Les problèmes d'immigration et d'identité nationale se posent non seulement en France, mais plus généralement dans l'Europe tout entière. Contrairement à ce que prétend l'actuel président français, l'on traite de ce problème depuis plus de deux décennies. Face à cette idée reçue, cet ouvrage se propose de dénoncer la récupération politique de l'identité nationale visant à stigmatiser les immigrés, présentés comme les « autres ».
Employée dans le vocabulaire politique depuis le début des années 1970, l'expression « identité nationale » mobilise deux critères selon le philosophe Paul Ricoeur : la mêmeté (similarité) et l'ipséité (conscience de soi, affirmée par un récit).
[...] C'est ainsi qu'en promouvant l'identité nationale, la III° a favorisé le processus de différenciation des affiliations des nationaux, leur permettant de s'identifier à nombre de groupes sociaux. Les premiers à avoir compris l'enjeu porté par l'identité nationale sont les socialistes. En effet, ceux-ci ont mobilisé la classe ouvrière que la révolution industrielle a constituée. Cette mobilisation a été importante car favorisée par le développement et la démocratisation de la presse. Face à cette politisation de la classe ouvrière, la droite a opté pour une politisation de l'identité nationale: selon la droite, un Français l'est non seulement juridiquement, mais il doit aussi être de souche française. [...]
[...] C'est dans ce contexte que se répand l'expression identité nationale dans le vocabulaire politique. Il est alors question de récuser l'assimilation aux États-Unis, affirmant le droit à la différence et la reconnaissance des identités. Ceci trouve un écho en France où des militants corses ou bretons remettent en cause l'identité nationale française, réclament leur libération et luttent pour la reconnaissance de leur identité nationale A ceux-ci s'ajoutent d'autres minorités souhaitant la reconnaissance ou la réhabilitation de leur identité: juifs, Arméniens ou travailleurs immigrés. [...]
[...] Son discours oppose les Européens aux musulmans qui refusent les valeurs de la république (à l'image de l'affaire du voile) et qui sont incapables de s'assimiler (affaire Kelkhal). Face à cette percée extrémiste, la gauche affirme l'existence d'un problème d'intégration imputable au racisme en France, ce qui diabolise Le Pen et son électorat. La droite, pour sa part, reprend à son compte le thème de l'identité nationale en prétextant qu'il ne faut pas laisser ce thème au monopole du FN. [...]
[...] Enfin, elle affirme que la crise de l'identité nationale est due à l'aggravation des inégalités sociales. Elle ne voit pas l'immigration comme une menace bien qu'elle lutte contre l'immigration clandestine. Elle revendique la coupure de 1789 entre l'Ancien régime et la République. Sa définition est inspirée de Jaurès. L'identité nationale n'est pas une réponse à une menace. Conclusion: Cet ouvrage montre donc combien sont ancrées la conception et la notion d'identité nationale au sein du vocabulaire politique depuis ces dernières décennies. [...]
[...] Royal, dans sa campagne, accorde une moindre place à l'identité nationale et à l'immigration. Elle insiste sur l'éducation, la violence, le pouvoir d'achat et l'environnement. Cela a permis de réactiver le clivage droite/gauche car depuis un siècle, la droite a privilégié le national et la gauche le social Chez Royal, ce n'est plus la classe ouvrière qui constitue la résistance mais la femme. Le féminisme, dans le discours de Royal joue le même rôle que les valeurs républicaines dans celui de Sarkozy. [...]
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