Historien et sociologue, Gérard Bouchard est professeur au département des sciences humaines de l'Université du Québec à Chicoutimi. Il est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en "dynamique comparée des imaginaires collectifs", membre de la Société Royale du Canada, et depuis automne 2002, membre du programme de recherche «Successful Societies» associé à l'Institut canadien de recherches avancées (CIAR). Il a également été entre 1994 et 1998, directeur de l'Institut inter-universitaire de recherches sur les populations (IREP). Il est également le directeur-fondateur du Projet BALZAC qui entend construire un registre informatisé des populations de toutes les régions du Québec, des débuts du peuplement jusqu'à nos jours. Gérard Bouchard travaille actuellement à un projet d'histoire comparée des collectivités neuves. Ses recherches portent sur la formation des nations et des cultures du Nouveau Monde, il s'agit d'étudier des populations pour démontrer les caractéristiques de leurs compositions et de leurs traits socioculturels . Gérard Bouchard fait partie de l'école dite «révisionniste», qui domine l'historiographie québécoise depuis maintenant trente ans. Partisan de l'indépendance du Québec, sa conception de l'histoire et de la nation, qui « découle d'un néonationalisme purgé de toute référence canadienne-française » , jouit actuellement d'une grande influence dans les milieux intellectuels québécois. Son ouvrage, « La nation québécoise au futur et au passé », a été publié en 1999 et l'auteur entend développer dans ce livre une pensée originale quant aux différentes conceptions historiques de la nation québécoise.
[...] Selon l'auteur, la maîtrise de la langue française, commun dénominateur de cette nation, assurerait une ouverture aux variantes ethniques et culturelles, tout en instaurant une dynamique de communication propice aux échanges et aux métissages[17]. Cette nouvelle définition s'impose dans un contexte de changements importants liés à l'histoire du Canada et du Québec. La modernisation et la prospérité économique qui suivit la Seconde Guerre Mondiale a conduit le Québec sur la même voie que la majorité des nations occidentales. C'est avec la modernité industrielle et le passage d'une société traditionnelle à une société industrielle, que va se transformer le concept de groupe national. [...]
[...] La souveraineté de la nation québécoise serait celle d' une nation francophone, plurielle, qui se définit par référence à des valeurs et à des choix sociaux, et qui parvient ainsi à réaliser sa cohésion dans la diversité ; Une petite collectivité fragile, qui fait le pari de se perpétuer et de se développer à sa manière dans le voisinage d'une super puissance et dans un contexte de mondialisation La définition de ce que signifie être Québécois s'est compliquée au cours des années 80 et 90. On a redécouvert le Québec dans sa diversité identitaire. Selon le professeur Jacques Beauchemin, cette découverte a eu pour effet de miner la légitimité des revendications nationalistes, que l'on pouvait alors soupçonner de contrevenir aux droits fondamentaux. C'est ainsi qu'il est devenu malaisé de défendre le nationalisme sans avoir l'air de contrevenir à ces droits. [...]
[...] Comment adapter l'idée nationale à la diversité ethnique et culturelle Afin de résoudre ce conflit, Gérard Bouchard propose une nouvelle définition de la nation. Selon lui, si la nation constitue une communauté imaginée[10], voire inventée[11], elle ne l'est ni plus ni moins que tout groupe social, à l'instar d'une famille, d'une communauté religieuse ou d'un syndicat[12]. La dichotomie des nations civique et ethnique se révélant peu appropriée pour ces collectivités, l'historien préfère à ce modèle réducteur, le paradigme homogénéité-diversité parce qu'il lui semble mieux tenir compte de la transition de la nation moderne sans occulter le fait que certains contenus ethniques (identité et langue nationales) ne sont pas incompatibles avec le principe civique. [...]
[...] Pour l'auteur, la réalisation du projet d'une nation québécoise politique et culturelle à la fois, permettrait au Québec de prendre une direction nouvelle. C'est en construisant rigoureusement les assises culturelles de la communauté politique que le Québec pourra se développer pleinement comme nation. La souveraineté permettra alors à la province de s'affirmer en tant que société francophone responsable de son destin et cette idée nationale aura l'avantage d'encadrer efficacement le développement de la société québécoise dans le respect de sa diversité. [...]
[...] De plus, afin de s'accorder avec la diversification de la société issue des mouvements migratoires, la vieille identité nationale canadienne- française se débarrassait progressivement de ses particularismes afin de faciliter la pleine intégration des nouveaux arrivants en terre québécoise. C'est cette conception à la fois politique et culturelle que s'emploie alors à promouvoir le Parti Québécois. Mais ce processus semble avoir été subitement remis en question dans les dernières décennies avec la réapparition d'anciennes conceptions et l'arrivée de nouveaux modèles qui se proposent de redéfinir, de reconstruire, l'identité nationale dans un contexte de diversification croissante de la société. [...]
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