Raoul Girardet est né en 1917. D'abord séduit par l'Action française, il entre ensuite aux Camelots du Roy pendant sa jeunesse. Ses convictions quant à la grandeur de la France le font tourner vers la résistance durant l'Occupation et l'amènent ensuite à défendre la cause de l'Algérie française. Historien reconnu, professeur à la Sorbonne, à l'IEP de Paris puis à Saint Cyr, Girardet s'est attaché à l'étude de l'histoire militaire, à celle de l'idée nationale, mais aussi à ce qu'il appelle l' « imaginaire politique » de la France.
C'est l'objet de son ouvrage publié en 1986, Mythes et mythologies politiques, dans lequel il explore deux siècles de rêve de la société française, à travers quatre mythes persistants dans l'histoire nationale : la Conspiration, le Sauveur, L'Âge d'or et l'Unité. L'imaginaire politique y étant présenter comme un « système de croyance cohérent et complet », il s'agit dans cet ouvrage de dégager ce que Girardet appelle la logique du discours mythique, les lois communes dont relèvent le déroulement de sa démarche, mais aussi ses manifestations diverses, ce qui requiert une méthode particulière.
[...] Mythes et mythologies politiques, Raoul Girardet Raoul Girardet est né en 1917. D'abord séduit par l'Action française, il entre ensuite aux Camelots du Roy pendant sa jeunesse. Ses convictions quant à la grandeur de la France le font tourner vers la résistance durant l'Occupation et l'amènent ensuite à défendre la cause de l'Algérie française. Historien reconnu, professeur à la Sorbonne, à l'IEP de Paris puis à Saint Cyr, Girardet s'est attaché à l'étude de l'histoire militaire, à celle de l'idée nationale, mais aussi à ce qu'il appelle l' imaginaire politique de la France. [...]
[...] Au-delà de la situation sociale, Girardet effectue une analyse d'ordre psychologique. Le mythe est une des formes d'expression de constantes psychologiques inhérentes à la personne humaine. Chacune de ces tendances peut prendre un aspect pathologique mais est présente à l'état de normalité dans le psychisme individuel comme le psychisme collectif. Il existe dans les sociétés des mécanismes de régulation qui permet de canaliser les puissances du rêve, le même imaginaire canalisé dans les sociétés aux structures hiérarchiques assises, s'exalte lorsque ces mécanismes sont supprimés Le mythe est aussi l'une des expressions de l'aspiration des hommes à l'irrationnel dans une société où la raison est érigée en valeur dominante. [...]
[...] En définitive, on peut reprocher à Girardet de ne pas assez expliquer ce qui apparaît pour lui comme évident : le passage de l'individuel au collectif, les liens entre le psychologique et le social. Néanmoins son propos est original: le rêve, les mentalités, l'irrationnel sont des points peu abordés et jouent néanmoins un rôle essentiel. L'ouvrage permet enfin d'ancrer le sujet dans la réalité artistique ou médiatique française. Enfin, on peut lui reprocher d'être un peu répétitif et surtout de ne pas assez dégager ce qui fait la spécificité du mythe politique. [...]
[...] D'autre part, on peut voir dans le mythe du complot l'expression inversée de souhaits inassouvis L'ordre, le pouvoir exercé par l'autre est l'équivalent de celui que l'on désire. Le Sauveur : Girardet retient deux manifestations du mythe du sauveur qui représentent deux extrêmes dans cette constellation mythique: Pinay et l'exemple littéraire de Tête d'Or, l'un héros de la normalité, l'autre de l‘exception. En fait, on peut distinguer selon Girardet quatre archétypes du sauveur : le protecteur, le conquérant et guide, le législateur et le prophète. [...]
[...] Cette volonté de rassembler se manifeste à travers le hiatus entre le politique et le religieux et la volonté permanente de les rassembler ou du moins de faire apparaître des points de convergence. Elle se manifeste aussi par la pédagogie historique de la IIIe République, valorisant la grande et noble unité de la patrie Cette exaltation du thème unitaire a pour Girardet valeur d'exorcisme: il s'agit d'assurer la victoire des forces centrifuges sur les facteurs d'éclatement, de prévenir les menaces de rupture. Ce mythe de l'unité constitue pour Girardet une réponse à une angoisse, devant les déchirures les plus sensibles de l‘histoire morale du dernier siècle. [...]
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