L' « accélération de l'Histoire » est sans doute un lieu commun journalistique ; cette idée n'en demeure pas moins « un outil indispensable à l'analyse politique et sociale contemporaine » (p. 3). Se servir de la question de la vitesse comme angle d'attaque pour l'étude des phénomènes économiques, sociaux et culturels permet de dégager de nouveaux champs d'études et de recherches largement inexplorés. En effet, très peu d'ouvrages s'approchent la question de la vitesse de façon détaillée, systématique et scientifique.
Or l'accélération recouvre de nombreuses réalités : développement des transports mécaniques, essor des technologies de l'information et la communication, intensification de la vie quotidienne (notamment de la vie professionnelle), raccourcissement des cycles de production et de consommation, augmentation de la fréquence des évolutions culturelles et sociales (notamment induites par l'innovation technologique).
La question se pose de la nature du déterminant de l'accélération sociale. On distingue des explications « anthropologiques » (individus et sociétés cherchant à se montrer toujours plus efficaces dans un contexte de lutte pour la survie) et des explications « historiques » (l'accélération a une origine : la Révolution française, l'émergence du capitalisme, la Révolution industrielle, etc.). Une autre question tout aussi importante est celle des limites de l'accélération : allons-nous vers une accélération sans fin, ou ce phénomène prendra-t-il fin – soit que des instances apparaissent pour la réguler, soit que l'humanité décide d'y mettre un terme ?
Le propos de ce recueil est de dégager des perspectives offertes par l'étude de la vitesse en sciences sociales, en revenant sur le point de vue d'auteurs célèbres et notamment des rares « spécialistes » de la question.
[...] SCHEUERMAN est professeur de science politique et d'études ouest-européennes à l'université d'Indiana. Spécialiste de Carl Schmitt, dont il a écrit une biographie, il s'intéresse également à la théorie critique (cf. son ouvrage sur l'École de Francfort, Between the Norm & the Exception. The Frankfurt School & the Rule of Law, MIT Press, 1994) et aux conséquences politiques de l'accélération du temps (Liberal Democracy & the Social Acceleration of Time, 2004). Résumé Introduction L' accélération de l'Histoire est sans doute un lieu commun journalistique ; cette idée n'en demeure pas moins un outil indispensable à l'analyse politique et sociale contemporaine (p. [...]
[...] par Reinhardt Koselleck Gibet es eine Beschleunigung der Geschichte ? in Zeitschichten : Studien zur Historik, Suhrkamp Verlag, Francfort, 2000) L'accélération sociale débute réellement avec la Révolution française et la Révolution industrielle, qui mettent fin à un ordre des choses longtemps considéré comme immuable. Il faut distinguer accélération de l'Histoire et accélération dans l'Histoire : l'accélération de l'Histoire étant une forme de sécularisation de la problématique judéo-chrétienne de l'apocalypse et de la vie future, instrumentalisée par des mouvements politiques aux projets révolutionnaires. [...]
[...] Les sociétés humaines ont besoin d'un minimum de stabilité politique, économique, sociale et culturelle, ce qui suppose l'entretien d'un rapport au passé. Or ce rapport au passé n'est plus possible : la culture générale se dilue dans la profusion de biens culturels nouveaux (elle perd donc sa valeur normative), et l'Histoire paraît d'autant plus distante qu'elle est séparée de nous par de nombreux bouleversements. Chapitre X : Accélérer et ralentir, par John Urry Au régime temporel (p. 197) du temps des horloges de l'ère industrielle, se surajoute l'instantanéisation des échanges rendue possible par les NTICs. [...]
[...] Fiche de lecture sur "High Speed Society", de Hartmut ROSA et William E. SCHEUERMAN Qui ? Hartmut ROSA et professeur de sociologie à l'université Friedrich Schiller de Ièna, en Thuring. Elle enseigne également cette matière à la New School une université privée de New York. Elle est notamment l'auteure de Individuelle Identität und Kulturelle Praxis (éd. Campus, 1998). William E. [...]
[...] Or le risque de représailles décroît avec la mise au point de missiles toujours plus rapides, réduisant d'autant la durée durant laquelle la cible peut réagir. P : l'auteur revient sur les dimensions temporelles de la crise de Cuba (brièveté des temps de décision, faible nombre des acteurs impliqués). Chapitre XIII : Rythmes temporels et forces militaires : accélération, décélération et guerre, par Herfried Münkler Les États puissants se caractérisent par leur capacité à mener des guerres victorieuses dans un temps très bref. [...]
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