Directeur de recherche au CNRS, à la tête du Laboratoire d'Anthropologie des Institutions et des Organisations Sociales, Marc Abélès a travaillé sur le statut du pouvoir politique, la manière dont il s'institutionnalise, les espaces qu'il circonscrit, les rituels qu'il mobilise.
Dans « Un ethnologue à l'Assemblée », il poursuit son travail d'immersion ethnologique au sein des institutions politiques. Après Le lieu du politique (1983), Jours tranquilles en 89. Ethnologie politique d'un département français (1989), La vie quotidienne au Parlement européen (1992), Approche anthropologique de la Commission européenne (1993), c'est à l'Assemblée nationale qu'il s'installe, durant la session 1998-1999, pour observer ce que Laurent Fabius appelle le « village bourbonien ».
Marc Abélès a arpenté pendant un an les méandres du Palais-Bourbon. Grâce à des notes qu'il a prises au cours des séances, des entretiens ou des flâneries dans les couloirs, il a pu produire une étude très sérieuse sur cette « tribu ». Il va s'interroger sur les mœurs et les coutumes du député français, en les étudiant exclusivement à l'intérieur du Palais Bourbon et de ses dépendances, omettant volontairement les retours en province des députés pour renforcer l'idée de « village ».
L'œil original de l'ethnologue permet de porter un regard neuf sur nos institutions et leur fonctionnement. Pour Marc Abélès, « cette institution est au cœur de la vie politique ; elle concentre en elle une tradition bi-séculaire : analyser ce qui s'y passe et ce qui s'y pense, n'est-ce pas le moyen d'en apprendre un peu plus sur la manière dont la société française vit et conçoit son rapport à la politique et à la démocratie ? Loin d'être une tribu à part, les députés sont l'expression d'une réalité englobante. L'Assemblée Nationale, c'est nous ! Tel est le présupposé simple qui guide mon explication ».
Après un résumé de l'ouvrage, dans une première partie, nous en ferons une analyse critique dans une deuxième partie.
[...] Marc Abélès note que dans l'hémicycle, les parlementaires peuvent évoluer librement mais ne doivent pas tourner le dos au Président. Les ministres, quant à eux, ne doivent pas quitter leur banc, et les députés n'ont pas le droit de s'arrêter au banc des ministres. Le port de la cravate est obligatoire pour les hommes. Les tenues correctes sont exigées pour les hommes et les femmes. Le culte du précédent Le règlement est la bible des députés Il permet au Président d'utiliser tous les artifices de la procédure selon son bon vouloir. [...]
[...] Mais dans ce temple où la Loi qui ne vaut que par l'écrit, l'informatique se heurte à beaucoup de réticences. Communiquer, communiquer L'Assemblée doit s'ouvrir, d'où une inflation en matière de communication et d'information : retransmissions télévisuelles, journées porte ouvertes, expositions . De plus, dans le cadre des élections, il est important de faire parler de soi. Cependant, Marc Abélès remarque que seuls les grands ténors arrivent à intéresser la télévision. La course à l'image Les parlementaires ont bien compris l'intérêt que représentent les médias. [...]
[...] Presque tous les députés se tutoient. Et même si les relations sont superficielles, on a la sensation d'être dans une communauté. Mais on ne parlera pas d'esprit de corps tant les députés se distinguent les uns des autres. Indemnités et réalités Marc Abélès évoque l'indemnité du parlementaire, et les règles d'incompatibilités. Il remarque qu'en considérant le revenu net des parlementaires, ils ne constituent pas une classe de nantis et s'apparentent à la classe moyenne des fonctionnaires. Mais il existe plusieurs mondes parmi les parlementaires. [...]
[...] Le PACS sera signé au Tribunal de Grande Instance et non en Mairie. Pour le Gouvernement, il s'agit de d'octroyer des droits à 5 millions de Français qui vivent en couple, sans se marier. Des différences se font jour au sein de l'opposition qui veut éviter d'apparaître vieux jeu Christine Boutin (RPR) est la porte parole du lobby familialiste et catholique, alors que Roselyne Bachelot (RPR) quant à elle, toujours milité pour la reconnaissance des couples homosexuels. Commentaires de texte Marc Abélès expose ensuite le travail en commission des Lois. [...]
[...] La logique de groupe bat son plein et les parlementaires sont muselés dans des logiques de partis. Les députés seraient presque plus heureux dans l'opposition, où ils s'expriment plus librement, que dans la majorité. Moderniser l'institution ? Marc Abélès nous montre qu'à l'initiative des Présidents, la modernisation est à l'ordre du jour : télévision, informatisation, .Le non-cumul des mandats est évoqué et pourrait permettre aux parlementaires d'exercer pleinement leur mission législative. La modernisation des pratiques électives serait également un moyen de restaurer le lien entre les élites politiques et les citoyens Pour l'auteur les hommes politiques se sont enfermés dans la spirale de la communication. [...]
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