Jacobo Machover a quitté Cuba en 1963, 4 ans après l'instauration du régime de Fidel Castro. Un régime qui perdure depuis 50 ans et qui fait aujourd'hui du « Comandante en jefe » le dirigeant en activité ayant conservé le pouvoir le plus longtemps de tout le XXe siècle, devant Mao Zedong, Tito, Franco et Salazar, succédant à Kim Il Sung qui avait dirigé la Corée du Nord pendant 45 ans.
La longévité est l'un des paramètres essentiels du régime cubain, voire le paramètre primordial, ce qui explique que Jacobo Machover ressente la nécessité de remonter à l'origine du régime pour démêler les fils embrouillés de ce « totalitarisme tropical ».
Et surtout à l'heure où l'après Castro se prépare, à l'heure où les cubains et la communauté cubaine en exil rêvent à une ouverture du régime, Jacobo Machover souhaite montrer quelle réalité se cache derrière le « pseudo romantisme » de la révolution cubaine.
L'auteur souhaite faire de son ouvrage, une lecture ouverte au grand public et non uniquement réservée à quelques lecteurs spécialistes de Cuba ( Cubanistes ou Cubanologues).
Le texte s'adresse à ceux qui s'intéressent à l'histoire de Cuba et à celui qui détient le pouvoir depuis plus de 50 ans appelé Lider Maximo par les anti-castristes et El Comandante en Jefe ou tout simplement Fidel par les pro-castristes.
Jacobo Machover souhaite faire partager son point de vue sur l'histoire de Cuba depuis sa position d'homme vivant en exil loin de son pays.
Le titre de l'ouvrage « Cuba, totalitarisme tropical » nous en dit déjà long, il est éloquent tout en étant ambigu. Jacobo Machover veut souligner par là le caractère très particulier de ce régime totalitaire. Un régime totalitaire tropical. Il joue avec les mots dans son titre. Tropical puisque Cuba est une île des caraïbes qui jouit d'un climat tropical mais surtout par tropical il entend surtout évoquer la spécificité de ce régime totalitaire. Le titre, auquel a été adjoint l'adjectif « tropical » pourrait aussi laisser sous entendre une idée plus heureuse, plus gaie, du totalitarisme cubain. En fait, le régime cubain se cache derrière des habits festifs.
La structure du récit est essentiellement organisée de façon chronologique. J. Machover nous retrace l'histoire du castrisme de son point de départ avec l'attaque de la Caserne Moncada à Santiago de Cuba le 26 juillet 1953 en passant par la prise du pouvoir le 1er janvier 1959 et la vie du régime castriste jusqu'en 2003.
Comme il s'agit d'un texte écrit pour le grand public, contre le régime instauré par Fidel Castro, on n'y trouve pas une argumentation fine et en nuance appuyée par de véritables chiffres. L'ouvrage est peut être parfois trop précis dans l'évocation de situations anecdotiques et souvent trop synthétique dans la présentation de problèmes cruciaux.
De plus J. Machover a du s'exiler de son pays d'origine et son argumentation est certainement biaisée à la fois par sa condition d'exilé et sa position anti-castriste.
Le fait qu'il ne vive pas lui même à Cuba fait de lui un « étranger » à son pays ; si il connaît la vie là bas, ce n'est qu'au travers de témoignages, par les médias ou par la vision de cubains quelques anti-castristes ou exilés.
Néanmoins l'auteur décrit avec clairvoyance les mécanismes pervers d'un régime apparemment inaltérable.
En s'appuyant sur des témoignages qu'il a recueilli mais qui sont à prendre avec précaution dans la mesure où on le sait dans tout régime dit totalitaire la liberté d'expression n'existe pas et ou pour citer J. Machover lorsqu'il parle du souhait des cubains d'aspirer à une vie meilleure : « à la recherche d'une vie meilleure où l'on aura plus à répéter exactement le contraire de ce que l'on pense, même au sein de sa famille, de peur d'être dénoncé par ses propres enfants » .
J. Machover va démontrer qu'avant de devenir un système, le castrisme s'est fondé autour du pouvoir d'un seul homme qui a su développer autour de lui des représentations lui permettant de survivre au delà de bien des changements planétaires et environnementaux et de durer dans le temps et dans l'espace.
