Lorsque l'on parle de l'Asie et de la démocratie, immédiatement me vient à l'esprit ce que l'on appelle « la plus grande démocratie d'Asie », c'est-à-dire l'Inde. Avec une telle appellation, riche de promesses, on s'attend à un véritable modèle de la démocratie en Asie, un modèle à la fois capable de s'intégrer dans le contexte de ce que certains nomment « des valeurs asiatiques » et qui peut s'appliquer à une population de plus d'un milliard d'indiens. Mais en observant la situation d'un peu plus près, on se rend compte qu'en Inde perdure un système vieux de trois mille cinq cent ans, celui des castes : phénomène ô combien inégalitaire. Alors l'espérance envers un modèle asiatique de la démocratie se transforme en confusion : comment la démocratie peut-elle cohabiter, au sein d'un même pays, avec le système inégalitaire des castes ? C'est cette interrogation qui a motivé mon choix pour ce texte, extrait d'un livre de Max-Jean Zins intitulé Inde : un destin démocratique. Le passage choisi est tiré du chapitre traitant des paradoxes de la démocratie indienne.
[...] Exemple : un individu ne se préoccupera pas de sa sécurité tant qu'il n'aura pas satisfait ses besoins physiologiques. Dans le cas de la participation aux élections en Inde, la théorie de Maslow ne se vérifie pas. Le vote est une action qui manifeste une aspiration de reconnaissance sociale, voire d'estime du groupe (la caste). Or les personnes qui participent le plus aux élections sont aussi les plus démunis, autrement dit, celles qui souvent arrivent à peine à satisfaire leurs besoins physiologiques et de sécurité. Ces dernières placent leurs espoirs dans le vote pour améliorer leur quotidien. [...]
[...] A travers une meilleure représentation politique de leur caste, elles espèrent une évolution de leur statut dans la société indienne (besoins sociaux). C'est également à travers une reconnaissance sociale que les besoins physiologiques et de sécurité peuvent être satisfaits. La hiérarchisation des besoins selon Maslow ne s'applique donc pas au cas indien et prouve combien nos modèles occidentaux conviennent mal à l'Asie. La théorie de Maslow en est un bon exemple puisqu'elle s'appuie sur un point de vue individuel au sein d'un groupe et non sur le cas d'une collectivité au sein d'une société. [...]
[...] Parallèlement, les castes les plus pures souvent plus aisées, prennent moins la peine de se déplacer aux urnes. Ce sont donc avant tout les conséquences du système des castes, à savoir des conditions de vie inégalitaires, qui poussent les plus démunis à aller voter. Ensuite l'auteur s'interroge sur les conséquences de ce phénomène de la castéisation de la politique dans le paysage social indien, dont la principale serait une nouvelle définition de la caste, avec un sens plus politisé reflétant mieux les besoins de reconnaissance sociale des groupes, sans pour autant compter sur une grande transparence, car les différences d'aspirations entre les individus sont trop nombreuses et trop complexes pour se limiter à l'équation 1 caste = 1 parti politique Castes vs démocratie A travers cette castéisation de la politique, l'auteur cherche à nous démontrer que la caste n'est pas antidémocratique mais qu'elle est au contraire un instrument de la démocratisation en Inde. [...]
[...] C'est ainsi que les castes servent la mobilisation politique en faveur de la démocratie. Cependant ces tensions n'ont pas seulement lieu entre basses et hautes classes comme on pourrait s'y attendre. Les conflits d'intérêts sont également très présents au sein même des OBC comme l'auteur le mentionne, et les représentants des hautes castes ont tendance à jouer sur ces différences pour mieux diviser ces autres classes arriérées qui, si elles s'alliaient, constitueraient une véritable menace pour l'élite indienne composée essentiellement de membres de haute caste. [...]
[...] Max-Jean Zins : La castéisation de la politique en Inde (Inde : un destin démocratique) Lorsque l'on parle de l'Asie et de la démocratie, immédiatement me vient à l'esprit ce que l'on appelle la plus grande démocratie d'Asie c'est-à- dire l'Inde. Avec une telle appellation, riche de promesses, on s'attend à un véritable modèle de la démocratie en Asie, un modèle à la fois capable de s'intégrer dans le contexte de ce que certains nomment des valeurs asiatiques et qui peut s'appliquer à une population de plus d'un milliard d'indiens. [...]
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