Noortje Marres est chercheuse en philosophie des sciences et de la technique à l'Université d'Amsterdam. Elle réalise une thèse relative à " la question des réseaux sur le Web" et les formes politiques articulées aux nouveaux médias. Elle est aussi membre du comité de rédaction transnational de Multitudes.
Le présent article traite du phénomène de participation des citoyens aux débats technoscientifiques et s'attache notamment à l'importance de l'objet, de l'enjeu du débat dans l'apparition d'une telle participation. Ce texte permet de comprendre pourquoi l'implication du public doit être dédiée à la formation des enjeux. Dans cette perspective, on arrive très vite à la notion de publicisation. Or c'est justement là l'essentiel de notre travail : savoir articuler les différents enjeux et les différents points de vue des acteurs de notre controverse sans prendre parti, afin de faire émerger le problème qui relie tous ces acteurs (sans exclusion de certains).
[...] Ainsi, John Dewey explique que la participation du public ne peut être contenue dans des formes institutionnalisées, car selon lui, le but d'une telle implication est de former des agences et des mesures spécifiques afin d'être sûr que les problèmes seront bien traités. Ainsi, l'approche pragmatiste marque une certaine prise de recul vis-à-vis de l'idée largement répandue que la participation du public a pour objectif l'expression de la volonté générale. III- Tentative de conciliation de ces deux approches Enfin N. [...]
[...] Un autre aspect des travaux en STS vise à dissoudre la distinction entre le processus épistémologique de la formation des connaissances et le processus politique de formation de consensus, de décision. Autrement dit, les chercheurs en STS ont décidé de prendre un tournant ontologique cherchant ainsi à tourner le dos à l'approche discursive des sciences politiques ou de la théorie de la démocratie En effet, en tenant compte des acteurs non humains, introduits dans le monde par les sciences et les technologies dans le processus d'amélioration des capacités citoyennes les chercheurs en STS font un grand pas en avant dans la compréhension du processus démocratique. [...]
[...] En effet, selon lui il existe une différence de fond entre ceux qui sont de la partie (insiders) et les autres (outsiders). Mais chez W. Lippman cette distinction ne recoupe pas celle entre les gouvernés et les gouvernants, mais s'appuie sur l'idée que nous ne sommes compétents que pour les affaires auxquelles nous sommes directement intéressés. Ainsi, il favorise largement le rôle des experts dans la prise de décision, avec une faible contribution des citoyens. A un tel réalisme semble s'opposer l'idéalisme de J. [...]
[...] Marres s'attache à souligner leurs points communs. Tous deux souhaitent dépasser l'opposition entre technocratie et participation publique. Ainsi, leur point de départ est identique : ils partent tous deux du constat selon lequel certains aspects des sociétés industrielles, et notamment les nouvelles formes de médias et la complexification des affaires, imposent une réévaluation des conditions sous lesquelles l'implication du public en politique peut avoir lieu. Selon eux, cette complexification des enjeux ne doit en aucun cas être suivie d'une baisse de la participation démocratique. W. [...]
[...] En effet, les théoriciens de la démocratie délibérative, telle que Habermas, considèrent que la valeur suprême de la participation du public est de rendre les objectifs visibles et de permettre ainsi leur introduction de force dans l'agenda politique. D'autres chercheurs, attachés à la notion de démocratie globale vont encore plus loin en affirmant que les communautés politiques sont désormais en grande partie fondées sur des objectifs spécifiques et non plus sur des territoires donnés. Enfin un groupe de sociologistes français, B. Latour, M. Callon, P. Lascoumes et Y. [...]
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