Quelle, manière, régionalisme, appliqué, continent, européen, modifié, structures, valeurs, comportements, sociopolitiques
Au rang des phénomènes nouveaux caractéristiques de la modernité au sein de l'espace mondial, le régionalisme en tant qu'idée nouvelle d'organisation du territoire et des populations, et plus particulièrement son actualisation la plus aboutie, l'Union Européenne, tiennent sans nul doute une place décisive : des Etats jusqu'alors souverains indiscutés en leurs territoires et sur leurs populations acceptent de s'unir au prix de cette souveraineté, selon une forme absolument inintelligible par le droit international public "traditionnel" ou "classique". L'Union Européenne semble ainsi imposer son propre paradigme épistémologique, faits de règles et d'objets radicalement nouveaux ; tout le problème réside alors dans ce que ce paradigme est lui-même fonction des évolutions de cette nouvelle forme politique de l'Europe, ce qui fait dire en substance à ses analystes que l'Europe "se pense en se construisant". Mais l'Europe ne prête-t-elle véritablement à l'étude que ses propres incertitudes - telle impermanence étant un obstacle de fait radical à sa conceptualisation - ? Rien n'est moins sûr : si les analyses qui se donneraient pour fin de définir ce qu'est l'Union Européenne semblent vouées à l'aporie, n'ayant pour ressources qu'une forme actuelle donnée pour intermédiaire et temporaire, et des objectifs dont rien n'indique la réalisation certaine dans l'avenir, celles qui se proposent de voir ce que fait l'Union nous paraissent plus heuristiques. De cette seconde catégorie relèvent explicitement les travaux qui ont été retenus pour cette étude croisée : Le droit de l'intégration, de Pierre Pescatore1 ; La Raison des Nations, de Pierre Manent2 ; Le gouvernement de l'Union Européenne : Une sociologie politique, d'Andy Smith3.
[...] De fait, les institutions qui pourraient jouer ce rôle selon Smith - les Parlements et les média3 - contribuent au contraire à la "dépolitisation mode de gouvernement [de l'Union]", en relayant une image technocratique du policy-making ; la socialisation politique verticale, entre les dirigeants formels de l'Union et les populations, n'est donc pas atteinte : le système et le corpus de valeurs qui le sous-tend demeure, non pas opaque, mais "illisib[le]"4. Le second type de problèmes, d'ordre théorique, est encore plus 1. [...]
[...] cit., p.34 se propose de les dépasser en se fondant sur les acquis en termes de méthode de la sociologie politique : le pouvoir au sein de l'Union Européenne doit être analysé sous le rapport de "la formulation et traitement de problèmes européens auxquels contribuent une multitude d'acteurs, de nature, d'importance et de fonction variables. C'est alors à un véritable "gouvernement", et non une vague gouvernance, que nous avons affaire ; en réalité, l'étude sociologique de l'intégration européenne permet d'appliquer au concept de souveraineté dans les relations internationales la même analyse que celle déjà réalisée par la science politique dans le cadre infraétatique : elle oblige à considérer l'Union "comme un seul gouvernement composé de tous les acteurs et organisations" qui participent à répondre aux problèmes publics. [...]
[...] La légitimité n'est donc plus comprise comme fondée sur une représentation démocratique exprimée selon les règles du droit, mais comme respect de valeurs transcendantes censées emporter l'adhésion universelle, et "la gouvernance démocratique ressemble à un gouvernement représentatif qui ne gouverne pas et ne représente plus" ; Andy Smith y reconnaît à son tour la cause du déficit pratique de légitimité de l'Union : il observe "une 1. SMITH, Andy, op. cit., p MANENT, Pierre, op. cit., p SMITH, Andy, op. [...]
[...] "Regard croisé sur trois ouvrages" Fiche de lecture d'Adrien Aulas Au rang des phénomènes nouveaux caractéristiques de la modernité au sein de l'espace mondial, le régionalisme en tant qu'idée nouvelle d'organisation du territoire et des populations, et plus particulièrement son actualisation la plus aboutie, l'Union Européenne, tiennent sans nul doute une place décisive : des Etats jusqu'alors souverains indiscutés en leurs territoires et sur leurs populations acceptent de s'unir au prix de cette souveraineté, selon une forme absolument inintelligible par le droit international public "traditionnel" ou "classique". [...]
[...] Ceci ne m'empêche pas d'avouer la dette de reconnaissance que je dois aux économistes et aux politologues dont la fréquentation a le don d'élargir considérablement nos perspectives juridiques"4. 1. MANENT, Pierre, op. cit., p Ibid., p Ibid., p PESCATORE, Pierre, op. [...]
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