Le texte présenté traite de la façon dont sont menées les politiques d'intégration des immigrés dans trois pays d'Europe : les Pays-Bas, l'Allemagne et la France.
L'auteur, Virginie Guiraudon, est docteur en science politique, diplômée de Harvard et chargée de recherches au centre de recherches administratives, politiques et sociales de Lille 2. Elle est l'auteur de plusieurs ouvrages sur le thème de l'intégration comme Les Politiques d'immigration en Europe publié en 2000 à L'Harmattan. Ce texte est extrait de la Revue Française des Sciences Politiques (1999, vol.49, n°6).
Dans cet extrait, elle part du constat de la surprenante augmentation des droits des étrangers à partir des années 70 dans un contexte où tout s'y opposait. En effet, les étrangers jouissent aujourd'hui d'un certain nombre de droits (libertés fondamentales, droits de participation politique et prestations sociales), de meilleures garanties de séjour et d'un accès non discriminatoire au marché du travail. Tout ceci n'était pas du tout garanti avant les années 1970. L'auteur se propose donc de confronter ce phénomène avec les théories relatives à l'immigration afin d'expliquer ce qui paraît surprenant de prime abord.
Elle va cependant plus loin en développant une comparaison entre les différentes législations concernant les étrangers dans les trois pays européens mentionnés plus haut. Cela lui permet non seulement de justifier l'évolution des droits des étrangers mais aussi d'expliquer pourquoi il existe une différence entre ces trois pays à ce propos.
[...] Pour comprendre la raison de ce phénomène, Virginie Guiraudon met en avant l'effort des élites politiques néerlandaises (originaires d'un large éventail politique) qui réussirent à faire passer ces lois dans les années 80 grâce à tous les moyens possibles. Ce sont ces moyens que l'on va ici résumer. - il y a d'abord le fait que le débat sur les étrangers fut très peu politisé aux Pays-Bas. En effet, les réformes des années 80 firent l'objet d'un large consensus politique. L'immigration ne constitua donc pas un thème de différenciation des partis entre eux. De plus, les dirigeants politiques prirent garde de ne pas alerter l'attention des médias. [...]
[...] Jeux d'ombre et de lumière : les politiques envers les étrangers en Europe Virginie Guiraudon Le texte présenté traite de la façon dont sont menées les politiques d'intégration des immigrés dans trois pays d'Europe : les Pays-Bas, l'Allemagne et la France. L'auteur, Virginie Guiraudon, est docteur en science politique, diplômée de Harvard et chargée de recherches au centre de recherches administratives, politiques et sociales de Lille 2. Elle est l'auteur de plusieurs ouvrages sur le thème de l'intégration comme Les Politiques d'immigration en Europe publié en 2000 à L'Harmattan. [...]
[...] Il est donc courant qu'un dirigeant politique, à quelque niveau que ce soit, fasse passer une loi défavorable aux étrangers dans la période juste avant les élections. Il gagnera ainsi la sympathie d'une large frange de l'électorat et aura donc des chances d'être réélu. Au contraire, s'il veut passer une loi favorable aux étrangers, il a plutôt intérêt à le faire dans la période juste après son élection. Plus de droits sociaux que politiques sont accordés par la loi aux étrangers Suivant la logique de la partie précédente, on part du fait que les lois sur les étrangers ont plus de chances de succès lorsqu'elles sont négociées dans les milieux administratifs ou judiciaire. [...]
[...] En conclusion, Virginie Guiraudon rappelle une de ses positions fortes : les politiques en faveur des immigrés rallient moins de partisans que celles qui leur sont opposées. La logique des cadres institutionnels est alors essentielle pour déterminer le succès d'une loi pro-immigrés. Comme dit l'auteur : pour savoir pourquoi une réforme a eu lieu, il faut savoir où. En effet, certains cadres institutionnels comme l'administration, sont plus favorables au développement de ces lois que d'autres. De plus, ils savent user de stratégies de dissimulation comme le brouillage de piste, en générant un large consensus ou en cachant la réforme aux yeux de l'opinion. [...]
[...] En fait, on est même en droit de penser que le président Mitterrand utilisait plus ce thème afin de rallier son électorat de gauche que par conviction. Le modèle français lui aussi obéit à la logique de visibilité des réformes sur les étrangers. En ce qui concerne la dynamique électorale, il est tout à fait clair que les partis utilisent ce thème afin de gagner des électeurs. Par exemple, lorsque Mitterrand arrive au pouvoir en 1981, il fait immédiatement adopter une série de réformes qui améliorent les droits des étrangers. [...]
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