Jean-Michel Ducomte est un avocat français, spécialiste du droit public. Il est maître de conférences en droit public à l'Institut d'études politiques de Toulouse.Depuis 2003, il préside la Ligue de l'enseignement. Il préside également le Cercle Condorcet de Midi-Pyrénées.
Il se veut défenseur de la république et de la laïcité. Il participe à des conférences sur la laïcité et a rédigé des ouvrages sur cette question.
« La Laïcité », publiée en 2003, en fait partie. Il nous présente la notion de laïcité, son invention et sa mise en place en France, ainsi qu'au-delà de nos frontières, puis il soulève sa complexité d'appréhension et de mise en place face à une société de plus en plus diverse et complexe.
[...] En effet, de nombreuses expériences laïques restèrent sans lendemain. L'influence du positivisme combinée à celle du modèle culturel français a favorisé l'émergence de nombreuses aspirations laïques, par exemple au Chili, au Brésil, ou en Amérique Centrale. Cependant, les circonstances de la mise en œuvre de la laïcisation furent bien souvent catastrophiques. En effet, un tel changement nécessite une stabilité relative du régime politique. La Turquie, dès la mise en place de sa république, essayer d'intégrer sa politique dans le cadre d'un volontarisme laïque. [...]
[...] L'apprentissage de la différence et de l'altérité semble donc être le seul moyen de cohabitation des différentes cultures. Il fut un temps où seuls quatre grands cultes étaient connus et reconnus. Cependant, le paysage religieux a énormément évolué depuis 1905. Depuis les années 70, on assiste à une explosion des intégrismes religieux. Des cultes d'implantation récente se développent, Islam et Bouddhisme en notamment. L'État ayant quasiment figé son paysage religieux, notamment en matière d'infrastructures pour croyants, ces cultes peuvent se sentir lésés. [...]
[...] La laïcité en France La laïcité est le produit de nombreux acteurs : penseurs, hommes politiques. Condorcet fut un précurseur en la matière. Il laissa notamment derrière lui des projets de réformes qui furent appliquées un siècle plus tard, ainsi qu'un enseignement que prolongea la théorie positiviste d'Auguste Comte. C'est Charles Renouvier qui affirma la suprématie du pouvoir public sur les religions. Jules Ferry est devenu la figure emblématique de la laïcité. En effet, c'est à cet ancien opposant républicain au Second Empire que l'on doit l'enseignement gratuit, laïque et obligatoire. [...]
[...] Cependant, la subsistance des écoles privées empêcha la laïcité totale de l'éducation. L'instruction religieuse est exclue du programme des écoles publiques. La loi de 1905, affirmant la liberté de conscience et de culte ainsi que la stricte séparation des églises et de l'État, énonce que l'exercice de la religion cesse d'être un service public. Désormais, les cultes doivent s'organiser en associations culturelles afin de gérer leur patrimoine immobilier. Cependant, l'État ne méconnaît pas totalement les cultes, afin de pouvoir garder sur eux un certain contrôle. [...]
[...] Au Mexique, la Constitution porta des traits d'anticléricalisme jusqu'en 1991. La laïcisation au Japon et en Inde revêt un caractère forcé et violent. Il s'agissait de détruire un pouvoir impérial vieux de plusieurs centaines d'années au Japon et de parvenir à une gestion démocratique de la pluralité ethnique de l'Inde. Cependant, les traditionalistes, à travers le shintoïsme et les sectes au Japon et le terrorisme en Inde, firent un retour inquiétant. Le nombre de pays qui essaient de se proclamer laïque est limité, et la plupart des tentatives se soldent par un retour partiel, voire dangereux du religieux (poussées extrémistes). [...]
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