Cet essai de Geneviève Fraisse traite de la question du rôle des femmes dans les sphères publique et privée et surtout de leur articulation dans ces deux espaces. Geneviève Fraisse, philosophe et directrice de recherche au CNRS, s'est particulièrement intéressée à ces questions puisqu'elle a été membre de la Commission des droits de la femme et de l'égalité des chances sous le gouvernement Jospin, ainsi que déléguée interministérielle aux droits de la femme de novembre 1997 à novembre 1998. Auteur de nombreux ouvrages (dont notamment une contribution au tome 4 de L'histoire des femmes en Occident dirigée par Georges Duby), ses travaux portent principalement sur l'histoire de la controverse des sexes sur le plan politique.
[...] Geneviève Fraisse montre que l'autonomie des femmes s'est également constituée sur les contradictions du Code civil : comment concilier le respect mutuel entre époux et la totale soumission de la femme à son mari ? Plus encore qu'en est-il de la fille majeure (veuve ou célibataire), qui paye des impôts mais n'a pas en compensation leur corolaire, le droit de vote ? Ces différentes marques de stigmatisation des activités économiques et sociales des femmes hors de la sphère privée, du cadre de la famille montre un refus que ce qui est l'exception devienne la règle. [...]
[...] C'est ce processus qui explique que, pour Geneviève Fraisse, démocratie est exclusive, et non excluante, car elle n'énonce pas les règles de l'exclusion”, c'est-à-dire que la démocratie telle qu'elle est pensée pendant la Révolution ne dresse pas de barrière entre les hommes et les femmes (précisément, il n'existe aucune loi interdisant formellement la participation des femmes). Elles sont exclues de l'intérieur de la démocratie parce que considérées comme ne correspondant pas à la conception de l'individualité, socle de la citoyenneté. [...]
[...] Geneviève Fraisse met ici en évidence le processus qui a permis de concilier démocratie et exclusion d'une partie de la population. La seule difficulté de ce livre réside dans sa construction puisque d'une part il s'appuie et commentent beaucoup de textes dont n'ont été retenus ici que ceux qui reviennent de manière récurrente, et d'autre part sa construction thématique qui entraîne un certain nombre de répétitions. [...]
[...] Dans Les deux gouvernements, son point de départ est la rupture introduite par Rousseau dans le Contrat Social. Depuis l'Antiquité et la conception de la cité grecque, il y avait une analogie entre le gouvernement public et ce qui était appelé gouvernement privé” : la cité était pensée sur le modèle de la famille, plus précisément, le modèle patriarcal. Ce modèle a été reproduit jusqu'au XVIIIè siècle et se retrouvait aussi bien dans l'ordre féodal que dans la monarchie absolue : le roi, le seigneur sont des pères. [...]
[...] Elle n'est acceptée dans la sphère publique que si elle s'acquitte de ses devoirs dans la sphère privée (question de la double journée des femmes) : la redistribution des rôles dans cet espace n'intervient que beaucoup plus tard. Finalement, les femmes sont reconnues comme partie intégrante de l'universel en 1946 par le préambule de la constitution de la IVè République qui affirme que loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l'homme”. Le mouvement initié par la libéralisation des mœurs a atteint son objectif : ce n'est plus tant une différence irréductible entre les deux sexes qui est mise en avant que leur égalité et leur ressemblance. [...]
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