié la philosophie : d'abord la logique et l'épistémologie, mais aussi la philosophie morale et politique. Il est devenu professeur rapidement, et a enseigné dans de très nombreuses et prestigieuses universités. Il est aussi important de remarquer qu'il a enseigné avec des personnes telles qu'Arrow. En 1998, il a reçu le prix Nobel d'économie pour sa contribution à la théorie du choix social notamment. On voit donc qu'Amartya Sen aura été, durant toute sa vie, intéressé par des domaines tels que le développement, la justice et la liberté, de par ses études d'économie, mais aussi grâce à ses études de philosophie. Ainsi, il va développer dans plusieurs de ses ouvrages des thèmes que l'on pourra retrouver dans le livre que nous allons étudier dans ce mémoire : Un nouveau modèle économique - développement, justice, liberté. Cet ouvrage, en grande partie issu d'une suite de conférences qu'Amartya Sen a donné pour le Programme des Nations-Unies pour le développement, va ainsi exposer la vision d'Amartya Sen sur le développement.
Quel va être l'apport d'Amartya Sen dans les théories du développement? Comment s'inscrit-il dans la dynamique du développement?
On verra tout d'abord comment les théories du développement sont apparues au fil de l'évolution de l'économie. Amartya Sen, dans son livre, développe une vision nouvelle par rapport à ces différentes théories, on va donc se demander dans un deuxième temps quels sont les principes de cette nouvelle théorie. Dans un troisième temps, on cherchera à voir la contribution de cette théorie à des applications plus pratiques, au travers notamment de la notion d'IDH, qui est très importante aujourd'hui. Mais l'ouvrage d'Amartya Sen s'inscrit dans une dynamique de théorisation sur le développement : on pourra enfin se demander quelles limites ont pu apporter d'autres auteurs à ce nouveau modèle.
[...] On voit effectivement, et cela semble logique, que les données économiques vont jouer un rôle prépondérant dans le développement d'un pays. Ainsi, une augmentation du revenu par habitant va par exemple permettre d'améliorer l'accès aux soins médicaux d'une population, ou encore faciliter l'accès à l'éducation. Cependant, la vision du développement ne prenant en compte que des variables économiques ne va pas être la seule vision existante. Ainsi, dès 1961, Perroux va, dans son ouvrage Économie du siècle, distinguer la croissance, qui sera l'augmentation soutenue d'un indicateur de dimension ; pour la nation : le produit global brut ou net en termes réels du développement, qui sera quant à lui la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rendent apte à faire croître durablement, son produit réel global On voit donc que la croissance du PNB va être différenciée du développement et que les changements structurels indispensables au développement vont devoir se traduire pas des améliorations des conditions de vie des individus. [...]
[...] Le taux de remboursement s'élève alors à 99% et encourage la transformation de l'initiative en banque à part entière. Ainsi, en 1983, le gouvernement bangladeshi fournit 60% du capital initial effectif, le reste étant constitué des économies confiées par les emprunteurs à la banque. Le succès est tel (un taux de remboursement proche de qu'en 1991, la Banque Grameen offre ses services à plus de villages à travers ses 900 succursales. Le PNUD met en lumière les initiatives à suivre et contribue à leur réalisation. [...]
[...] Là encore, plusieurs niveaux d'analyse coexistent : le problème posé par la notion de capabilités On a pu constater que la notion de capabilités et le flou qui l'entourait posaient à certains économistes des problèmes quant à l'évaluation de la pertinence de la théorie d'Amartya Sen. Si ces réticences peuvent être écartées aisément, il n'en va pas de même pour la mise en application de la théorie d'Amartya Sen. En effet, une théorie du développement a certes pour but de donner une évaluation fidèle du développement humain, mais elle doit avant tout apporter une possibilité de promouvoir pratiquement ce développement. Or, la non-définition exhaustive des critères retenus comme fonctionnement et capabilités essentielles, si elle a une justification éthique pose un réel problème pratique. [...]
[...] Poirot, Economies et Sociétés]. Marché et justice sociale Amartya Sen reconnaît un rôle capital au marché, celui de permettre la réalisation de la liberté économique d'échange qui contribue au progrès économique. Pour lui, s'opposer au marché équivaudrait à postuler son opposition aux conversations entre individus Cependant, il montre que le marché est incapable de répondre à la demande sociale en ce qui concerne évidemment les biens collectifs mais aussi plus généralement à l'injustice sociale. En effet, alors que les économies connaissent aujourd'hui une prospérité sans précédent, il existe toujours, et même dans les pays les plus développés, des poches de misères et de dénuement. [...]
[...] C'est Sen prix Nobel économie en 1999 qui a introduit la dimension éthique dans la notion de développement. Chaque homme a droit à la dignité. C'est le principe de la dignité de la personne humaine : selon lequel un être humain doit être traité comme une fin en soi. Ce principe est fondamental dans le cadre de la coopération, car il impose le respect de l'autre, de ces différences, de ces valeurs. Malheureusement, il est souvent absent. En effet, souvent de façon inconsciente (d'où l'importance d'en prendre conscience) les acteurs du Nord qui mettent en œuvre des actions de coopération avec le Sud imposent leurs valeurs occidentales : les libertés individuelles, la démocratie représentative, idée de citoyenneté qui sont en contradiction avec les valeurs culturelles non occidentales. [...]
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