Dans cet ouvrage publié dans sa version définitive en 1998, Henri Weber tente d'interpréter les événements de Mai 68, de dépasser la simple présentation factuelle qu'il avait entamée dans son premier ouvrage Mai 68 : une répétition générale. C'est un homme fort de son expérience qui revient sur une période marquante de sa vie. Nuançant ses propos, l'ancien dirigeant gauchiste de 68 s'est adouci. Les ardeurs révolutionnaires semblent mises de côté pour répondre à une problématique centrale : peut-on encore aujourd'hui exercer la politique en se référant à une utopie comme l'a fait le mouvement de Mai 68 ?
[...] Les étudiants, sorte d'intelligentsia, faisaient ainsi le lien entre les différentes classes potentiellement révolutionnaires : ouvriers, tiers-mondistes, internationalistes Pour Henri Weber, Mai 68 a regroupé trois grands mouvements qui ont été à l'origine de la libéralisation des mœurs : un mouvement démocratique- libertaire un mouvement hédoniste-communautaire et un mouvement romantique-messianique Les deux premiers mouvements sont selon lui encore en partie actifs en 1998. Le mouvement de Mai 68 n'est donc pas un mouvement individualiste apathique égocentrique et indifférent mais un mouvement individualiste révolutionnaire au sens de révolte des individus contre la hiérarchie au nom de l'égalité ; contre la tradition, au nom de la liberté (entendue comme autonomie : capacité à se donner soi-même sa propre loi) et individualiste démocratique. Néanmoins, bien qu'individualiste dans ses fins, le mouvement de Mai 68 ne l'est pas dans ses moyens puisqu'il prône l'action collective. [...]
[...] Cette analyse des événements de Mai 68 semble s'inscrire dans la lignée de l'interprétation de Mai 68 comme avènement de l'individualisme narcissique défendue entre autres par Gilles Lipovetsky. Mai 68 aurait, en raison de son caractère purement individualiste narcissique contribué à l'effondrement de la culture révolutionnaire. Henri Weber revient sur cette vision des événements de Mai 68 notamment sur l'idée de carnaval au travers des exemples des barricades et du folklore révolutionnaire Les barricades de Mai 68, bien que stigmatisées et moquées car ne présentant aucune efficacité militaire, répondent en réalité à une fonction bien précise : celle de pousser au choix entre faire perdre la face à l'Etat ou faire des martyres. [...]
[...] Fiche de lecture : Henri Weber, Que reste-t-il de Mai 68 ? Essai sur les interprétations des événements Dans cet ouvrage publié dans sa version définitive en 1998, Henri Weber tente d'interpréter les événements de Mai 68, de dépasser la simple présentation factuelle qu'il avait entamée dans son premier ouvrage Mai 68 : une répétition générale. C'est un homme fort de son expérience qui revient sur une période marquante de sa vie. Nuançant ses propos, l'ancien dirigeant gauchiste de 68 s'est adouci. [...]
[...] La défaite du mouvement pour Henri Weber va de pair avec la composition même du mouvement : son caractère juvénile ne semblait pouvoir empêcher la destruction du mouvement, aucune force politique assez puissante ne voulant accepter de prendre le pouvoir. Mai 68 met ainsi en avant un nouvel acteur de la politique : le jeune. C'est en effet en Mai 68 que la figure du jeune révolutionnaire va commencer à émerger en opposition à la société industrielle et démocratique qui a vacillé pendant les guerres mondiales reprenant l'image d'un Mal absolu mais également en opposition aux dérives colonialistes des puissances occidentales. [...]
[...] L'extension progressive des droits et des libertés depuis Mai 68 apparaît aujourd'hui comme l'utopie mobilisatrice de la gauche au sens premier d'idéal dont on veut se rapprocher. Ce qu'il reste de Mai 68 pour Henri Weber, c'est cette volonté de toujours plus de droits et de libertés, cet attachement à la démocratie libérale et le désinvestissement du religieux de la sphère politique Ce qu'il reste de Mai 68 c'est le réalisme démocratique. [...]
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