Giorgio Agamben est professeur d'esthétique à l'Université de Vérone en Italie, et enseigne la philosophie au Collège international de philosophie à Paris et à l'Université de Macerata. Il a participé à des séminaires avec Martin Heidegger. Professeur invité à Paris, il a enseigné dans de nombreuses universités comme Berkeley, Los Angeles, ou Santa Cruz.
Auteur prolifique, il publie presque chaque année de nombreux écrits qui touchent autant à la philosophie qu'au droit ou aux lettres. En 2009, il a ainsi publié, en collaboration avec des auteurs comme Alain Badiou, Daniel Bensaïd ou Jacques Rancière, Démocratie, dans quel état ?, mais aussi individuellement Le sacrement du langage, Archéologie du serment, Homo sacer II, et Nudités.
Parmi les nombreux thèmes abordés par Agamben, la question de la biopolitique occupe une place fondamentale. Notion développée par Michel Foucault, la biopolitique peut être définie selon Ottavio Marzzoca comme « la pratique en laquelle cet exercice se traduit dès lors que les êtres humains, en tant qu'espèce vivante, deviennent l'objet d'une stratégie politique générale ». De nombreux chercheurs se sont approprié cette notion, qui fait donc l'objet d'interprétations différentes.
[...] Cette analyse permet d'expliquer pourquoi le pouvoir nazi s'est concentré sur la dimension mortifère de son biopouvoir au détriment d'une dimension plus axée sur les aspects en lien avec la gestion du vivant En définitive, les notions proposées par Agamben souffrent de nombreuses contestations. On le voit, s'échiner à poser une règle en partant de l'exception, celle des camps nazis, apparaît problématique. Conclusion S'interrogeant sur les camps de la mort, Agamben propose une approche biopolitique fondée sur la question de la souveraineté. [...]
[...] Etablir le parallèle, comme il le fait dans Etat d'exception. Homo sacer, entre les Lager juifs et le camp américain de Guantanamo est, à cet égard, très évocateur et donne une idée de ses engagements militants. Bibliographie AGAMBEN Giorgio, Le camp comme nomos de la modernité in Homo sacer. Le pouvoir souverain et la vie nue, Paris, Seuil, coll L'ordre philosophique BOJADZIJEV Manuela, KARAKAYALI S Serhat, TSIANOS Vassilis, Le mystère de l'arrivée. Des camps et des spectres Multitudes, 2004/5 19, p. 41-52 GUITTET Emmanuel-Pierre, Terreur, exception, résistance. [...]
[...] Selon Ottavio Marzocca, on peut, en résumé, assumer que la zôé est la vie elle-même, vie naturelle et supra-individuelle de l'espèce[13] tandis que la bios serait la vie humaine singulière, qui naît dans le monde Ainsi, la vie nue expression qui signifie la zöé pour Agemben, à laquelle les habitants du camp sont progressivement réduits est la forme de vie spécifique qu'il reste à l'être humain lorsque la bios lui est enlevée Le camp comme espace politique de la modernité Comme le souligne Agamben dans le titre du chapitre, il considère le camp comme nomos c'est-à-dire comme norme absolue de la modernité. Après s'être interrogé sur le camp dans la période nazie, il va plus loin. Cette conception du camp issue de l'état d'exception doit être considérée de manière plus large. S'interrogeant sur les similarités entre les camps de réfugiés propres aux démocraties actuelles et les camps nazis, il y voit une continuité. [...]
[...] D'une part, une première critique porte sur le fait que l'interprétation que donne Agamben de la notion de biopouvoir est partielle et ne rend pas compte de toutes les extensions du terme. Ensuite, l'idée de camp comme nomos de la modernité, qu'il s'agirait aujourd'hui d'identifier, est sujette à caution Une définition partielle du biopouvoir Avec Dominique Memmi et Emmanuel Taïeb[21], on peut réexaminer l'emprise de l'Etat sur le corps des sujets. En effet, on a vu avec Agamben qu'il n'envisageait les individus que soumis et entièrement dominés par l'Etat. [...]
[...] Déterminé à centrer son analyse politique sur l'Etat plutôt que sur les individus, Agamben se concentrerait ainsi prioritairement sur l'un au détriment du multiple et, selon Emmanuel-Pierre Guittet, éviterait Spinoza et le passage de la redéfinition de la souveraineté comme attribut du nombre et non plus de l'unique auteur de la décision[27] Ce qu'il s'agit de démontrer ici est que la pensée d'Agamben est dominée par l'idée que l'Etat exerce sur les individus réduits à la vie nue un pouvoir coercitif et absolu. Les individus ne peuvent donc se déprendre de ce pouvoir souverain qui vire à l'absolutisme. Or, cette analyse est discutable. [...]
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