Industrialiser l'Afrique, stratégies, politiques, institutions, financements, Joseph Stiglitz, 2017, matières premières, ressources publiques, monopole, pénurie, devises, marchandises manufacturées, leadership, Agenda 2063, main-d'oeuvre, investissements, secteur énergétique, exportation, équipement industriel, apport de capitaux
Industrialiser l'Afrique est aujourd'hui un vrai défi. En effet, les cinquante-quatre pays africains sont toujours confrontés à une dialectique complexe avec des capacités industrielles limitées et une forte dépendance aux matières premières avec de surcroît un fort risque de volatilité. Au cours des trois dernières décennies, la valeur ajoutée manufacturière a cru en Afrique du Nord alors que l'Afrique subsaharienne, elle a vu cette part diminuer sur la même période. Malgré ces quelques 1,5 milliard d'habitants, la contribution du continent dans son ensemble à cette valeur ajoutée manufacturière ne dépasse pas les deux pour cent dont les deux tiers sont soit liés aux ressources naturelles soit aux activités professionnelles à faible intensité technologique.
[...] C'est pourquoi, si les états africains ont la volonté de renforcer leur développement industriel, ils doivent disposer d'un leadership politique puissant qui permette d'engager des initiatives permettant un changement de mentalité et la création d'une dynamique de développement ambitieuse et positive. Ce leadership affiché et cette volonté de s'inscrire dans des perspectives amenant un changement de mentalité sont des éléments cruciaux dans la poursuite de la vision de l'Agenda 2063, schéma visant à faire de ce que contient une puissance planétaire de l'avenir, celle d'une « Afrique intégrée, prospère et pacifique, animée et gérée par ses propres citoyens et représentant une force dynamique sur la scène internationale ». [...]
[...] Ainsi il semblerait que l'industrialisation de l'Afrique repose désormais sur l'apport de capitaux, un capital humain efficient et une organisation industrielle avec la définition d'une prospective sur les décennies à venir, mais aussi sur l'affranchissement du modèle occidental afin de gagner en autonomie et de voler enfin de ses propres ailes. [...]
[...] Politiques industrielles et dépenses publiques non viables Les politiques industrielles mises en place en Afrique jusqu'à présent connaissent un bilan mitigé. En effet, ces dernières sont devenues sources de nombreuses distorsions du fait notamment de l'utilisation de ressources publiques limitées pour instaurer des politiques non durables de substitution aux importations. Pour réduire le poids des subventions publiques, certains gouvernements mettent en place des mesures administratives contre-productives qui consistent à octroyer le monopole d'un marché à des sociétés non pérennes dans des secteurs d'activité prioritaires, à supprimer les taux d'intérêt ou à surévaluer la monnaie nationale ou à contrôler le cours des matières premières. [...]
[...] Ces recommandations ont permis de montrer que la plupart des nations africaines connaissent un développement industriel quasi similaire, ce qui explique la mise en place de politiques de développement industriel identiques sur l'ensemble du continent. De nombreux efforts sont faits pour favoriser et valoriser les investissements sur le territoire et il semble que le marché des exportations soit la seule véritable opportunité pour obtenir une croissance soutenue du secteur manufacturier. Le retard pris par l'Afrique sur ce secteur d'activité est en partie lié à son arrivée tardive sur le marché mondial, mais les ressources naturelles dont dispose le continent offrent désormais des opportunités considérables de développement. [...]
[...] Parmi ces pays subsahariens, nous pouvons citer en exemple l'Éthiopie. Ce pays a décidé de mettre en place une expérience visant à comparer trois secteurs en termes de performances industrielles. Il en est ressorti des enseignements importants qui montrent notamment qu'une transformation structurelle en profondeur du système en place peut aboutir à des résultats encourageants sur le plan industriel et que ce modèle peut être applicable au continent dans sa globalité si des choix politiques judicieux sont opérés. Un soutien des états est indispensable sur le plan stratégique afin de définir une vision et une stratégie d'ensemble, de mobiliser la société africaine et ses ressources autour de la vision et des projets de développement, de gérer les tensions et d'entretenir les partenariats de développement. [...]
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