A la sortie des élections présidentielles et à l'approche des élections législatives, il est intéressant de se demander ce qui a et ce qui va expliquer les scrutins. C'est l'essence même de la sociologie électorale qui place le comportement et les perceptions de l'électeur au centre de son étude. Les critères habituellement retenus pour expliquer le vote dans les démocraties occidentales sont de deux natures : les clivages sociaux (religion, classe sociale,…) et les identifications partisanes (du fait d'une socialisation politique marquée par une transmission traditionnelle qui s'inscrit dans un contexte familial, professionnel, associatif…). Or, comme le précise M. Dogan dans Le déclin du vote de classe et du vote religieux en Europe occidentale, « le déclin parallèle du vote de classe, du vote religieux et de l'affiliation partisane entraîne une individualisation croissante du comportement électoral ».
Face à une individualisation du vote et à une plus grande volatilité électorale, il a fallu réévaluer l'analyse des comportements électoraux. D'autant plus que l'autonomisation croissante de l'électeur intervient en parallèle avec l'avènement dans les années 1980 et 1990 des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC), entraînant une plus forte accessibilité à la sphère publique et donc un plus grande liberté pour l'électeur de choisir en fonction de l'information qu'il reçoit.
Ainsi, l'électeur devient plus sensible à la conjoncture (politique et non-politique) du fait de l'influence de variables à plus court terme (comme l'information et la communication auxquelles il a facilement accès et non plus les repères sociaux et partisans). Mais cette évolution est à double tranchant, car l'information peut alors déterminer ce qu'est la conjoncture et affecter subjectivement la sensibilité de l'électeur.
Quelle est donc l'attitude de l'électeur face à la conjoncture et à l'information qu'il reçoi ? Le politologue Jacques Gerstlé, spécialiste de l'information et des medias en politique, a introduit le court terme comme variable de la sociologie électorale, qui détermine le vote pendant la période d'une campagne électorale. Il réévalue le comportement de l'électeur en étudiant son processus de décision en fonction des variables de court terme que sont la sensibilité à la conjoncture et à la campagne et l'information reçue. En s'inscrivant dans cette démarche, on se demandera comment les nouveaux facteurs à court terme liés à l'information et à la communication influencent le processus de décision de l'électeur?
Nous verrons que électeur développe une sensibilité à la conjoncture dans le cadre de sa décision électorale. Puis nous étudierons le rôle de l'information et de la communication dans la perception de la conjoncture et dans le choix électoral.
[...] La mobilité des intentions de vote comme preuve de l'importance de la conjoncture dans la décision électorale Durant la campagne présidentielle de des sondés ont changé d'avis entre le début et la fin de la campagne. Dans ces 1/3 n'avaient pas choisi au début et ont trouvé leur candidat à la fin, et 2/3 ont changé de candidat. C'est pourquoi C. Ysmal dans The histories of electoral studies in France écrit ces résultats sont incompatibles avec le modèle classique puisque ni l'identification, ni la classe sociale ni la religion n'ont changé pendant la campagne Ainsi la mobilité des intentions de vote montrent bien la nécessite de se détacher des critères classiques d'explication pour utiliser les facteurs à court terme intervenant pendant la campagne. [...]
[...] C'est pourquoi on va parler de préférences éclairées par le court terme Ce modèle correspond à la tendance d'aujourd'hui après examen (bien que l'on puisse émettre une critique sur l'empirisme de cet examen, les études utilisées étant peu spécifiques et les moyens très limitatifs, J. Gerstlé le reconnaît). Toutefois, de cette étude ressorte deux idées : les électeurs ne sont pas aussi démunis politiquement que l'on pouvait le croire, et les médias ont peut-être plus d'influence que ce que l'on pouvait imaginer ? [...]
[...] Le rôle de l'information est omniprésent dans la définition des modèles d'électeur. De la synthèse de ces modèles est né le modèle de Stony Brook qui traite l'électeur par l'information qu'il reçoit. Il s'agit d'un responsive voter qui tient compte immédiatement des informations pour évaluer un candidat, puis il les oublie mais il lui reste l'impression qu'il retire de l'information. Et c'est l' évaluation en ligne du candidat qui permet un amas d'impression qui va déterminer la décision. Ce nouveau modèle concrétise l'impact de l'information et de la communication à court terme dans le processus de décision II. [...]
[...] En effet, l'instabilité électorale se manifeste beaucoup moins chez les gros consommateurs d'informations et les lecteurs de la presse politique. Les effets potentiels persuasifs de l'information sont plus forts dans l'information télévisée. Selon lui, de l'information accélère les opinions les opinions, stimulent le critère du leadership, et, pour la télévision, accroît la possibilité de changer d'opinion De plus, l'effet d'amorçage s'élargit en incluant dans le panel évaluation une information non- politique, plus factuelle, rendant le rôle de l'information plus diffus, plus général. [...]
[...] Le modèle de Stony Brook se prête très bien à ce priming qui représente d'une manière probante l'attitude de électeur Durant cette campagne, les candidats ont pu être évalués sur des sujets amenés par le priming tels que l'identité nationale, le nucléaire, l'environnement Puis électeur a pu librement juger la prestation de chacun. Un rôle nuancé ou indirect de l'information dans la décision électorale M. Mendelsohn dans The media's persuasive effect nuance le rôle de l'information dans l'explication des électorats. [...]
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