« On tient généralement pour acquis, du moins là où des objectifs économiques sont en jeu, que des groupes d'individus ayant des intérêts communs tentent d'ordinaire de les défendre. »
Cette opinion se retrouve partout, chez les économistes, dans les théories des syndicats, de la lutte des classes, dans les sciences politiques, et enfin en sociologie. Il y a un présupposé : que les individus, à l'intérieur des groupes, songent à leurs intérêts propres. S'ils négligeaient, par altruisme pur, de rechercher leur prospérité personnelle, il est peu vraisemblable que collectivement ils s'efforceraient d'atteindre quelque objectif égoïste commun. Si les membres d'un groupe ont un objectif commun, et s'il est profitable à tous, il devrait s'ensuivre logiquement qu'ils agiront pour atteindre cet objectif (à cause de leur comportement rationnel et intéressé).
Mancur Olson récuse cette idée : en effet, les membres du groupe peuvent avoir avantage à atteindre leur objectif commun ; cela ne veut pas forcément dire qu'ils agiront de manière à y parvenir, même en admettant qu'ils soient tous raisonnables/intéressés. En réalité, des individus raisonnables/intéressés ne s'emploieront pas volontairement à défendre les intérêts du groupe, sauf s'ils sont contraints ou que s'offrent à eux d'autres stimulations distinctes du but collectif.
[...] II Biens publics et groupes importants La combinaison des intérêts individuels et communs dans une organisation appelle la comparaison avec une MARCHE CONCURRENTIELLE. Dans ce modèle, les entreprises ont intérêt à ce que le prix du produit soit élevé. Puisque doit prévaloir un prix uniforme, une entreprise ne peut espérer obtenir un prix plus élevé que les autres. Mais dans ce marché, chaque entreprise a aussi intérêt à vendre le plus possible (jusqu'à ce que le coût de production excède le prix de vente). Ici, l'intérêt n'est pas commun. [...]
[...] Rationnel, il ne fera pas un si grand sacrifice pour un bénéfice aussi ridicule. Un homme qui tenterait d'endiguer les flots à l'aide d'un seau serait plutôt regardé comme un fou que comme un saint Olson ne vise donc pas nécessairement un comportement égoïste pour analyser les grands groupes. La seule condition est que le comportement soit rationnel : des moyens adaptés à des objectifs, qu'ils soient égoïstes ou altruistes. Troisième partie Syndicalisme et économie libérale I Coercition dans les syndicats Le mouvement syndical a commencé sous forme de petites associations aux intérêts locaux. [...]
[...] Le succès du syndicalisme d'entreprise et son corollaire (contrôle du travail), en face de l'échec du syndicalisme politique (utopique), s'expliquent à la lumière du concept de groupe latent Un syndicat peut obliger l'employeur à faire de l'adhésion au syndicat une des conditions de l'embauche. Son avenir est alors assuré. Mais un syndicat voué à ne fonctionner qu'à travers le système politique n'a pas cette ressource (il ne peut forcer l'adhésion, ce qui serait antidémocratique). Le contrôle de l'emploi réclamé par les syndicats vient donc d'abord du désir d'être forts et de survivre, ce que confirme le bas niveau de militantisme général. Le manque de participation est souvent flagrant. [...]
[...] Ils partent de l'idée qu'un syndicat doit affronter l'épreuve d'ouvrir l'entreprise à tous, et qu'alors il réussira si ses réalisations plaisent aux membres. L'argument du droit au travail est fondé sur le motif du profit Mais si ce dernier guide les travailleurs, le renforcement des lois sur le droit au travail sonne le glas des syndicats ! Un travailleur rationnel ne contribuera pas volontairement à un grand syndicat. On ne peut fonder les critiques des syndicats sur une restriction, par leur biais, de la liberté individuelle. Knut Wicksell a développé l'idée du consentement unanime en matière d'impôt. [...]
[...] C'est un contrat, sans violation des libertés (malgré les objections recevables de paternalisme bienveillant ou de tyrannie de la majorité). - Liberté économique en soi Absence de tout contrôle : ce concept a une signification immédiate (liberté de dépenser son argent). Partons de ce troisième sens de la liberté économique. Quelles sont les activités gouvernementales qui y portent atteinte ? Le concept de groupe latent peut nous éclairer. Certains biens sont tels que si un membre les obtient, tous les obtiennent. Ce sont des services peu adaptés au mécanisme du marché. Ils ne sont fournis que par la contrainte. [...]
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