Ouvrage fondateur de la Science politique française moderne, Les droites en France sont également l'oeuvre majeure du politologue et historien René Rémond. Considéré par ses pairs comme "le maître incontesté des Sciences politiques", il fut à la fois historien et personnage déterminant de la vie institutionnelle française. Après des études aux lycées Carnot, Condorcet et Louis-le-Grand, il intègre l'Ecole Normale Supérieure en 1942, alors même qu'il participait à la Résistance. Reçu à l'Agrégation d'Histoire, il obtiendra un doctorat en Lettres. Il occupe ensuite successivement des places au sein des conseils d'administration de l'ORTF, de Radio France et d'Antenne 2, devient membre du conseil de la magistrature de 1975 à 1979, puis président de l'université de Nanterre en 1979.
Il enseignera ensuite dans diverses universités, puis en tant que professeur des universités à l'IEP de Paris. Il succèdera à François Furet au premier fauteuil de l'Académie Française en 1998.
Son oeuvre est considérable : avec plus d'une trentaine d'ouvrages consacrés à l'histoire politique, religieuse et intellectuelle française aux XIXème et XXème siècles, Rémond s'est érigé avec Les droites en France (sous-titré "de 1815 à nos jours" et réédité et actualisé à quatre reprises, dont la plus notable et l'ultime fois en 1982) en véritable référence en matière de Sciences politiques. Son ouvrage, désormais considéré comme un " classique " de l'analyse historique, politique et sociale de la droite française (ou plutôt des droites), tient son originalité de la thèse novatrice qu'il y développe ; plutôt que de se limiter au simple clivage " gauche-droite " (ou plutôt, comme il le dit lui-même, à un système dualiste) hérité de la Révolution, qu'il juge inadapté à la réalité politique française, Rémond défend l'existence de trois droites distinctes en France, à savoir les droites légitimiste, orléaniste et bonapartiste. Selon lui, chacune tirerait ses origines d'hommes et d'événements historiques ayant marqué l'histoire du XIXème siècle, et trouverait un prolongement dans des courants politiques contemporains (...)
[...] Le bonapartisme est avant tout autoritaire (Etat fort presque " paternaliste intimement lié à son chef charismatique, et attache un intérêt particulier au développement et au fonctionnement des institutions (qui, la plupart du temps, sont refondées après la suppression des institutions du régime précédent). Le boulangisme peut être qualifié de bonapartisme : on retrouve la figure charismatique et rassurante du " chef là aussi un militaire, antiparlementaire, et une remise en cause des institutions existantes. Ce fut d'ailleurs le dernier sursaut bonapartiste au XIXème siècle, puisqu'après la mort du Prince Impérial au combat en Afrique, les espoirs de rassemblement autour d'une ligne de conduite commune et d'un chef fort s'amenuisent. [...]
[...] Toutefois, il semble indispensable d'ajouter aux Droites en France la lecture des Droites aujourd'hui. En effet, si la thèse de Rémond est devenue un classique des sciences politiques, elle a été actualisée en 1982, date marquant la fin de la période gaullienne (plus exactement 1981) et donc un tournant majeur de la vie politique française. Tout comme il avait actualisé l'édition de 1954, époque à laquelle la droite semblait exclue du pouvoir dans un système essentiellement parlementaire et une société encore traumatisée par le fascisme et le régime de Vichy, Les droites aujourd'hui sont ni plus ni moins l'actualisation de l'édition de 1982, tenant compte de l'évolution des droites entre 1981 et 2005, tout aussi imprévisible à l'époque qu'elle ne l'était en 1954. [...]
[...] Toutefois, après l'échec d'Henri en 1873, la prise de pouvoir républicaine au Parlement en 1876, et surtout la reconnaissance par le Vatican en 1890 de la République comme seul régime en France, la branche royaliste s'éteindra définitivement, privée de sa substance même. Profondément conservateur, royaliste et contre- révolutionnaire, le mouvement ne survivra pas à la décision papale, qui intervient comme un véritable désavœux. Les légitimistes aspirant à rétablir les liens étroits entre le pouvoir et l'Eglise, le ralliement de cette dernière à la République les prive tout simplement de raison d'être. Il est particulièrement difficile d'établir une relation entre les valeurs légitimistes et celles des droites dites " modernes Ainsi, il faudra attendre la parenthèse Vichyste pour observer un parallèle pertinent. [...]
[...] D'une part, sa Constitution s'inspire clairement du régime originel : bicamérisme, équilibre instable entre le chef de l'Etat et le chef du gouvernement . Il poussa la comparaison jusqu'à y affilier Valéry Giscard d'Estaing, issu d'une grande famille républicaine de notables. En effet, l'ancien président a souvent été associé à une certaine " élite républicaine du fait de son parcours dans les grandes écoles et de son milieu familial d'origine, la haute bourgeoisie. Par ailleurs, sa politique économique, notamment sous le gouvernement Barre (1976), est marquée par une puissante volonté d'assainissement et de libéralisation de l'économie française. [...]
[...] Enfin, le bonapartisme, qui tire évidemment ses origines de la politique conduite par Napoléon Bonaparte, et surtout de son neveu, Louis- Napoléon, s'éloigne des deux autres droites. Tout d'abord, il faut naturellement souligner le rôle central du chef (souverain, chef de l'exécutif, par ailleurs personnalité militaire), qui exerce le pouvoir de façon monarchique (comprendre : exercice solitaire et autoritaire du pouvoir). Il se veut antiparlementaire et prône une démocratie antilibérale. Si le bonapartisme sous Napoléon Ier se traduit surtout par une gestion particulière (créations d'institutions, comme le lycée ; Code Civil), il ne se développe véritablement que sous le Second Empire. [...]
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