Déjà, dans sa Petite lettre sur les mythes, Paul Valery se demandait « Que serions-nous sans le secours de ce qui n'existe pas ? » « Ce qui n'existe pas » nous intéresse ici car il va constituer l'objet d'étude de Raoul Girardet dans son œuvre Mythes et mythologies politiques.
Par ces premiers mots, le mythe paraît déjà comme inhérent à la condition humaine. En effet, sans savoir réellement ce qu'il est, d'où il vient, ce qu'il produit, il s'érige déjà comme un concept nécessaire à l'existence humaine. Pourtant, qu'est-ce qu'un mythe ? La première définition à laquelle nous sommes confrontés paraît quelque peu vague, voire confuse. « Ce qui n'existe pas », selon Valery, participe pourtant à la caractérisation d'un concept mystérieux et intriguant.
Intriguant, il l'est en effet comme en témoignent les études entreprises sur lui, dont Girardet est un des principaux représentants. Le mythe n'existe pas, en effet, du moins il n'est pas réel. Il fait parti de l'imaginaire collectif.
[...] L'auteur possède en effet une définition particulière du mythe et pose ses conditions d'apparition. En effet, différentes conceptions du mythe existent : les anthropologues et historiens le voient comme un récit se référant au passé ayant une dimension explicative du présent, d'autres, comme Mircea Eliade le voit comme une histoire, un temps des commencements, ce qui explique comment une réalité est venue à l'existence, d'autres encore ne retiennent que sa dimension mystique. Ainsi, dans ce foisonnement d'explication du mythe, Girardet opte, lui, pour une autre définition. [...]
[...] Le mythe de la conspiration est d'abord utilisé par l'auteur pour exprimer cette idée. Trois textes viennent appuyer son argumentation : Le discours du rabbin, un extrait du Juif Errant d'Eugène Sue et enfin, un extrait de Joseph Balsamo d'Alexandre Dumas. Chacun de ces trois textes relate une conspiration face à un pouvoir en place et constitue donc un danger pour le pouvoir politique : conspiration juive pour le premier, complot jésuite pour le second et organisation maçonnique pour le dernier. [...]
[...] Le mythe de l'unité se structure autour d'un objectif de reconstitution des fondements moraux et religieux de la politique. En effet, l'unité constitue cet idéal (jamais atteint) qui nourrit l'imaginaire de toute société, car en fin de compte, le mythe n'exprime-t-il pas ce vers quoi les individus veulent tendre sans jamais pouvoir l'atteindre ? Le mythe relève en effet du rêve, de l'imaginaire et, en vue de cette conception, nous sommes en droit de nous demander si cet imaginaire n'existe pas pour nous permettre de continuer à espérer de tendre vers cet idéal d'unité. [...]
[...] Ainsi, deux modèles limitent ce mythe dont quatre différents types viennent incarner quatre aspirations différentes. D'une part le modèle Cincinnatus le vieil homme expérimenté que l'on rappelle pour faire face de nouveau au danger. Il symbolise un désir de stabilité, de retour à des valeurs sûres (vision très barrésienne de la part de Girardet qui, faut- il le rappeler, est issu de la frange conservatrice) face à la progression d'incertitudes comme l'ont incarné Pétain en 40 ou Doumergue en 1934. [...]
[...] Ainsi, qu'apporte le mythe du sauveur à l'analyse de Girardet ? Le sauveur, dit ce dernier, répond à une attente et, par conséquent varie selon le contexte économique et social de la société et reflète donc une sorte de révélateur idéologique, comme Poincaré par exemple et son Verdun financier des années 20. Ainsi, dans ces conditions, le mythe sert à expliquer une société dans un contexte particulier, mais il en découle aussi qu'il appelle à la mobilisation pour changer le réel. [...]
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