Pierre Rosanvallon est un professeur en charge de la chaire d'histoire moderne et contemporaine du politique au Collège de France. Il participe activement aux projets de réformes de la gauche française et s'est promis de doter la gauche française « d'une vraie culture de gouvernement. » Il a une approche qui articule histoire sociale et histoire des idées dans son analyse de la politique et de la démocratie. Il s'agit ici d'un article extrait d'un livre intitulé Situations de la démocratie, coécrit avec Marcel Gauchet et Pierre Manent en 1993
La démocratie est aujourd'hui quasi unanimement admise comme le type de régime politique le plus souhaitable. S'il a fallu attendre relativement tard dans l'histoire – 1848 – pour que le mot « démocratie » prenne le sens qu'on lui connaît de nos jours, les principes de contrat social et de souveraineté populaire qui lui sont adjacents ont précédé l'usage du mot. Pierre Rosanvallon s'interroge sur un tel décalage entre la réalité politique et le langage politique. A cet effet, il procède en plusieurs temps et de manière chronologique.
[...] Maintenant que l'égalité a été obtenue, la démocratie pourrait se transformer en anarchie. - L'expérience de la démocratie. Si les libéraux emploient de plus en plus ce terme, ce n'est pas le cas de l'extrême gauche qui privilégie les notions de souveraineté et de république ; la souveraineté étant le principe philosophique de la démocratie et la république son application institutionnelle La démocratie continue de caractériser un type de société et c'est le régime républicain qui, dans la pensée de gauche, satisfait les attentes de la souveraineté populaire. [...]
[...] La démocratie se fonde sur le principe d'autogouvernement et de législation directe par le peuple. C'est, selon le philosophe genevois, la forme la plus absolue de gouvernement direct. Quant au mode de désignation des représentants, Rousseau considère que seul le tirage au sort permet de ne pas aller contre le principe d'égalité. La démocratie est définie en tant qu'idéal type chez Rousseau et Montesquieu : tous deux considèrent que la véritable démocratie est pure utopie. Rousseau ne voit la démocratie que comme un sous-ensemble d'un concept pour lui plus essentiel : la souveraineté populaire. [...]
[...] Non pas que le questionnement soit faux mais il est difficile de mettre en perspective l'évolution d'un concept en perpétuelle réinvention. Pierre Rosanvallon se concentre essentiellement sur la souveraineté populaire et l'égalité dans la définition de la démocratie qu'il adopte. Toutefois, il me semble assez réducteur de ne définir la démocratie que par ce biais. Peut-être était-ce la définition que l'on considérait au XIXe siècle et encore, son article montre que la situation est très complexe mais il me parait difficile de négliger tous les aspects plus substantiels de la démocratie. [...]
[...] "L'histoire du mot démocratie à l'époque moderne", Pierre Rosanvallon Compte-rendu de lecture : L'histoire du mot démocratie à l'époque moderne in Gauchet, Marcel, Manent, Pierre, Rosanvallon, Pierre, Situations de la démocratie, Paris : Seuil-Gallimard p. 11-29. Pierre Rosanvallon est un professeur en charge de la chaire d'histoire moderne et contemporaine du politique au Collège de France. Il participe activement aux projets de réformes de la gauche française et s'est promis de doter la gauche française d'une vraie culture de gouvernement. [...]
[...] On observe une résurgence de l'usage du mot démocratie avec Robespierre à partir de 1793. Toutefois, c'est un concept très emmêlé et que l'orchestre de la Terreur semble avoir beaucoup de mal à appréhender. Robespierre évoque ainsi la démocratie pour définir un régime où le peuple se charge de certaines tâches tandis que ses délégués s'occupent de ce qu'il ne peut pas faire. A cette époque, la lutte politique se cristallise autour de la question du peuple et de ses rapports au pouvoir. [...]
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