Jacques Véron est démographe, il est actuellement adjoint au directeur – François Héran – de l'Institut National d'Etudes Démographiques (INED). Ses recherches portent sur trois grands domaines qui sont : population et environnement ; population, économie et société ; économie, finance et mesure de la vie humaine. Dans ces domaines, il a notamment publié plusieurs ouvrages tels que Démographie, en 1991, Arithmétique de l'Homme, en 1993, Population et développement, en 1996, Le monde des femmes, en 1997 ou encore l'ouvrage étudié ici, L'espérance de vivre, en 2005. Jacques Véron occupe aussi la fonction de délégué aux relations internationales de l'INED. Il est chargé de conférence à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) et il est membre de la Commission nationale française pour l'UNESCO.
[...] La question de l'augmentation de l'espérance de vie s'accompagne du débat sur la solitude ou bien l'indépendance des personnes âgées. Il faut nuancer le sombre tableau légitimé après le scandale de la canicule. La perte d'autonomie n'est pas systématique et immédiat, du fait des progrès de la médecine notamment. Aussi, vivre seul est peut-être davantage un signe d'autonomie que d'isolement relationnel. Une personne vivra seule parce qu'elle a perdu son conjoint, elle ne vit plus avec ses enfants ni dans une institution. [...]
[...] Néanmoins, certaines études prennent position pour la fixation d'un âge limite, notamment pour l'espérance de vie, au-delà duquel une découverte freinant le vieillissement serait nécessaire. Déjà, avec le déplacement de la valeur limite de l'espérance de vie à la naissance (passée successivement de 65 à 70, puis 77 et 85ans), on observe une rectangularisation de la courbe de survie, du fait d'un nombre croissant de personnes vivant jusqu'à des âges élevés. Si la mortalité est conséquente à la détérioration de l'« aptitude à résister à la destruction les personnes qui vivent à un âge très élevé font preuve au contraire d'une résistance physique particulière. [...]
[...] Par ailleurs, la prise en charge par l'État de certaines charges sociales ne va pas à l'encontre de la solidarité familiale, mais au contraire la stimule. Aujourd'hui on assiste à un changement dans la famille avec un partage plus égalitaire entre l'homme et la femme et les nouvelles formes familiales existantes, etc. Mais si de grands changements de mentalité ont eu lieu entre les générations, ça ne signifie pas nécessairement qu'il y a des conflits entre elles. Cela peut au contraire aboutir à la complémentarité et l'unité intergénérationnelle de la famille. [...]
[...] On pourrait également le fixer à l'âge où on dépasse l'espérance de vie fixée à la naissance. La perception de la mort a également évolué dans la société. Elle est de plus en plus souvent liée à un accident ou à une maladie et moins à la nature humaine à proprement parler. Un des signes révélateurs de ce changement vers une mort technoscientifique est l'apparition d'un vocabulaire auquel appartiennent les mots de soins palliatifs, de testament, de droit à l'arrêt des traitements. [...]
[...] Il y a lieu de revenir sur la notion même d'espérance de vie et ses différentes interprétations possibles. L'auteur souhaite également débattre sur l'existence ou non d'une limite de la durée de vie et sur l'équilibre entre quantité et qualité de ces années supplémentaires de vie. Enfin, quelles sont les conséquences de cet allongement de la vie sur la société en général et sur ses valeurs ? Quelles sont les modifications affectant les dynamiques des systèmes de solidarité et d'échange et les relations entre générations ? [...]
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