L'étude des pouvoirs, et des conflits générés par ceux-ci, a fait l'objet de nombreuses études. Nous nous intéresserons particulièrement aux travaux de Michel Crozier.
Il est parti de quelques constats qui l'ont amené à travailler sur la notion de pouvoir et de contre-pouvoir, ainsi que sur toutes les relations qui régissent ces comportements.
Il énonce notamment le fait que les hommes ne peuvent se passer de la notion de conformité ; c'est une protection qui leur permet de s'intégrer dans un milieu et de multiplier les contacts. Mais l'homme est ainsi fait qu'il ne saurait se plier totalement à la conformité qui lui est demandée par l'organisation dont il fait partie.
On peut donc dire qu'aucune organisation ne peut exister sans conflit, Crozier annonce même que les conflits ont un aspect positif.
Les décisions au sein d'une organisation, du fait des conflits et du manque de clarté, sont prises dans une atmosphère d'incertitude et d'ambiguïté. Dans ce cas, toute personne ayant une responsabilité doit savoir jouer avec deux contraintes : sa liberté et sa créativité, et contrairement à cela le fait qu'il doit rester proche de la conformité afin de ne pas choquer les acteurs de son organisation.
Le manager a donc pour rôle constant de faire des compromis pour assurer une « survie » à son organisation, une homogénéité qui assure de bonnes conditions de travail. Il doit toutefois se ménager les conditions nécessaires à la progression de sa propre carrière.
La difficulté qui apparaît alors sépare facilement les personnes qui ont assez de force, des plus faibles, et constitue ainsi le meilleur mode de sélection pour des postes de dirigeants. On choisira ainsi les managers les plus aptes à appréhender et modeler les conflits dans leur propre intérêt et dans l'intérêt de l'organisation.
Cependant, à la vue de ces éléments, il convient de distinguer deux perspectives du pouvoir :
- Une perspective socio-politique : le pouvoir est ici le résultat des inégalités de statuts qu'il engendre. Certaines personnes, par leur position, ont plus de pouvoir que d'autres. Le pouvoir se confond ainsi avec l'autorité.
Néanmoins, deux personnes ayant le même poste n'ont pas pour autant le même pouvoir, car elles peuvent exercer leur autorité de deux manières différentes. Le pouvoir en tant que tel se différencie donc de l'autorité car il se définit comme la façon d'interpréter le rôle qui est confié.
- Une perspective relationnelle : dans ce cas, le pouvoir résulte d'une relation entre deux personnes dont l'une dispose de ressources plus importantes que l'autre, entraînant donc sa dépendance.
Le pouvoir a donc une valeur plus large que celle d'autorité et s'apparente à un processus de négociation interpersonnelle.
Weber, dont Crozier s'est inspiré, a focalisé ses recherches sur l'autorité qu'il distingue du pouvoir : le pouvoir s'exerce par la contrainte ; l'autorité implique l'accord de ceux qui y sont soumis, elle se caractérise donc par sa légitimité.
Crozier a donc apporté une réflexion suivant des démarches théorique et empirique qui ont essayé de poser en termes concrets les problèmes relatifs au gouvernement des hommes.
Mais ce modèle a connu ses limites dans le sens où il ne permettait pas de comprendre les règles entre les différents types de pouvoirs. Le pouvoir n'est en fait pas unique, il est sujet à des confrontations, des échanges.
C'est pour cela qu'il a fallu développer une analyse synthétique et déductive pour mesurer les forces en présence et analyser le pouvoir dans son contexte et son environnement. Crozier a donc considéré les pouvoirs non plus comme un fait unique dépendant d'un acteur unique, mais d'un ensemble de relations entre individus et de processus qui justifient et placent dans un contexte particulier ces situations de pouvoir et les conflits qui s'y rapportent.
[...] C'est l'échange structurel déséquilibré de possibilités d'actions entre un nombre d'acteurs individuels et/ou collectifs. Cette définition montre plusieurs choses : - la nature relationnelle du pouvoir - des liens irréductibles entre pouvoir et (inter)dépendance, entre pouvoir et coopération (dimension instrumentale du pouvoir) - le pouvoir ne peut pas être imposé par ceux qui en détiendraient à ceux qui n'en ont pas Problème que suppose le pouvoir : Le problème essentiel que pose la notion de pouvoir est celui des conditions qui règlent la négociation entre des partenaires s'efforçant d'agir l'un sur l'autre. [...]
[...] Quant à l'analyse fonctionnelle, pour survivre, une organisation doit remplir des fonctions fondamentales. L'approche stratégique, elle, s'intéresse à ce qui se passe dans l'organisation. Les relations de pouvoir résultent des interactions des organisations. L'organisation est un ensemble d'acteurs, qui sont des individus, et qui disposent de contraintes et de ressources mais aussi des ressources informelles : les zones d'incertitude. Chaque acteur combine les ressources dont il dispose dans une stratégie pour améliorer sa place dans ses relations. Cette stratégie produit des conflits et des négociations ; cela constitue des relations de pouvoir. [...]
[...] Pouvoir et organisation : Crozier nous dit que le pouvoir suppose organisation. Cela signifie que le pouvoir n'apparaît plus seulement comme une relation mais comme un processus inséparable du processus d'organisation. Le pouvoir dépend finalement du contrôle qu'il peut exercer sur une source d'incertitude affectant la poursuite des objectifs de l'organisation. Crozier met en avant deux aspects importants mais contradictoires du pouvoir : - le pouvoir apparaît comme quelque chose d'inavouable - le pouvoir est honoré comme l'expression légitime du contrôle social La genèse de l'approche : Ses travaux reposent sur le concept de relations de pouvoir (Dahl et Emerson-1957/1962) : c'est un outil pour le management des interdépendances entre acteurs provenant des incertitudes qui pèsent sur leurs efforts et résultats collectifs. [...]
[...] On choisira ainsi les managers les plus aptes à appréhender et modeler les conflits dans leur propre intérêt et dans l'intérêt de l'organisation. Cependant, à la vue de ces éléments, il convient de distinguer deux perspectives du pouvoir : - Une perspective sociopolitique : le pouvoir est ici le résultat des inégalités de statuts qu'il engendre. Certaines personnes, par leur position, ont plus de pouvoir que d'autres. Le pouvoir se confond ainsi avec l'autorité. Néanmoins, deux personnes ayant le même poste n'ont pas pour autant le même pouvoir, car elles peuvent exercer leur autorité de deux manières différentes. [...]
[...] Depuis 1999, Michel Crozier est membre de l'Académie des sciences morales et politiques. II.3. Erhard FRIEDBERG (né en 1942) Autrichien de naissance, il a passé l'essentiel de sa carrière professionnelle en France. Diplômé de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris en 1966 et d'un doctorat en philosophie, mention sciences politiques en 1979, il a effectué de nombreuses recherches empiriques dans les domaines de l'industrie et des politiques publiques, notamment en comparant les systèmes d'éducation supérieurs français et allemands. Il est actuellement professeur de sociologie à l'IEP de Paris où il a la responsabilité du Master de recherche. [...]
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