Claude Lefort (1924-2010) était l'une des figures les plus marquantes de la philosophie politique en France. Son oeuvre est marquée par une ample tentative de penser la démocratie au regard des catastrophes du siècle passé. Directeur d'études à l'EHESS, fondateur avec Castoriadis des revues Socialisme et Barbarie puis Libre, il est notamment l'auteur du Travail de l'oeuvre : Machiavel et d'un ouvrage clé sur le célèbre phénoménologue français Merleau Ponty, Sur une colonne absente.
L'Invention démocratique, publié en 1981 est sans doute l'ouvrage le plus célèbre de Lefort, composé d'articles parus entre 1957 et 1980, il souligne les particularités et les caractéristiques fondamentales des régimes totalitaires et démocratiques (...)
[...] La conception Lefortienne de la démocratie se comprend en reflet du totalitarisme. La démocratie correspond au lieu vide du pouvoir, c'est- à-dire qu'elle correspond à un espace dans lequel toute certitude idéologique ou humaine liée au pouvoir est supprimée: le vide, est occupé temporairement par des citoyens élus, auxquels succèderont d'autres personnes, opposés à leurs visions ou non. De ce fait, la démocratie voit la disparition du corps politique du chef, la mise à mort du roi chez Kantorowicz, comme un moment fondateur: Le lieu du pouvoir occupé naguère par une substance éternelle est désormais un lieu vide. [...]
[...] Claude Lefort L'invention démocratique, les limites de la domination totalitaire Claude Lefort (1924-2010) était l'une des figures les plus marquantes de la philosophie politique en France. Son oeuvre est marquée par une ample tentative de penser la démocratie au regard des catastrophes du siècle passé. Directeur d'études à l'EHESS, fondateur avec Castoriadis des revues Socialisme et Barbarie puis Libre, il est notamment l'auteur du Travail de l'oeuvre: Machiavel et d'un ouvrage clé sur le célèbre phénoménologue français Merleau Ponty, Sur une colonne absente. [...]
[...] Au contraire, la démocratie est un régime caractérisé par l'institutionnalisation du conflit au sein de la société. La division du corps social y est vue comme une nécessité vitale pour la survie du régime. La division est marquée par l'existence d'intérêts divergents, d'opinions contraires et de visions de monde opposées. Lefort utilise l'expression division sociale pour qualifier la séparation entre multiples instances : société civile et Etat, vie privée et vie publique, différentes classes sociales etc. La démocratie admet cette division sociale le totalitarisme la combat. [...]
[...] De ce fait, il devient aveugle à ce qui dans le texte même de la Déclaration apparait en marge de l'idéologie. Cette différence d'interprétation des droits de l'homme est fondamentale puisque le communisme reprendra la critique marxiste de la séparation des sphères, et prendra pour cible la sphère politique en limitant les libertés qui peuvent s'y exercer. La question de la séparation des sphères cristallise l'une des oppositions majeure entre démocratie et totalitarisme. L'essence du totalitarisme repose dans la volonté (fantasmatique selon l'auteur) de mettre fin à toute division entre les sphères de la société : Cette dernière forme un tout unifié où l'Etat, l'économie, l'école, la culture doivent être au service de la cause révolutionnaire. [...]
[...] La démocratie, elle, admet la division sociale, et institutionnalise les conflits qui y sont rattachés. Le totalitarisme est marqué par une tentative homogénéisatrice des divisions sociales, une violence inhérente à celle-ci en est le résultat. Au contraire, le régime démocratique n'est guidée au pouvoir par aucune idéologie à priori, et, reposant sur une division des sphères, permet une égalité politique à tous ses citoyens: Si le totalitarisme donne lieu à un processus destructeur achevant une vision du monde, la démocratie, elle, parait inachevable. [...]
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