« J'ai passé les quatre dernières années de ma vie à regarder des gens mourir » : dès la première ligne de sa première conférence, Stephen Lewis entre crûment dans le contexte de la crise exceptionnellement grave et urgente du SIDA en Afrique, mais également – par extension- partout dans le monde. Ainsi, le SIDA et ses conséquences sont la ligne directrice des cinq conférences prononcées courant 2005 et compilées dans Contre la montre, Combattre le Sida en Afrique.
Stephen Lewis, un féministe convaincu et socio démocrate, a exercé de nombreuses fonctions ayant attrait à l'Afrique, d'enseignant à directeur adjoint de l'UNICEF, en passant par ambassadeur de l'ONU du Canada : il s'est par conséquent investit à la fois sur le continent africain et au Canada, avantage non négligeable quant au point de vue interne qu'il nous donne.
Ainsi, à travers ces cinq conférences, Lewis, à l'aide d'un mélange d'anecdotes et d'analyses, nous offre une vision critique et bien argumentée sur la crise du SIDA/VIH en Afrique.
[...] Une argumentation doublée de persuasion 1. Argumentation Lewis dit vivre une véritable histoire d'amour avec le continent africain : toutes ses conférences tentent de montrer que son pays est à genou (p.55), conséquence d'un décalage entre la dure réalité et les conférences internationales, la parole et l'action. En effet, le conférencier se base sur les huit Objectifs du Millénaire pour le Développement afin de souligner l'impossibilité de leur réalisation. Le SIDA en est la cause. Ainsi, à travers une mise en contexte historique, une dissection de l'actualité, de calculs mais également d'anecdotes tantôt poignantes, tantôt légères, et d'une verve imagée et bien choisie, Lewis analyse, critique et tente de proposer des solutions afin de combattre ce qui peut réellement être considéré comme la plus grave crise sanitaire mondiale du XXe siècle. [...]
[...] L'argumentation perd donc de sa force pour ce public là. Cela dit, il semble clair que les conférences ont été écrites afin de toucher un public le plus large possible, du grand public aux directeurs de l'ONU, peut-être pour faire sortir du carcan universitaire -parfois rigide et inaccessible pour la plupart- les études sur le SIDA en Afrique : Contre la montre répond à une mission de sensibilisation, un appel à l'aide Persuasion Je pense que le langage utilisé est une force pour la persuasion. [...]
[...] Quelles sont les forces et les faiblesses de cette compilation de conférences ? Seules peu de faiblesses peuvent être relevées dans Contre la montre, et même celles soulignées peuvent, jusqu'à un certain point, être considérées comme une force. Dans la préface, Stephen Lewis s'excuse des possibles points de frictions, il en a pleinement conscience. Par exemple, il souligne le possible décalage entre ce qu'il dit et ce qui s'est effectivement passé, dans la mesure où il a déposé le script avant même d'avoir prononcé les conférences (p.8). [...]
[...] Apports de Contre la Montre 1. Une vision globale Fort de sa grande expérience sur le terrain, Lewis peut affirmer sans difficulté qu' en Afrique, les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) ne seront jamais atteints (p.169). Un des majeurs apports de Contre la montre reste en effet la mise en système de tous les problèmes liés au VIH, ainsi que des interactions entre tous les différents aspects de la pandémie. Lewis ouvre les yeux sur le fait que le SIDA n'est pas seulement une crise sanitaire, mais également une crise sociale et politique. [...]
[...] Et Lewis l'a bien compris Une vision optimiste Néanmoins, Stephen Lewis insiste aussi sur l'espoir, il ne faut pas tomber dans un pessimisme total, la pandémie n'est pas inévitable. C'est pourquoi un autre apport majeur qui ressort de ces conférences est la proposition de solutions, certaines archi-pratiques d'autres extravagantes (p.170). Ainsi, non content de nous ouvrir les yeux et de lancer un appel à l'aide, Lewis ne nous laisse pas dépourvus, pessimistes : certaines mesures doivent être absolument prises, comme l'élimination des frais de scolarité sans frais cachés. [...]
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