Mishi, politisation, contestation, action collective, engagement
Julian Mischi est chercheur en sociologie à l'INRA.
Ses recherches portent sur les classes populaires. Il a conduit des travaux de terrain sur les militants communistes, les chasseurs et, plus récemment, les cheminots.
Dans son article, Mischi a pour objectif de saisir pourquoi et comment les chasseurs de gibier d'eau du marais de Brière, dans l'arrière-pays de Saint-Nazaire, entrent dans l'action collective et s'opposent aux directives européennes restreignant les périodes et les territoires de chasse.
L'auteur montre comment les directives communautaires ont pu participer à la repolitisation pratique de certaines catégories populaires et ce, autour d'une pratique sociale partagée et productrice d'identification locale.
Mischi montre combien les formes pratiques de l'engagement des chasseurs empruntent aux logiques de classe et au savoir-faire militant usinier, en soulignant aussi combien les formes non conventionnelles de protestation des chasseurs contribuent au maintien d'une certaine conflictualité ouvrière. L'auteur nuance le constat dominant d'une démobilisation politique massive des classes populaires.
[...] A l'échelon local, les chasseurs sont conduits à investir davantage les conseils municipaux alors qu'auparavant, lorsque la société communale de chasse exerçait une influence diffuse à l'échelle locale, leur entrée dans l'instance municipale n'était pas nécessaire. Mishi dit ainsi que CPNT hérite d'une mobilisation collective qui lui préexiste CONCLUSION Mischi montre combien les formes pratiques de l'engagement des chasseurs empruntent aux logiques de classe et au savoir-faire militant usinier, en soulignant aussi combien les formes non conventionnelles de protestation des chasseurs contribuent au maintien d'une certaine conflictualité ouvrière. L'auteur nuance le constat dominant d'une démobilisation politique massive des classes populaires. [...]
[...] La trajectoire de ce militant, ouvrier et chasseur, souligne qu'il ne faut pas déconnecter les deux types de lutte, usinière et cynégétique. Le PCF s'oppose ainsi aux directives européennes, car, selon lui, elles privilégient les gros chasseurs au détriment des petits Mais dans le contexte de la gauche plurielle et donc d'alliance avec Les Verts et le PS, les députés communistes s'abstiennent lors du vote de la loi chasse de juillet 2000 qui réduit davantage les dates de chasse. Le groupe communiste a enterré la chasse populaire martèlent alors les cadres locaux de CPNT. [...]
[...] La contestation de l'intégration communautaire dans le marais de Brière associe globalement schèmes révolutionnaires et logiques de classe. La défense de la chasse populaire est présentée à la fois comme une lutte pour le maintien d'un droit acquis en 1789 (la Nation contre l'Europe anglo- saxonne) et d'une pratique de la classe ouvrière locale (le Peuple contre l'élite bruxelloise). Ces pratiques associatives de loisirs se transforment de fait en mobilisations de contestation : la participation prend un sens davantage politique (vote de motions, soutien public à certains candidats, orientations nouvelles des discussions, etc.). [...]
[...] On assiste là à une normalisation d'une protestation populaire sous l'impulsion de ses éléments les plus politisés. Leur mode d'action se structure autour d'un double registre ruraliste et ouvriériste rhétorique d'opposition entre eux et nous qui serait un héritage d'une socialisation issue des usines et des organisations ouvrières de cette région à la forte conflictualité sociale. On retrouve une rhétorique anti-chef et ça notamment, à l'égard des dirigeants de la fédération des chasseurs, associés à des patrons fainéants et inefficaces, éloignés de la base enfin, ils opposent aussi leur chasse populaire à l'Europe des clercs D'un point de vue politique, cette contestation de l'Europe au nom de la défense de la chasse populaire a d'abord constitué un terrain favorable au PCF, qui s'implante dans le marais à partir surtout des années 1970 grâce notamment à l'activisme de ses militants au sein des associations de chasseurs. [...]
[...] Le Comité de défense des chasseurs de Brière est essentiellement animé par des ouvriers qualifiés par les membres de la fédération des chasseurs de voyous casseurs et terroristes Pour ces derniers, le recours à la violence est implicitement pensé comme légitime. Pour eux, La Brière, elle est en état de légitime défense par rapport à la directive oiseaux Une violence trouve son paroxysme lors de l'été 2001 avec notamment le massacre d'une centaine d'oiseaux protégés. Incendie d'engins, abattage d'arbres anciens. [...]
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