Publié en 1983, Aux frontières de la démocratie nous offre une analyse historique de la naissance, du développement de la démocratie et de ses dérivations. La démocratie est le fruit d'une tension créatrice du XVIIIème siècle à nos jours : son développement est plus du à une série de nécessités, de hasards voire d'accidents historiques liés aux stratégies des élites qu'à des facteurs culturels ou économiques. L'analyse de Guy Hermet s'inscrit surtout dans la résistance opposée par les élites de toutes espèces d'intervention du plus grand nombre dans les affaires publiques. De même, s'il arrive que la démocratie comme idéal serve des méthodes totalitaires, la démocratie comme méthode étouffe aujourd'hui de plus en plus les valeurs dont elle se réclame...
[...] Cela n'est pas sans rappeler la thèse de S.M. Lipset sur les préconditions socio-économiques de la démocratie Some social requisites of democracy : economic development and political legitimacy”, 1959). Ce dernier établissait une relation positive et quantifiable entre le niveau de développement économique (éducation, santé, industrialisation et urbanisation) et la démocratie. Ainsi, il en conclue que lorsque ces conditions sont remplies, le corollaire politique est la démocratie. Hermet quant à lui et au travers de nombreux exemples critique ce déterminisme et ces corrélations statistiques. [...]
[...] Classes qui deviendront le support privilégié des dictatures militaires ou des mouvements fascistes ou populistes. Ainsi, c'est ce parlementarisme oligarchique qui déterminera de manière fatale l'alternative autoritaire. Les régimes espagnol et italien de la fin du XIXème siècle et du début Xxème illustrent parfaitement cette situation qui débouchera sur le franquisme et l'Etat mussolinien. En Amérique latine, les élites conquièrent l'indépendance sans appui des masses et aboutissent à une copie factice d'un régime censitaire et clientéliste puisqu'il n'existe pas de classe moyenne pour former un corps électoral. [...]
[...] Ainsi, si le régime a une dimension autoritaire et plébiscitaire, il a aussi un nature populiste-réformiste (droit de grève accordé). Et l'empreinte durable du Second Empire sur le système politique français restera évidente : enracinement du suffrage universel dans les zones rurales, expression d'un concept de rassemblement national et un gouvernement fort mais républicain personnalisé dans le chef de l'Etat. Cette révolution par le haut est également présente dans le régime bismarckien malgré un contexte social différent (clivage entre les bourgeois libéraux de l'Ouest et l'aristocratie de l'Est, clivage catholique-protestant). [...]
[...] Mais le caractère le plus achevé de ce mouvement reste la convergence relative de son contenu et de son action, et sa dimension anti-oligarchique. Alors qu'en Italie, si le parti fasciste domine, il n'étouffe pas toutes les sphères et en résulte l'absence d'encadrement totalitaire des masses (rôle de l'Eglise catholique important). Le régime Espagnol est lui très différent : le franquisme même s'il revêt les attributs externes du fascisme, est un régime autoritaire fondé sur le pouvoir d'un dictateur plutôt que d'un parti, avec un gouvernement conservateur plutôt que l'expression d'un mouvement de masse totalitaire. [...]
[...] Ce processus est celui de la formation des Etats nationaux. C'est l'existence de l'Etat national, sa construction, sa naissance précoce ou tardive qui explique en Europe Occidentale le devenir politique ultérieur d'un peuple. La dimension initiale d'un Etat peut être un élément constructif : des Etats ni trop grands ni trop petits arrivent plus facilement à une intégration graduelle de leurs sujets et à l'établissement rapide d'un centre politique efficace (Grande-Bretagne, France). Alors que dans une Europe plus centrée (Allemagne, Italie), le grand nombre de problèmes à résoudre (citoyenneté, nation, Etat) prennent le pas sur les questions de suffrage universel. [...]
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