En 1845, Max Stirner publie un livre qui reste un brûlot dans l'histoire de la philosophie et qui pourrait aujourd'hui renaître à l'heure où les pays occidentaux prônent, non sans réticence et frilosité, ce que L'Unique et sa propriété cherche à promouvoir : l'individualisme.
Consiséré comme le précurseur de toutes les pensées qui se disent anarchistes, Stirner fut le contemporain et le contradicteur de la gauche hégélienne de Berlin à la brasserie Hippel, lieu de rendez-vous du cercle des "Affranchis". C'est au contact de Ludwig Feuerbach, Bruno Bauer et Engels que se forme l'individualisme radical stirnérien. Pour Henry Arvon, "rarement un livre a été plus mal compris que L'Unique et sa propriété. Ce n'est pas comme on l'a dit, une sorte de « comète philosophique » dont on ignore l'origine et qui ne fait partie d'aucune constellation, mais le produit, étonnant sans doute mais non moins authentique, de l'hégélianisme parvenu à la fin de sa course effrénée." Une course qui mène à une révolte intérieure de chaque instant contre tous les dogmatismes et toutes les idéologies dont le but est la négation de l'individu au profit d'un être supérieur, que cet être soit Dieu, la Société, l'Homme ou bien l'Etat. La pensée de Max Stirner est aujourd'hui plus salutaire que jamais, après un 20ème siècle qui a produit les régimes totalitaire les plus inhumains et au seuil d'un 21ème siècle qui voit resurgir l'extrémisme d'une idéologie religieuse radicale et aliénante.
[...] Fourier, Marx, Proudhon au-delà de leurs divergences, s'entendent sur un point fondamental dans leur pensée : la propriété c'est le vol Abolissons donc la propriété personnelle : que personne ne possède plus rien, que chacun soit un gueux ; que la propriété soit impersonnelle et appartienne à la société. Mais Stirner demande : qu'est-ce que la société ? Ce n'est certainement pas Moi. C'est un nouvel être supérieur encore une idée fixe Le libéralisme politique a instauré l'égalité des personnes, l'inégalité des biens demeure. [...]
[...] [Le Sceptique] laisse ce monde vide de vérité tel qu'il est, sans se soucier de lui. Ainsi, l'Antiquité en elle fini avec le monde des choses Max Stirner en a lui-même terminé avec ce monde antique si vivant ; un monde pour lequel il a manifestement une tendresse, un peu comme un adulte peut regarder avec nostalgie un enfant. Mais il est temps pour lui de s'attaquer à ce qu'il entend détruire : la modernité et plus particulièrement l'esprit chrétien. [...]
[...] Voulant vivre, il n'a d'autre choix que d'appréhender le monde qui l'entoure. Or à quoi tient cette volonté de vivre si ce n'est à un égoïsme fondamental ? L'égoïsme des penseurs de l'état de nature : Thomas Hobbes, John Locke et bien évidemment Jean-Jacques Rousseau. Ce dernier fait de l'égoïsme le premier moteur de l'action humaine, et toute son œuvre est tournée vers le moyen de canaliser cet égoïsme pour en faire une qualité citoyenne afin d'établir une cité stable. [...]
[...] Tous imposent qu'on leur voue adoration et soumission pour leur réalisation propre. Qu'en conclure si ce n'est que l'Egoïste a la meilleure part ? Et qu'il faut être moi-même l'Egoïste Dès les premières pages, Max Stirner tient à préciser ce qu'il entend par égoïsme. L'égoïsme c'est la volonté de réalisation propre de l'individualité, la cause de toute action. Jean Préposiet parle de la réduction stirnérienne[6]. Il s'agit bien là d'une réduction. Une réduction à ce que la vie nous offre de plus évident : Moi. [...]
[...] Cependant, l'homme antique rentre dans une profonde contradiction. Car il croit toujours en cette vie sur Terre, il cherche la vie. C'est dans cette vie que sont ses désirs de gloire, de bonheur, de jouissance. Que recherche donc l'Antiquité ? La véritable jouissance de la vie, le plaisir de vivre ! Max Stirner cite le poète grec Simonidès : Pour un mortel, la santé est le plus noble des biens, après elle vient la beauté, puis une richesse acquise sans fourberie ; quant au quatrième, ce sont les plaisirs et les jouissances d'une société d'amis jeunes C'est ce que Stirner nomme l'eudémonisme, une doctrine qui aspire au bien-être sous ses formes les plus diverses ; et ce que rechercheront les écoles de philosophie issues de Socrate. [...]
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