La légitimité démocratique, impartialité, réflexivité, proximité, Pierre Rosanvallon, système de double légitimité, décentrement de la démocratie, légitimité de réflexivité, institutions de la réflexivité, politique de présence, démocratie d'interaction
Pierre Rosanvallon est un historien et sociologue français né en 1948. Diplômé d'École des hautes études commerciales (HEC) en 1969, il se consacre à des activités militantes. Tout d'abord conseiller économique de la CFDT, puis conseiller politique d'Edmond maire (secrétaire général de la CFDT) et rédacteur en chef de la CFDT-Aujourd'hui, l'organe de réflexion du syndicat. Il s'est aussi imposé durant les dix premières années de sa vie professionnelle comme l'un des principaux théoriciens de la deuxième gauche en publiant l'Âge de l'autogestion (1976), puis Pour une nouvelle culture politique (1977).
[...] Il occupe depuis 2001 la chaire d'histoire moderne et contemporaine du politique au Collège de France. Depuis 1990, il a consacré ses travaux à l'histoire du modèle politique française et à l'histoire intellectuelle de la démocratie en France avec des ouvrages emblématiques comme Le Peuple introuvable. Histoire de la représentation démocratique en France (1998). Dans les années 2000, il se concentrera sur les mutations de la démocratie contemporaine. Son travail donnera lieu à des ouvrages parmi lesquels celui à notre étude, ou encore La contre-démocratie : la politique à l'âge de la défiance (2006). [...]
[...] Cette légitimité est détenue par les institutions indépendantes comme les autorités de surveillance ou de régulation (CNIL, HACA, etc.). Ces autorités indépendantes très qualifiées présentent un caractère hybride : dimension exécutive, mais aussi fonction normative et judiciaire. Elles réduisent le champ du pouvoir administratif exécutif tout en remplissant une fonction de réaffirmation du « bien commun ». - Une généralité de démultiplication qui opère un travail de pluralisation de la souveraineté nationale qui va à rebours du travail de détachement de l'exigence d'unanimité. [...]
[...] Mais une unanimité arithmétique impossible à avoir et qui s'est donc vu assimiler à la majorité. Mais l'affaiblissement de cette légitimité du fait de la subjectivité de son système partisan, d'intérêts et d'opinions, ainsi que de la prise en compte que la volonté ne peut être général puisque le principe majoritaire ne représente qu'une partie de la population, et ne suffit pas à légitimer les décisions prises, a conduit au début du XXe siècle à faire reposer l'idéal démocratique sur un système de double légitimité auquel s'ajoutait la légitimité par « identification à la généralité sociale », qui passait par la reconnaissance de compétences (concours). [...]
[...] Ici, l'autorité indépendante de la BCE qui avait gagné un rôle important dans le début des années 2010, qui devait incarner la volonté générale par une logique d'impartialité, se voit aujourd'hui largement critiquée. La critique vient majoritairement de partis qui ont le vent en poupe, les partis ou mouvements qualifiés de « populistes ». Cette nouvelle tendance, en revanche n'avait pas été prédit Rosanvallon. Selon lui les citoyens n'aspiraient pas à plus de démocratie directe, mais à plus d'efficacité. Et ce fut le cas, comme l'illustre la montée en puissance des autorités indépendantes par exemple. [...]
[...] Il s'est intéressé à « la redéfinition de la légitimité qui procède d'une déconstruction et de la redistribution de l'idée de généralité sociale [et qui] suggère qu'il y a plusieurs manières d'agir et de parler au nom de la société et d'être représentatif » afin de voir comment les nouvelles formes de légitimité pourraient tisser un nouveau lien de confiance entre le pouvoir et la société, permettre l'approbation sociale des pouvoirs, permettre l'efficacité de l'action publique et approfondir la démocratie. Il conclut son ouvrage sur la complexité de la définition de démocratie qui est selon lui à l'origine des menaces qui pèsent sur elle et sur ces nouvelles formes de légitimité. Il annonce son prochain ouvrage qui porte sur les métamorphoses de la démocratie au XXIe siècle Le bon gouvernement paru aux éditions Seuil en 2015. [...]
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