La nature du pouvoir, Luciano Canfora, démocratie, philosophie politique, suffrage universel, conquête du pouvoir
Dès l'Antiquité, la démocratie était déjà contestée par de nombreux philosophes. Platon parlait d'une « tyrannie de la majorité », où la foule était « ignorante », et ne pouvait donc pas être rationnelle dans ses choix politiques. En 2012 en France, 29% de la population se sentaient partiellement ou tout à fait représentée. Le paradoxe étant que 70% de ces mêmes Français pensent que le suffrage universel est le meilleur moyen d'avoir une emprise sur la vie politique.
[...] Le pouvoir de parole a laissé place au pouvoir de contrôle selon l'auteur. Désormais, c'est celui qui contrôle qui a le pouvoir de faire gagner une élection. Les médias et la télévision font partie de ce type de puissants appareils récepteurs Ils sont à l'origine de la conquête du peuple profond Canfora prend comme exemple une directive européenne sur la place des femmes dans les spots publicitaires. Il ne faut pas simplement comprendre la réalité, mais la manipuler, si l'objectif est le pouvoir. [...]
[...] En s'appuyant sur le philosophe Gramsci, l'auteur montre le processus amenant le chef au pouvoir : Aucun État ne peut se passer d'un gouvernement constitué d'un petit nombre d'hommes, qui, à leur tour, s'organisent autour de l'un d'entre eux, doté d'une capacité plus grande et d'une plus grande clairvoyance Le charisme est un élément essentiel à la conquête du pouvoir (théorisé notamment par Ian Kershaw dans son ouvrage Hitler, le charisme en politique De Mussolini à Lénine, en passant par César, Canfora souligne le fait que tous les peuples ont essayé de trouver un chef incontestable. Et ce chef incontestable joue sur ce que l'auteur appelle le peuple profond Selon Diodore de Sicile, la multitude n'est pas, en soi, porteuse d'une valeur positive, ceux qui la composent n'ont pas raison en tant qu'ils sont nombreux Seulement, c'est cette multitude qui légitime le pouvoir en démocratie. Et la masse est facilement influençable par le pouvoir de la parole. [...]
[...] Il remet presque en cause le système. Selon lui, si la constante tient à la conquête du pouvoir et à sa gestion (qui peut découler de la ruse ou encore sur la force comme suggérait Machiavel), alors on ne peut vraiment parler de régime démocratique. En prenant des exemples de pays occidentaux, tel que l'Italie, les États-Unis ou encore la France, Canfora entend souligner le fait que la démocratie est décrédibilisée par certaines pratiques. L'auteur avoue même ne plus y voir de différence avec une tyrannie En effet, Luciano Canfora rappelle que le pouvoir soit de quelques-uns ou d'un seul, il est toujours une domination sur tous d'une petite minorité, visible ou invisible La démocratie est en constante évolution. [...]
[...] Force est de constater que le pouvoir ne reste que dans les mains des élites. L'auteur évoque notamment le fait que tuer le tyran peut se révéler être contre-productif. En effet, il ne sert à rien de tuer le chef pour voir la dictature s'effondrer. Afin de légitimer son raisonnement, Canfora s'appuie sur l'assassinat de Jules César ou encore d'Hipparque pour démontrer que ce fut un échec. Pire même, le régime s'est considérablement endurci après l'assassinat de César. L'auteur explique très bien cela en parlant d'une reconstitution de l'aristocratie Pour expliquer cette continuité du pouvoir des élites, Luciano Canfora fait référence à la force. [...]
[...] Canfora s'appuie sur le règne d'Auguste et de son accession au pouvoir. Une fois Auguste arrivé à la tête de l'empire, Luciano Canfora se pose la question de savoir ce qu'il a fait pour sortir l'empire de la tourmente Celui-ci a réformé considérablement l'administration et l'armée en passant par le politique. En effet, en rétablissant l'équilibre monarchique, oligarchique et populaire, à l'intérieur du mécanisme déséquilibré par l'excès de pouvoir personnel de César il pouvait réaliser un chef d'œuvre politique. Dès ce moment, tout se coordonne facilement d'après Canfora. [...]
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