Mythes et mythologies politiques - Raoul Girardet: l'imaginaire politique

Thèmes abordés

Mythes et mythologies politiques, Raoul Girardet, imaginaire politique, évolution des idées politiques, société

Résumé du document

Dans cet ouvrage, Raoul Girardet s'attaque à un pan de l'histoire des idées politiques qu'il estime être très largement négligé: l'imaginaire politique. L'attraction ou la répulsion de certaines idéologies, de certains systèmes rationnels de pensée s'explique dans une large mesure par l'irrationnel, par la puissance de l'imaginaire politique. L'auteur met ainsi au jour une "mythologie" politique fondamentale dans l'évolution des idées politiques et donc des sociétés elles-mêmes. Il convient alors comme le fait remarquablement l'introduction de définir ce qu'est un mythe et de mettre en évidence les obstacles inhérents à son étude. Le mythe est triple. C'est avant tout une fable, un produit de l'imagination détaché dans l'ensemble de toute réalité historique ou matérielle. " Il s'interpose comme un écran entre la vérité des faits et les exigences de la connaissance".

Extraits

[...] La Conspiration Le premier mythe récurrent dans l'histoire française des deux derniers siècles auquel s'attaque Girardet est celui du complot ou de la conspiration. Et, en effet ses manifestations furent très nombreuses. Ainsi se sont succédées et chevauchées, lors des deux derniers siècles (principalement à la charnière des deux siècle), les peurs irrationnelles d'un complot juif, jésuite ou franc-maçonnique, voire judéo-maçonnique. Les ouvrages sur lesquels se base Girardet ( Le juif errant de Sue, Le discours du rabbin et Joseph Basalmo de Dumas) pour démontrer la réalité de ces craintes ne sont qu'une infime part du foisonnement de leurs manifestations (violences, haines, articles, partis politiques antisémites ou antijésuites etc.) à l'époque. [...]

[...] LE GOFF David Mythes et mythologies politiques Auteur: Raoul Girardet Éditions: Points, Histoire 1986 L'auteur : Raoul Girardet est un historien français né en 1917, agrégé d'histoire et docteur ès lettres. Il fut professeur à Sciences Po Paris, à l'ENA etc. Il s'est spécialisé dans l'étude des sociétés militaires et du nationalisme français, dont il fut lui-même acteur au sein de l'Action française, de la résistance, de milieux proches de l'OAS. Ces penchants nationalistes se retrouvent dans toutes ses oeuvres par un attachement prononcé à certaines valeurs traditionnelles et patriotiques qui peut lui valoir parfois quelques critiques quant à son objectivité. [...]

[...] Une troisième image du sauveur serait celle de Solon, le législateur. Pétain fondant l'État Français, De Gaulle jetant les bases de la cinquième République ou Napoléon rédigeant son code civil se confondent avec cette image. Ils ont posé les bases d'ordres nouveaux, établi des principes sages et durables. Bref, ces sauveurs sont l'incarnation de la sagesse. Enfin, le dernier type est celui de Moïse, du prophète et du guide. On peut y assimiler De Gaulle une nouvelle fois ou Napoléon annonçant la libération des peuples de son exil. [...]

[...] Enfin le mythe est un formidable stimulateur d'énergie et initiateur de mouvement. Il se définit aussi par sa capacité mobilisatrice, comme "un ensemble d'images motrices" selon les termes de Georges Sorel. L'auteur ajoute que le mythe ne se conçoit que comme une structure très particulière relevant du discours onirique, c'est une succession, une dynamique d'images dont il ne saurait être question de dissocier les fractions. De plus, un même mythe peut donner naissance à plusieurs idéologies parfaitement opposées, des connotations négatives comme positives, à des histoires a priori très différentes . [...]

[...] L'entrée dans la secte, le déroulement des réunions sont marqués par tout un rituel complexe indéchiffrable pour le non affidé. Cette organisation est donc fortement marquée par le secret, mais aussi par une structure hiérarchique pyramidale aux échelons successifs et strictement compartimentés. Chaque échelon correspond alors à un niveau de pouvoir et de connaissance différent, l'échelon suprême étant le siège d'une autorité implacable, omnisciente et invisible pour les inférieurs. Ces organisations conspiratrices visent au même but: la domination sans partage du monde dans son intégralité. [...]