Comme dans de nombreux pans de la sociologie, les études qui concernent une notion particulière, telle la légitimité pour ce qui nous intéresse ici, sont très généralement influencées par des pensées dominantes. La légitimité est précisément influencée dans sa définition et son approche par l'analyse qui en a été faite par Max Weber. Il parcourt cette notion par l'intermédiaire des distinctions qu'il effectue dans les trois types de domination qu'il construit. Parmi sa domination traditionnelle, rationnelle-légale et charismatique c'est cette dernière qui va retenir notre attention.
Clifford Geertz, anthropologue américain, entend traiter différemment la notion de légitimité. C'est un auteur important notamment dans sa démarche scientifique et sa conception épistémologique des sciences sociales. À l'origine, il soutient sa thèse d'anthropologie à Harvard en 1956, dans laquelle il a retranscrit des études de terrain à Java, à Bali et au Maroc. Avec cette recherche, il propose une nouvelle approche de la culture, la considérant notamment détachée de la structure sociale et de la sociologie de l'individu. Selon lui, toute culture dans un endroit stable est amenée à développer une cohérence interne avec un aspect cognitif qui traduit une vision du monde et un aspect affectif, sorte d'ethos. Avec cette démarche, il s'inscrit totalement dans la tradition de l'anthropologie culturelle nord-américaine. Il définit alors la culture comme un système symbolique d'actes, partagé et agi en commun, et s'oppose à la définition de la culture au moyen d'un sédiment « nationaliste » ou « personnalistique ». Il se place même dans le sillage de Weber considérant que « l'homme est un animal suspendu dans des toiles de significations qu'il a lui-même tissées ». Ces toiles seraient alors la culture au sens de Geertz, en d'autres termes un système de sens.
Dans ce chapitre de Savoir local, savoir global, il souhaite à l'aide de trois exemples historiques précis apporter des éléments empiriques à sa définition de la légitimité. Il calque celle-ci sur le charisme, et se rapproche, uniquement dans la forme, de la légitimité à la domination par le charisme développée par Weber. Fidèle à sa démarche scientifique décrite auparavant dans un autre de ses ouvrages intitulé Ici et là-bas, il poursuit comme dessein de partir d'un savoir localisé, particulier, contextualisé, pour faire l'ébauche d'un savoir plus large, général, global. À partir d'une base empirique solidement étayée, il fait le point sur le charisme de trois monarques, à trois périodes différentes et dans trois pays différents.
Partir ainsi d'exemples si particuliers, si exotiques pour en faire les preuves d'une cohérence plus globale de la légitimité n'est pas une démarche habituelle. Comment dans ce cas, Clifford Geertz parvient-il, ou tente-il dans ce passage d'appliquer sa méthode à la notion de légitimité ?
L'une des particularités de sa méthode repose sur l'approche ethnologique qu'il a des phénomènes, des notions, des concepts qu'il étudie. Et s'agissant plus particulièrement de notre sujet d'étude, la légitimité, il est nécessaire de se pencher alors sur l'usage du charisme fait par Geertz pour illustrer la légitimité.
[...] Et cette conception a des conséquences sur l'approche de la légitimité par notre auteur. B La légitimité comme manifestation historiquement symbolisée du charisme En sociologie, la définition du terme de charisme souffre d'un ensemble de référence imparfait. S'agit-il d'un phénomène culturel ou psychologique ? Parmi les auteurs qui se sont intéressés à cette notion, Weber estime que le charisme est à la fois la qualité d'un individu à dominer, à hypnotiser certains esprits et à éveiller les passions. Cette définition wébérienne conduit Geertz à considérer que l'approche de Weber est à dominante psychologique. [...]
[...] Comment dans ce cas, Clifford Geertz parvient-il, ou tente-il dans ce passage d'appliquer sa méthode à la notion de légitimité ? L'une des particularités de sa méthode repose sur l'approche ethnologique qu'il a des phénomènes, des notions, des concepts qu'il étudie. Et s'agissant plus particulièrement de notre sujet d'étude, la légitimité, il est nécessaire de se pencher alors sur l'usage du charisme fait par Geertz pour illustrer la légitimité. I L'approche ethnologique de Geertz Qu'ils soient ethnologues, sociologues ou anthropologues, les scientifiques renvoient leurs difficultés de description de la réalité, de ce qu'ils observent à des problèmes épistémologiques. [...]
[...] Il parcourt cette notion par l'intermédiaire des distinctions qu'il effectue dans les trois types de domination qu'il construit. Parmi sa domination traditionnelle, rationnelle-légale et charismatique c'est cette dernière qui va retenir notre attention. Clifford Geertz, anthropologue américain, entend traiter différemment la notion de légitimité. C'est un auteur important notamment dans sa démarche scientifique et sa conception épistémologique des sciences sociales. À l'origine, il soutient sa thèse d'anthropologie à Harvard en 1956, dans laquelle il a retranscrit des études de terrain à Java, à Bali et au Maroc. [...]
[...] Geertz estime ainsi qu'un va-et-vient semble nécessaire entre l'immersion sur le terrain et la mise en forme du matériau d'analyse. De plus la tentation littéraire du sociologue dans sa formulation peut le détourner de son travail de chercheur, ce qui permet à Geertz d'affirmer que si l'anthropologue est un savant, il est tout autant un écrivain. En outre, cet aspect est généralement passé sous silence étant jugé peu orthodoxe. L'anthropologue est donc en tension perpétuelle entre ici et là- bas c'est-à-dire observer une réalité et d'en rendre compte dans un autre cadre. [...]
[...] II Le passage d'un savoir local à un savoir global En choisissant ces cadres d'expression pour l'étude de la légitimité et du charisme qui restent interdépendants dans son esprit, Geertz cherche à comprendre comment, dans chacun de ces cas, la royauté est portraiturée au-delà d'un simple enfermement psychologique dans la divinité. A Les royaumes comme modèles conceptuels du charisme Dans son étude comparée, Geertz s'emploie à repérer les symboles mis en place par les différentes monarchies pour faire valoir leur légitimité et leur charisme. Dans les cadres anglais, indonésien et marocain, Geertz identifie plusieurs valeurs promues par les pouvoirs centraux pour accréditer leur légitimité auprès du reste de la société. Pour ce qui est de l'Angleterre d'Elizabeth c'est principalement la vertu de la reine qui est valorisée. [...]
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