Le jihad, en son sens noble et religieux, est une entreprise pieuse, qui n'est en rien imposé par les cinq piliers de l'Islam. Le terme de « jihad » est d'ailleurs peu présent dans le Coran, et les dérivés mêmes de la racine « j h d », permettant de former des mots en rapport avec la notion d'effort, n'y apparaissent qu'une dizaine de fois dans son sens guerrière, et même dans ces cas-là, ils restent toujours rattachés à la foi.
Toutefois, on distingue deux formes du jihad.
Le premier est le jihad « fî sabîl Allah », traduit par le jihad « sur la voie de Dieu ». Il s'agit d'un jihad militaire concret, soit défensif, soit offensif pour étendre le territoire de l'islam et propager la foi. Le second jihad est le jihad « al akhbar », soit « le grand jihad ». Celui-ci est personnel, interne. Il s'agit d'un travail de la foi, en vue de se rapprocher de dieu par la lutte contre les vices et l'ignorance qui pourrait l'en éloigner.
[...] "Les frontières du jihad", Jean-Pierre Filiu (2006) Le jihad, en son sens noble et religieux, est une entreprise pieuse, qui n'est en rien imposée par les cinq piliers de l'Islam. Le terme de jihad est d'ailleurs peu présent dans le Coran, et les dérivés mêmes de la racine j h d permettant de former des mots en rapport avec la notion d'effort, n'y apparaissent qu'une dizaine de fois dans son sens guerrier, et même dans ces cas-là, ils restent toujours rattachés à la foi. [...]
[...] La revendication du jihad comme justification et légitimation d'actions terroristes n'est donc que très récente. Il s'agit de plus d'une interprétation du jihad très éloignée, voire dénaturée, de ses fondements coraniques et historiques. Elle remonte à une trentaine d'années, non pas avec la fondation d'Al-Quaida en Afghanistan en 1987 et dont on parle peu alors. Mais de façon plus concrète lorsque, le 6 octobre 1981, des militants du groupe Jihad assassinent Sadate en raison de sa signature du traité de paix avec Israël. [...]
[...] L'expédition coloniale de Bonaparte en Egypte en 1798 marque le début d'une expansion coloniale occidentale intense au Moyen Orient, ainsi que le début d'une nouvelle cause : celle du jihad anticolonialiste. Ce jihad devient celui des peuples dans leur globalité, il ne concerne plus une minorité militaire. Il se réalise non pas de façon militaire, mais de façon dispersée à travers les confréries religieuses, tarîqa. Ce jihad, dont la cause principale est la défense des intérêts nationaux et de la cohésion nationale, prend différentes formes. On retient celui d'Abdelkader en Algérie, ou encore celui de l'imam Chamil dans le Caucase. [...]
[...] Son objectif est international, et l'Irak n'est ainsi qu'un terrain d'action idéologique. Ainsi, ces trois formes de jihad s'opposent entre elles, et ses dissensions internes ne favorisent pas l'amélioration de la situation irakienne. En opposant ainsi le jihad global d'Al-Qaida aux jihads locaux, Jean- Pierre Filiu insiste peut-être trop sur une distinction qui n'est pas si évidente ni si radicale. En effet, si Al-Qaida a pour objectif principal un jihad global, et donc non centralisé sur un petit territoire, l'organisation ne s'oppose pas pour autant aux jihads locaux, les encourageant même. [...]
[...] Les frontières du jihad sont alors plutôt stables. Mais si le jihad militaire semble en être rendu à son état de trêve nécessaire, admise, et limitée, la hudna, le développement sémantique et théorique du jihad continue de se développer. C'est en effet à cette époque que le jihad, tant défensif qu'offensif, devient une obligation religieuse, qui ne peut être prescrit que par le calife ou l'imam. Mais ce jihad n'en demeure pas moins une obligation collective, et non personnelle : c'est au nom de l'ensemble de la communauté des croyants musulmans qu'un petit nombre peuvent réaliser le jihad. [...]
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