L'histoire sociale a comme objet « les formations sociales ou les structures constitutionnelles, les rapports entre groupes, couches sociales et classes ». Ces formations, structures, rapports doivent être dégagés de leur « complexe événementiel » et perçus dans leur persistance et leurs changements. L'histoire des concepts, de son côté, se ramène à une « simple exégèse de texte. » c'est-à-dire qu'elle doit dégager, par des méthodes scientifiques – philosophie, philologie, sémantique –, un sens objectif ou une vérité supposé du texte.
Le rapport entre les deux objets – structures sociales et concepts – serait simple si les deux catégories n'étaient pas intimement mêlées dans la réalité. Les concepts sont toujours dépendants de la société dans laquelle ils s'expriment, et les structures sociales toujours accompagnées d'un sens qui les dépasse. Il est donc nécessaire de clarifier les rapports entre « histoire des concepts et histoire sociale ».
Koselleck distingue trois apports de l'histoire des concepts à l'histoire sociale. L'histoire des concepts est d'abord un auxiliaire permettant la critique des sources mobilisées par l'histoire sociale. C'est ensuite une discipline ayant une méthode et un objet propres, relativement autonome de l'histoire sociale, quoiqu'elle s'y rattache. Enfin, l'histoire des concepts est le lieu propice d'une mise en perspective épistémologique de l'histoire. Trois niveaux d'intervention donc de l'histoire des concepts face à l'histoire sociale: auxiliaire dans le traitement des sources, discipline relativement autonome, base critique des présupposés de l'histoire sociale. Trois niveaux qui renversent progressivement l'importance relative des deux disciplines: si l'histoire des concepts est au début assistante méthodologique, elle constitue finalement la base philosophique de l'histoire sociale.
[...] Il est nécessaire de passer par l'onomasiologie, c'est-à-dire de capter un sens pour décliner les mots qui s'y rapportent. Plus seulement les mots signifiant le concept, mais leurs antonymes, leurs synonymes, leur champ sémantique, et ce afin de pouvoir replacer véritablement le concept dans les structures sociales. Au final donc, si l'histoire conceptuelle a une méthodologie propre, elle ne se suffit en aucun cas à elle-même, tant au niveau des méthodes qu'au niveau des finalités. Cette autonomie relative accorde un nouveau privilège à l'histoire des concepts : celui de réfléchir au rapport entre concepts et démarche de l'historien. [...]
[...] Par là même, le sens historique du propos est son orientation historique: le concept indique une dynamique, il est déployé temporellement. A ce titre, l'histoire des concepts n'est plus simplement ce qui évite le contresens, mais ce qui sert à repérer des indices utiles à l'histoire sociale. C'est dans cette deuxième voie que Koselleck s'engage ensuite. Les concepts sont indices du changement social, en tant qu'ils explicitent les intérêts ou les intentions des acteurs - et donc indirectement les structures sociales à l'œuvre. [...]
[...] Présentation et analyse du texte de Koselleck : histoire des concepts et histoire sociale. Le Futur pass Edition de l'Ehess, Paris I Présentation L'histoire sociale a comme objet les formations sociales ou les structures constitutionnelles, les rapports entre groupes, couches sociales et classes Ces formations, structures, rapports doivent être dégagés de leur complexe évènementiel et perçus dans leur persistance et leurs changements. L'histoire des concepts, de son côté, se ramène à une simple exégèse de texte. c'est-à-dire qu'elle doit dégager, par des méthodes scientifiques philosophie, philologie, sémantique un sens objectif ou une vérité supposé du texte. [...]
[...] La continuité du temps, pour Koselleck, consiste en la persistance de passés dans le présent. Il y a une durée propre aux significations passées qui se maintiennent au-delà des expériences qui les ont vu surgir, et ce grâce au concept. Le concept, en tant qu'il réunit une multiplicité d'expériences, est un principe dynamique qui permet la contemporanéité de ce qui n'est pas contemporain ».Koselleck peut alors dire que la dimension diachronique d'un concept [ ] n'est pas identique au déploiement chronologique de ses significations Il n'y a pas simple juxtaposition des synchronies, mais plutôt une multiplicité des temporalités à l'œuvre, incarnée dans la nature du concept. [...]
[...] in Althusser et alii, Lire le Capital, PUF, Paris pp 292 295. Gadamer, Vérité et méthode, Éditions du Seuil, Paris Koselleck, point de vue, perspective et temporalité in Le Futur passé, p.185, Edition de l'EHESS, Paris Koselleck, hérméneutique et histoire des concepts. L'Expérience de l'histoire, Gallimard et Le Seuil, Paris Koselleck, in Représentation, événement et structure Koselleck, Le Futur Passé, Edition de l'EHESS, Paris Koselleck, point de vue, perspective et temporalité in Le Futur passé, p.185, Edition de l'EHESS, Paris, 2005. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture