Marx avait 25 ans. Sur la question juive a été publié au printemps 1844 à Paris, dans l'unique numéro des Annales franco-allemandes, cet article marque un moment crucial de sa mue intellectuelle et politique. En 1842, Marx publie ses premiers articles dans La Gazette Rhénane, puis en devient l'éditeur. La Gazette cesse de paraître en 1843 (lois de censure de Frédéric-Guillaume IV)
Marx se marie en 1843 à Kreuznach, où il rédige pendant l'été le manuscrit dit « manuscrit de Kreuznach » : il y règle ses comptes avec la philosophie du droit de Hegel, et réfléchit à son incapacité à résoudre la question du rapport de la société civile et bourgeoise à l'Etat.
Il est impossible de comprendre la portée du texte sur la question juive sans contextualiser cet article. Il faut comprendre dans quel cadre intellectuel et historique il se place, pour saisir à la fois le projet de Bauer et la réponse de Marx. Par ailleurs, il serait insuffisant de se concentrer sur la première partie du texte, uniquement sur la question de l'émancipation ; il faut lire le texte entièrement, la deuxième partie dont le caractère anti judaïque pose problème.
[...] Lorsqu'il prétend parler de politique, le théologien Bauer s'occupe non de politique mais de théologie. Pour Marx il n'existe plus d'intérêts religieux en soi de religion en tant que religion mais d'une situation réelle du judaïsme dans la société bourgeoise d'aujourd'hui car les questions religieuses ont une signification sociale (Contre l'abstraction hégélienne) Quand l'aliénation religieuse s'enracine dans l'aliénation politique et sociale, il ne suffit plus d'émanciper l'Etat de la religion par une réforme de la conscience, il faut désormais s'émanciper du fétichisme de l'Etat par la lutte politique. [...]
[...] La Gazette cesse de paraître en 1843 (lois de censure de Frédéric-Guillaume IV) Marx se marie en 1843 à Kreuznach, où il rédige pendant l'été le manuscrit dit manuscrit de Kreuznach : il y règle ses comptes avec la philosophie du droit de Hegel, et réfléchit à son incapacité à résoudre la question du rapport de la société civile et bourgeoise à l'Etat. Il est impossible de comprendre la portée du texte sur la question juive sans contextualiser cet article. Il faut comprendre dans quel cadre intellectuel et historique il se place, pour saisir à la fois le projet de Bauer et la réponse de Marx. Par ailleurs, il serait insuffisant de se concentrer sur la première partie du texte, uniquement sur la question de l'émancipation ; il faut lire le texte entièrement, la deuxième partie dont le caractère antijudaïque pose problème. [...]
[...] La thèse d'E. de Fontenay : Là où Marx veut faire éclater à coups de marteau l'idéalisme hégélien, on s'imagine qu'il pourfend les Juifs. Prendre au mot ce texte, n'être sensible qu'à son apparence antisémite, c'est confondre celui auquel s'adresse la critique, Bauer, avec ce sont il s'agit dans la critique, les Juifs. La surenchère verbale chez Marx aide à amorcer le passage du libéralisme au communisme, à abandonner le point de vue de l'homme abstrait et à tenter une analyse réellement historique et réellement matérialiste. [...]
[...] Traduisons dans la langue de la critique de l'économie politique : l'émancipation sociale du juif sera l'émancipation de la société libérée du capitalisme dont le Marx de 1843 n'a pas encore produit le concept Sur la question juive, un texte antisémite ? C'est la thèse très discutée de Misrahi. Il démontre une dialectique judaïsme / bourgeoisie en trois temps : 1. La religion juive est comme un polythéisme pratique, la religion dont le Dieu est l'argent. l'argent est le dieu jaloux d'Israël, devant qui nul autre Dieu ne doit subsister 2. [...]
[...] En un sens Marx ne fait qu'habiller à la nouvelle mode un ancien fantasme antisémite, le juif comme avarice. La Question juive ne serait-elle qu'un appel au meurtre, un appel au génocide ? La thèse de Daniel Bensaïd : Marx préconise la fin indispensable et inéluctable des juifs ? Il faudrait dire que Marx prévoit le dépérissement de l'aliénation religieuse et des appartenances confessionnelles, comme conséquences probables de l'émancipation humaine. A la lumière crépusculaire du judéocide, cette lecture orientée a les accents d'un procès. [...]
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