Né en 1949, Philippe Descola est un anthropologue américaniste français. Il s'est notamment intéressé aux articulations pouvant exister entre économie et société chez les peuples archaïques, mais aussi aux rapports que l'homme entretient avec la nature dans les sociétés prémodernes. Il fait un premier voyage chez les indiens Tzeltal au Mexique avant de passer trois ans chez les Achuar. Parmi d'autres ouvrages, il a écrit La nature domestique en 1986 et Les idées de l'anthropologie en 1988.
[...] Comme dans beaucoup de sociétés prémodernes, l'échange des biens et le troc d'objets n'ont pas vraiment de rôle économique, ou en tout cas ce ne sont pas leur rôle principal. Les moyens de communiquer sont peu variés et c'est en commerçant que les rencontres peuvent avoir lieu. Il s'agit surtout de maintenir des liens entre des gens qui, finalement, ne s'apprécient qu'assez peu selon Descola. Les indiens Jivaros sont donc originaux et leur mode de vie et leur organisation sociale ne se plient que très imparfaitement à ce qu'on pourrait attendre d'une société prémoderne. [...]
[...] Un conflit en effet récemment éclaté à cause d'une rivalité entre deux chamanes. Le groupe rejoint un groupe de maisons à l'abri d'une barricade, ce qui n'empêche pas une petite frayeur nocturne lors d'une fausse alerte. Les indiens vivent presque en autarcie, ne sortant que pour chasser. Le juunt dirige toute cette troupe durant la guerre. Il exprime pour un temps limité, la quintessence d'une fusion consanguine. Il règne sur ses femmes, ses gendres qui lui sont obligés, ses enfants ; il est célèbre et respecté pour sa bravoure. [...]
[...] En dévorant certains organes des pécaris, les chiens sont censés acquérir un peu de leur férocité. Certaines espèces sont occasionnellement apprivoisées, mais il n'y a pas d'élevage durable (les bêtes sont déjà assujetties aux esprits qui les protègent). IX. Le miroir des eaux Descola retourne vivre chez Wajari puis ils partent quelques temps pour sa loge de chasse. Les jivaros fabriquent ce dont ils ont besoin quand c'est nécessaire, sans s'encombrer en permanence de ce matériel. Les indiens construisent un barrage pour pêcher. [...]
[...] La réponse à cette question reste en tout cas difficile à donner. Une société sans Etat, une société sans chef Force est de constater qu'une des caractéristiques majeures de la société jivaro, est l'absence d'Etat, que ce soit au sens où l'entend Weber comme Etat ayant le monopole de la violence légitime ou selon d'autres définitions (ce qui, par ailleurs, n'exclut pas la violence ou la contrainte). Les indiens Jivaros sont en effet dépourvus de la moindre structure, de la moindre institution qui pourrait faire office de gouvernement, de Parlement ou d'organe dirigeant. [...]
[...] Les Jivaros sont devenus des archétypes de la bizarrerie exotique. Certaines études ont quand même été faites sur les indiens Shuar, révélant une guerre incessante entre les différentes tribus Shuar et des événements bien loin de l'image de réducteurs de tête qu'en avaient les européens. C'est notamment ce décalage qui a éveillé la curiosité de Philippe Descola. Les autres tribus jivaros étaient laissées dans l'ombre. L'inventaire ethnographique de la région laissait de nombreux vides de connaissances. Grâce à l'appui de Claude Lévi-Strauss, le projet d'enquête de Descola sur les Achuar se concrétisa. [...]
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