Dans son ouvrage Principes du gouvernement représentatif, Bernard Manin, directeur de recherche au CNRS, professeur à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris, s'attache à étudier la naissance des démocraties représentatives selon un postulat simple : l'une des caractéristiques des démocraties modernes est le rôle central conféré au principe électif, par opposition aux démocraties directes dont Athènes était le modèle par excellence. Or comment, et pourquoi, a pu s'effectuer ce passage vers un nouveau mode de gouvernement ? Quels en sont les traits essentiels ? Assistons-nous actuellement à une crise de la représentation ?
[...] Plus encore, la pratique a montré combien leur rôle a pu être déterminant à des moments-clés de l'histoire athénienne. Or l'ensemble de ces corps de magistrats, en dehors de l'Ekklèsia, se composait de citoyens tirés au sort. La problématique apparaît donc d'elle-même : pourquoi les Athéniens portaient-ils leur préférence sur le tirage au sort plutôt que sur l'élection ? Manin rejette d'emblée une analyse religieuse de ce comportement. Le sort n'était donc pas perçu comme la révélation de la volonté divine, ce qu'avait pu affirmer Fustel de Coulanges au XIXème siècle. [...]
[...] Bernard Manin s'interroge donc sur les modalités qui règlent les rapports entre gouvernants et gouvernés. Tout d'abord, il est un fait que les démocraties modernes ont dès le début écarté deux principes : les mandats impératifs et la révocabilité permanente des élus. L'indépendance des élus (en dépit, bien évidemment, du risque politique de trahir une promesse) est donc très largement acquise. La liberté de l'opinion publique, néanmoins, est un garde-fou, qui permet au peuple de faire entendre un avis collectif différent de celui des gouvernants. [...]
[...] Manin (Bernard), Principes du Gouvernement Représentatif Introduction Dans son ouvrage Principes du gouvernement représentatif, Bernard Manin, directeur de recherche au CNRS, professeur à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris, s'attache à étudier la naissance des démocraties représentatives selon un postulat simple : l'une des caractéristiques des démocraties modernes est le rôle central conféré au principe électif, par opposition aux démocraties directes dont Athènes était le modèle par excellence. Or comment, et pourquoi, a pu s'effectuer ce passage vers un nouveau mode de gouvernement ? Quels en sont les traits essentiels ? Assistons-nous actuellement à une crise de la représentation ? I. De la démocratie directe . Le point de départ de l'ouvrage consiste en une reprise de l'analyse traditionnelle de la désignation des gouvernants à Athènes. [...]
[...] On pourrait à ce propos regretter que l'auteur ne s'engage pas plus avant dans cette rhétorique, mais tel n'est sans doute pas l'objet d'un “traité” de gouvernement. Peut-être, conclut astucieusement Bernard Manin, doit-on voir dans le gouvernement représentatif le modèle de constitution mixte loué par les Anciens. Pour autant le risque demeure que ce système politique équilibré et balancé ne soit déstabilisé par l'influence croissante des médias et de l'image, vers une quatrième métamorphose, celle que d'aucuns perçoivent comme la tyrannie de l'opinion. [...]
[...] Un certain nombre de facteurs semblent fournir une réponse satisfaisante. Le rôle des préférences de personne, tout d'abord, qui repose uniquement sur l'opinion des citoyens ; la dynamique d'une situation de choix, ensuite, puisque élire c'est choisir et qu'entre tous les candidats l'attention se porte naturellement sur celui qui possède des qualités spécifiques, qui est jugé supérieur d'une façon ou d'une autre. Enfin les contraintes cognitives et les coûts de diffusion de l'information, que l'on peut lier ensemble, sont essentielles car pour être élu il s'agit de se faire connaître, d'où un biais distinctif (par la célébrité, ou la fortune nécessaire pour financer les campagnes électorales). [...]
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