La médecine entre les savoirs et les pouvoirs histoire intellectuelle et politique de la médecine française au XIXe siècle, Jacques Léonard, bien-être, progrès sanitaires, médecine politique, hygiène, anthropologie, morbidité, contagion, démographie, alcoolisme, prostitution, psychologie
S'il est un fait que tout le monde admet, c'est bien celui du rôle des progrès sanitaires et sociaux dans la diminution de la mortalité. Au XIXe siècle, on met particulièrement l'accent sur l'hygiène publique et privée. Dans cette optique, les médecins doivent, d'une part, convaincre les élites ; et d'autre part, transformer les mentalités. Il s'agit là de deux piliers de très grande importance dans la société, particulièrement concernant l'émergence de la médecine moderne. Va alors se développer tout un discours centré autour d'une toute nouvelle valeur : le bien-être. Bien-être à la fois matériel et psychique. On va alors parler de "médecine politique", ce qui souligne une fois encore la place fondamentale que prend la médecine au sein de la société.
[...] On pourrait alors parler de deux types de médecine. La première axée sur la richesse et qui fait de ce paramètre le facteur déterminant de la confiance accordée au médecin. La seconde, ou médecine des pauvres, qui permet la mise en place d'une réputation, d'un mérite certain (voir une clientèle chez les riches aussi Remarquons qu'avec l'entrée dans l'ère industrielle, la médecine va avoir du mal à devenir un service public. Léonard clôturera son texte avec la mise en avant d'une dernière notion : la solidarité sociale. [...]
[...] Dans ce but, les hygiénistes veulent « compter et prouver », c'est-à-dire utiliser des statistiques et toutes données chiffrées dans un but de justification scientifique. Ils arrivent alors généralement à l'expression de solutions de prévention. C'est ainsi qu'une philosophie « progressiste » a vu le jour, cherchant à promouvoir aisance, instruction et santé. (Mêlier, Villermé, Parent- Duchâtelet, Lévy, Tardieu Certains de ces hygiénistes vont même jusqu'au prêche moralisateur, usant des notions de liberté et responsabilité. (on a d'ailleurs vu combien la notion de liberté a joué dans la défense de l'anti-contagionisme). [...]
[...] J'ai évoqué ici le problème des villes et du logement des populations, mais on pourrait multiplier les exemples. Pour certains, la ville est un facteur de débauche constitutif de nombreux dangers : l'alcoolisme, la prostitution . avilissant de plus en plus les populations, et influant négativement sur les bonnes mœurs. Et ainsi de suite. Les autorités administratives vont ainsi commander auprès des hygiénistes des enquêtes sur les établissements insalubres. On peut commencer à ressentir à travers cela la présence d'un état de plus en plus présent. [...]
[...] Ils sont toujours obnubilés par « l'arriération des campagnes », et les causes encore présentes d'accidents du travail et maladies professionnelles. C'est ainsi qu'on va avoir tendance à insister sur le rapport liant la misère et la prédisposition aux maladies ainsi qu'aux fléaux sociaux. Il y a une inégalité de fait des plus pauvres face à ces « dangers ». C'est pourquoi, au nom de la prudence civique, la bourgeoisie se doit de contribuer à l'amélioration de l'hygiène et de la condition de vie des classes moins aisées. [...]
[...] Cela permet de mieux comprendre les textes médicaux relatifs à la prostitution. À cet égard, trois problèmes majeurs vont être révélés : - l'augmentation du nombre des « files de noce ». - l'augmentation de la galanterie clandestine. - le progrès des maladies vénériennes. D'où le grand problème du moment : la syphilis et les menaces qu'elle fait peser sur l'avenir. Elle engendre d'une part de terribles séquelles, mais il semble qu'elle puisse être de nature héréditaire (syphilis des nouveau- nés), entrainant des dégénérescences physiques et psychiques. [...]
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