Dans cet ouvrage, l'auteur cherche à montrer la dimension politique du monde dans lequel nous vivons et à partir de là, la nécessité de mettre en place une véritable politique mondiale.
Ainsi, il met en relief l'existence d'une tendance historique lourde qui est celle de la coalescence progressive des sociétés.
[...] C'est cette vision du monde, révélée par la lecture mêlant ces quatre approches, qui explique l'une des caractéristiques les plus frappantes de notre époque : la complexité de l'espace des échanges. C'est à ce propos que Richard O'Brien a pu parler de la fin de la géographie (dans The End of Geography. The impact of Technology and Capital flows) en 1990. Ce point de vue présente l'avantage de bien montrer l'évolution du monde vers une contraction des distances chaque jour plus grande. [...]
[...] Il apparaît particulièrement clairement dans cet exemple que la logique géopolitique n'est ici plus pertinente pour décrire les échanges mondiaux, et que l'Etat recule progressivement devant la logique du réseau hiérarchisé : aussi, Richard O'Brien et Elie Cohen ont-ils montré qu'il est de plus en plus difficile de parler de la nationalité d'une firme ou d'un produit à l'heure de la mondialisation. Ce passage est aussi souligné par d'une part, la mise en connexion des différents centres ; et d'autre part l' intégration d'une part des périphéries (p. 60). Les conséquences de ces facteurs sur le plan spatial sont considérables : on assiste à l'émergence de réseaux entre pôles d'échange. [...]
[...] Le monde pour Cité Jacques Lévy Né en 1952 à Paris, Jacques Lévy a obtenu son agrégation de géographie à l'Université de Paris VII en 1974. Après avoir été chargé d'enseignement dans cette institution, il devient chercheur au CNRS dès 1984 et obtient le titre de Docteur d'Etat en 1993, avec une thèse de géographie du politique portant sur "l'espace légitime". Jacques Lévy est l'auteur et coauteur de plus de quatre cents publications scientifiques (parmi ses principaux ouvrages, on retrouve Le Monde : espaces et systèmes, écrit en collaboration avec Marie-Françoise Durand et Denis Retaillé ; L'Espace légitime ; Le Tournant géographique ; le Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, codirigé avec Michel Lussault la plupart desquels ont d'ailleurs déjà été abordés ou du moins évoqués en conférence). [...]
[...] Par ailleurs cette problématique s'inscrit pleinement dans le cadre de la conférence en développant tout d'abord les modèles qui permettent de mieux comprendre le monde, mais surtout en abordant des points aussi diversifiés que celui de distance, de la mobilité, des échelles, des acteurs, des enjeux. Il me semble pourtant que Jacques Lévy reste dans l'ensemble légèrement enfermé dans sa position de géographe. Son raisonnement a beau être clair, je pense qu'un historien, au vu des conflits de civilisation qui font si grand bruit aujourd'hui, ne conclurait pas aussi vite à la naissance d'une société civile à l'échelle mondiale. D'autre part, la vision diachronique me paraît quelque peu simplificatrice et dangereuse (l'auteur lui même le reconnaît). [...]
[...] Dans Le monde, espaces et systèmes, les auteurs expliquent cette absence par une sorte de blocage de l'histoire, dû à la constitution d'Etats trop rigides, qui auraient bloqué (ou du moins fortement ralenti) cette tendance au regroupement progressif des sociétés. Par ailleurs il est révélateur d'observer qu'aucune discipline ne s'est jusqu'à présent vraiment penchée sur ce problème de la société à une échelle supérieure à l'Etat. Jacques Lévy distingue par ailleurs avec Leibniz (p.26), et la distinction est importante, souveraineté et majesté - la première pouvant exister sans la seconde. [...]
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