« L'Egypte est un don du Nil ». C'est par ces mots que l'historien grec Hérodote (vers 484-425 av. J-C.) affirme que l'Egypte doit son existence au Nil. Ce constat se trouve confirmé de nos jours par l'égyptologie qui démontre que la civilisation égyptienne était une « civilisation hydraulique » du fait de sa maîtrise de la limoneuse crue annuelle du fleuve et de la cohésion entre l'amont et l'aval assurée par le pouvoir central fort des pharaons. Ainsi, quand des oscillations climatiques modifiaient le débit du fleuve et surtout quand des divisions intestines et la décadence du pouvoir central entraînaient la dégradation du système de la maîtrise de l'eau, l'Egypte enregistrait une régression démographique et entrait dans des siècles obscurs. Inversement, des innovations dans les techniques hydrauliques entraînaient des phases de croissance démographique. De ce fait, toute étude ou analyse sur les rapports qu'entretient l'Egypte avec le Nil de ne pas perdre de vue ce constat et Jacques Bethemont ne manque à ce devoir au début de l'article : « L'Egypte s'est toujours identifiée au Nil, et pour envisager les problèmes du fleuve il faut partir de ce pays et y revenir, parce qu'il a été le seul utilisateur des eaux du fleuve pendant quatre millénaires ».
[...] Quant à un règlement du conflit par le droit international, la chose n'est pas évidente. En effet, le cas égyptien s'avère problématique puisqu'il cumule la doctrine Harmon (tout Etat est libre de l'utilisation de l'eau sur son territoire) et la loi du Colorado (l'antériorité de l'utilisation donne droit de priorité sur l'usage d'une ressource limitée). Il apparaît donc plus que nécessaire que la commission de l'ONU en charge de l'étude sur les droits des fleuves internationaux prenne les devants et rédige un corpus législatif qui régisse les contentieux entre les pays. [...]
[...] Il apparaît donc légitime de se demander si le constat d'Hérodote ne doit pas être revu, en d'autres termes si l'Egypte est encore un don du Nil ! Les prolongements de l'article Dans le cas où le partage des eaux du Nil se révèlerait conflictuel peut-on envisager une guerre de l'eau ? Tout d'abord, il convient de s'entendre sur la notion de guerre et de convenir que même si les conflits liés à l'eau ne sont pas conformes au schéma classique établi par Clausewitz (1780-1831) qui veut que le but stratégique soit de désarmer l'ennemi[4], ils n'en soient pas moins réels et menaçants pour l'avenir. [...]
[...] VertigO privilégie la diffusion de savoirs critiques, de travaux et de résultats de recherches et de dossiers d'actualité. Cet article s'évertue donc à montrer, au travers du cas égyptien, que l'eau l'or bleu[2] et son partage constituent un enjeu majeur du XXIème siècle et que le négliger conduirait à des conflits latents qui pourraient dégénérer dans un avenir proche Ainsi, Jacques Bethemont cherche à démontrer que malgré la régularisation du débit du fleuve, le Haut barrage d'Assouan est un échec non-avoué qui s'explique en grande partie par ses objectifs purement géopolitiques qui dénient à l'eau son rôle humanitaire : celle-ci n'est en effet jamais envisagée en tant que telle mais comme un moyen plutôt qu'une finalité. [...]
[...] Toutefois, cette logique utilitaire se heurte aux prétentions des Etats voisins de partager les eaux du Nil pour conforter leur développement et assumer leur croissance démographique. Résumé de l'article Construit en 1963 dans un contexte de Guerre froide où s'affirme le Tiers-monde et le mouvement des non-alignés, les buts du Haut barrage d'Assouan sont éminemment géopolitiques : légitimer un régime né de la conjonction d'un mouvement populaire et d'un coup d'Etat militaire ainsi que tailler une part à l'Egypte dans l'ordre mondial. [...]
[...] Cette gratuité de l'eau contribue à une abondance illusoire et une fausse sécurité d'approvisionnement qui soutiennent la croissance démographique, limitant ainsi les effets de la réforme agraire. Il faut donc envisager une désacralisation de l'eau c'est à dire, pour employer un terme à la mode : la laïciser. Cette entreprise de laïcisation passe par des campagnes d'éducation vis-à-vis de l'eau comme ce qui est déjà le cas dans quelques villes du Maroc notamment à Fez. Terme emprunté au tropicaliste Pierre Gourou Par opposition au pétrole : l'or noir Le downstream complex de Peter Beaumont Karl Von Clausewitz De la Guerre publié en 1832 et 1834. [...]
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