J. Machover revient sur l'histoire de Fidel Castro avant sa prise du pouvoir le 1er janvier 1959 après avoir renversé la dictature de Fulgencio Batista.
Il va expliquer comment, dès le départ, Fidel Castro a su mettre en scène ses moindre faits d'armes pour en faire des batailles légendaires, jusqu'à la prise du pouvoir en 1959, sorte d'apothéose extatique qui donne à l'épopée castriste un caractère quasi messanique.
Selon J. Machover tout au long de son parcours Fidel Castro a su transformer ses défaites en victoires.
L'attaque de la caserne Moncada du 26 juillet 1953 préparée par Castro et environ 150 de ses partisans se solde par un échec sanglant. Beaucoup sont arrêtés et exécutés ; Castro lui- même sera condamné à 15 ans de prison.
Castro assurera lui-même sa défense dans une plaidoirie qui se transformera en réquisitoire contre le gouvernement. Elle durera 2 heures. On a déjà là un discours dont la longueur sera la « marque de fabrique » de tous les discours que fera et qui feront Fidel Castro.
Sa plaidoirie se conclura par cette phrase célèbre « Condamnez-moi, peu importe, l'Histoire m'absoudra. »
L'auteur montre déjà ici comment Fidel Castro transforme le désastre de Moncada en victoire.
Il en sera de même lors de l'affaire Ochoa en 1989. A l'époque Castro est en désaccord avec la politique menée par le Kremlin. Le Général Arnaldo Ochoa, chef des combattants en Afrique et héros de la guerre d'Angola est un homme doté d'un fort prestige à Cuba. Il est perçu par F. Castro comme le seul susceptible de lui faire de l'ombre ; de plus Ochoa fréquentait des officiers qui étaient favorable à la perestroïka. Il s'agit donc pour le gouvernement castriste de trouver motif à une répression interne qu'il envisage de mettre en oeuvre sans que cela suscite les protestations de la Communauté Internationale.
Comme à l'époque les Etats-Unis menaient « une croisade contre la drogue », Castro a donc son nouveau motif. Il se débarrasse du Général Ochoa et de quelques autres officiers en prétextant qu'ils auraient participé aux trafics de drogue.
Voilà comment une fois encore Fidel Castro, transforme une défaite en victoire. « Castro se présente comme un grand moralisateur capable de devancer les désirs des Etats-Unis et de limiter la propagation de la drogue sur le territoire américain, se permettant le luxe de prétendre qu'il voulait préserver la santé de sa population et particulièrement de sa jeunesse. ».
Au début des années 1990, Cuba fait partie du camp des vaincus de la Guerre Froide, et son statut de « ballerine » de l'empire soviétique laisse à penser que le régime cubain ne résistera pas à la disparition de son mécène. Après l'effondrement de l'Union Soviétique, les journalistes ont appliqué un peu trop vite à Cuba le schéma de Francis Fukuyama sur la prétendue « fin de l'histoire ».
Mais le régime a su surmonter la défection de son allié, et c'est alors le début de « la période spéciale en tant de paix », qui consacre le retour des méthodes capitalistes dans l'île. Cela signifie que malgré la chute des pays socialistes soviétiques, à Cuba on entre dans une nouvelle époque. Le Lider Maximo réussi là encore à transformer un échec en victoire.
L'immigration cubaine vers les Etats-Unis pose aussi de nombreux problèmes et devient un enjeu fondamental entre les deux pays. Les candidats à la liberté n'ont d'autre issue que de fuir leur île en empruntant, sur des radeaux de fortunes, le détroit de la Floride devenu un véritable « cimetière marin ».
Pendant l'été 94 la situation devient intolérable. Le 13 juillet des cubains candidats à l'exil s'emparent d'un remorqueur dans le port de la Havane, les gardes-cotes cubains se lancent dans une course poursuite qui se terminera par la mort de plusieurs personnes. Au sein du gouvernement cubain personne n'assumera « jamais la responsabilité de ce crime collectif » , malgré que l'une des premières grandes manifestations anti-castriste eut lieu à cette occasion dans l'île, à l'encontre de la politique du gouvernement et à l'encontre du Lider Maximo.
