Maurice Agulhon, Marianne au Combat 1789-1880, Marianne au Pouvoir 1880-1914, Les métamorphoses de Marianne de 1914 à nos jours. Réflexions sur « l’imagerie et la symbolique républicaine »

Résumé du document

Marianne est née de la Révolution française de 1789, en opposition aux emblèmes et symboles monarchiques. Elle était représentée, accompagnée de son bonnet phrygien, en femme nourricière des libertés et de la République. Mais depuis 1789 jusqu'à nos jours, le symbole de Marianne a évolué, selon les régimes, les politiques et les mentalités. Cette évolution de la symbolique politique est le projet de Maurice Agulhon dans ses trois ouvrages Marianne au combat, Marianne au Pouvoir et les Métamorphoses de Marianne. On peut en réalité se demander dans quelle mesure la représentation de la République est restée distincte au cours de ces deux siècles et de quelle manière la République s'est confondue, dans ses symboles, avec la France, la Nation mais aussi la Patrie. Si la République s'est établie comme le nouveau régime instauré et un « changement de décor » selon Maurice Agulhon, Marianne a eu un rôle d'unificatrice de la nation par une large diffusion de son symbole, et ses évolutions suivent les régimes et les mentalités.

Extraits

[...] Dans un royaume, l'Etat peut avoir au moins deux images : une effigie du souverain régnant et une image allégorique de la nation, comme la reine Victoria et Britannia par exemple. En République, il n'existe pas d'image du souverain, qui change fréquemment. De même la modestie démocratique et le système constitutionnel empêchent le souverain d'être l'acteur principal de la politique. A la suite de la proclamation de la IIIème République, le 4 septembre 1870, le gouvernement provisoire était collégial. On s'est demandé en réalité quel symbole afficher pour représenter la République, du fait de l'absence d'un unique chef de l'Etat. [...]

[...] Etant donné que les prénoms de saints tels que Marie, Madeleine, Jean et Joseph étaient très répandus chez les gens du peuple, alors que les élites portaient des noms moins connus comme Hercule ou Alexandre, sous la Révolution, le prénom Marianne a été utilisé pour dire que la Révolution Française a mis les basses classes au pouvoir. Marianne faisait plus populaire. Jusqu'à 1848, le culte de Marianne fut souterrain. Le combat des régimes, entre républiques, empires et monarchies entraîne une lutte des symboles, surtout des drapeaux : drapeau blanc versus drapeau tricolore. [...]

[...] A partir de 1848, Marianne prend une place très importante dans la symbolique politique. Marianne ne représente plus seulement la République, la liberté et la révolution, mais aussi l'égalité, la fraternité, le travail, le commerce et la paix. La Marianne a une résonance populaire et socialisante. Deux nouveaux symboles viennent s'ajouter aux représentations visuelles : le lion et le soleil. On parle désormais de la déesse de rite et de culte Mais de 1849 à 1851, Marianne substitue son bonnet phrygien, symbole de liberté et de révolution, pour une couronne de lauriers ou d'épis. [...]

[...] Maurice Agulhon, Marianne au Combat 1789-1880, Marianne au Pouvoir 1880- 1914, Les métamorphoses de Marianne de 1914 à nos jours. Réflexions sur l'imagerie et la symbolique républicaine Marianne est née de la Révolution française de 1789, en opposition aux emblèmes et symboles monarchiques. Elle était représentée, accompagnée de son bonnet phrygien, en femme nourricière des libertés et de la République. Mais depuis 1789 jusqu'à nos jours, le symbole de Marianne a évolué, selon les régimes, les politiques et les mentalités. [...]

[...] D'après Maurice Agulhon, on a pu observer un culte de Marianne. Dans les villes comme dans les villages, on assiste à des défilés où le buste de Marianne est mis en avant du cortège pour fêter la République. De même pendant le second Empire, le culte de Marianne a été maintenu dans des sociétés secrètes. Dans un autre ouvrage, la République au village, Maurice Agulhon explique que la République s'inscrit par de nouvelles traditions dans le village. On peut ainsi parler de sentiment d'appartenance : la République avec les bustes de Marianne par exemple, permet d'unir la population autour de traditions. [...]