Dans son ouvrage "Le temps des immigrés", François Héran présente la question de l'immigration sous un angle nouveau. Il rappelle d'abord que le débat sur l'immigration est souvent abordé sur un mode passionnel. Il nous propose donc dans ce livre d'examiner l'immigration de manière objective, en l'observant dans la durée et l'espace avec un regard de démographe.
[...] Pour répondre, Héran sépare le vieillissement en : - vieillissement évitable causé sur le long terme par une fécondité inférieure au taux de remplacement ; - vieillissement évitable causé sur le long terme par l'allongement de la durée de vie et l'arrivée des baby-boomers à des âges élevés ; or, l'immigration et la fécondité ne peuvent s'attaquer qu'au premier versant du vieillissement. Héran conclut donc qu'on ne peut rien faire contre le vieillissement. C'est ce que confirme le rapport de l'ONU sur l'immigration de remplacement, qui conclue qu'il faudrait 1,4 milliard d'immigrants en Europe d'ici 2050 pour conserver un ratio constant, avec en France une population qui atteindrait 190 millions d'habitants (dont 2/3 immigré après 1995 ou descendants d'immigrés arrivés après 1995) ! [...]
[...] Attention, il ne faut pas confondre avec les migrations familiales, qui prennent en compte le flux d'étrangers qui rejoignent un conjoint français (peut-être lui-même un immigré). - Le solde migratoire, qui est le calcul de l'excédent des entrées sur les sorties du territoire. Chapitre deux : Choisir ses immigrés ? Leçons de l'étranger Héran propose ici d'envisager le cas d'autres pays qui ont tenté des politiques de sélection de l'immigration. La formule canadienne Au Canada a été mis en place un système à point pour l'immigration des travailleurs qualifiés. [...]
[...] Est-ce dû à une plus forte fécondité des immigrés ? Pour répondre à cette question, Héran propose trois chiffres : - des naissances sont dues à un couple dont les deux parents sont étrangers, auxquels s'ajoutent 10,5% de naissances de couples mixtes (un des deux parents au moins est étranger) ; - sans l'apport des immigrés, le solde naturel reculerait de 42% ; - les immigrées augmentent de 0,1 point seulement le taux de fécondité ; ces chiffres ne sont-ils pas contradictoires ? [...]
[...] - Le système a fait preuve d'un manque de flexibilité qui a empêché un ajustement avec la demande, les négociations pour déterminer les quotas s'avérant inefficaces et les cantons périphériques échouant à retenir leurs immigrés. Les droits de l'homme (concrétisés par l'immigration familiale) l'ont emporté sur la loi du marché. On peut donc conclure avec Héran à un échec de la sélection jusqu'à maintenant, les systèmes achoppant principalement sur la flexibilité nécessaire pour répondre aux besoins de l'économie. Chapitre trois : vieillissement oblige, place à la migration Héran rappelle que les démographes peuvent constituer des projections pour estimer la croissance démographique future. [...]
[...] Mais, se pose le problème de l'évaluation de l'immigration. En effet, si le solde naturel est connu grâce aux statistiques de l'état civil, le démographe ne dispose que de peu d'informations pour déterminer le nombre d'entrées et de sorties du territoire. En Grande-Bretagne, ce chiffre est estimé grâce à des enquêtes aux frontières. Mais ces enquêtes restent doublement incomplètes : elles sont facultatives, et l'échantillon d'enquête reste trop faible. Peut-on imaginer un tel système en France ? Cette solution paraît difficile à mettre en œuvre, car sur les 80 millions de voyageurs annuels que reçoit la France, seul 1 voyageur sur 500 vient pour immigrer. [...]
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