Devant cette volonté d'exil l'administration américaine de l'époque ferma donc ses frontières, ce qui fut mal vécu car il existait depuis 1966 le Cuban Adjustment Act qui donnait aux exilés cubains le statut de réfugiés politiques.
Fidel Castro réussi encore à sortir vainqueur puisqu'il conclut avec l'administration Clinton de nouveaux accords migratoires, grâce auxquels les exilés eurent droit au statut de réfugiés économiques.
[...] L'avenir des cubains est incertain, personne ne peut encore dire comment évoluera le régime à la disparition de celui qui est à la fois considéré comme son révolutionnaire romantique et son dictateur communiste tyrannique. Extrait du 1er discours de Fidel Castro, le 8 janvier 1959 après son entrée triomphale à La Havane Jacobo Machover, Cuba totalitarisme tropical, Paris, Buchet/Chastel, Edition 10/ p Extrait du réquisitoire de Fidel Castro, le 16 octobre 1953 Jacobo Machover, Cuba totalitarisme tropical, Paris, Buchet/Chastel, Edition 10/ p Loc. cit. p.119 Jacobo Machover, Cuba totalitarisme tropical, Paris, Buchet/Chastel, Edition 10/ p.31 Loc. [...]
[...] Néanmoins l'auteur décrit avec clairvoyance les mécanismes pervers d'un régime apparemment inaltérable. En s'appuyant sur des témoignages qu'il a recueilli mais qui sont à prendre avec précaution dans la mesure où on le sait dans tout régime dit totalitaire la liberté d'expression n'existe pas et ou pour citer J. Machover lorsqu'il parle du souhait des cubains d'aspirer à une vie meilleure : à la recherche d'une vie meilleure où l'on aura plus à répéter exactement le contraire de ce que l'on pense, même au sein de sa famille, de peur d'être dénoncé par ses propres enfants J. [...]
[...] Au milieu des années 90 le pays comptait 530000 diplômés universitaires soit de la population. J.Machover, nous fait part tout au long de son récit de la manière dont Castro éliminera méthodiquement tous les opposants au régime communiste qui se met en place pour asseoir son pouvoir. Les premiers temps de la Révolution sont consacrés à l'élimination des opposants et des adversaires de la révolution, de Fidel Castro et du régime. Pour citer J. Machover Tout cela ressemblait d'avantage aux jeux d'un cirque romain sous les tropiques qu'à l'application d'une quelconque justice Ernesto Guevara, icône adulée de la révolution cubaine et de la jeunesse dans le monde, ne s'est pourtant jamais opposé aux procès stalinien et aux milliers d'exécutions punitives exigées par son camarade Castro. [...]
[...] Le castrisme a cette capacité de récupération. La musique est une arme de propagande du régime castriste donne le sentiment que la Révolution cubaine et la musique font parties d'un seul et même ensemble. Pour quelqu'un qui visite Cuba brièvement, le cliché a une apparence de réalité déroutante. Enfin le dernier chapitre du livre, sorti clandestinement de Cuba, est consacré à la résistance sur l'île : il a été écrit par Jésus Juñiga, journaliste indépendant. Pour le lecteur étranger il demeure un mystère difficile à comprendre, une sorte de frustration à ne voir le sujet jamais abordé par les cubains eux même : pourquoi l'opposition et la dissidence cubaine n'ont-elles jamais réussi à engendrer des mouvements contestation, comme cela a pu être le cas dans les pays de l'ex bloc de l'Est. [...]
[...] Le Che est ainsi considéré comme la quintessence de l'homme intègre devenu un idéal pour la jeunesse. Le Che est un mythe à lui seul, et ce dans le monde entier. Il n'est pas nécessaire d'aller à Cuba pour trouver toutes sortes d'objets à son effigie. A Cuba il est l'icône de la Révolution juste après le Leader Maximo. Il permet même de vendre, le Che est devenu un produit touristique au même titre que le rhum et les cigares. Le Lider Maximo a su profiter de l'aura de ses martyrs mythiques. Mais ce que J. [...]
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