" Vieille France, accablée d'Histoire, meurtrie de guerres et de révolutions, allant et venant sans relâche de la grandeur au déclin, mais redressée, de siècle en siècle, par le génie du renouveau " écrivait le général de Gaulle dans ses Mémoires de guerres. Pourtant, dans La France qui tombe, le constat établi par Nicolas Baverez n'est pas celui d'une France “éternelle”, celle qui traverse les époques sans jamais perdre de sa grandeur.
Dans son ouvrage, l'auteur nous renvoie ainsi, non sans virulence, à la question du déclin de la France et articule sa réflexion autour de trois principaux éléments. Par une observation historique, il montre tout d'abord, comment depuis le XIXe siècle, la France s'est distinguée des autres démocraties développées, notamment par sa difficulté à s'adapter aux grandes transformations du système géopolitique et du capitalisme mondial.
Vient ensuite le constat d'une France engagée depuis les années 1980 dans une phase de déclin en raison notamment de cette incapacité à se moderniser et à prendre en compte la nouvelle donne issue de l'après-guerre froide et de l'apparition du terrorisme de masse, de la mondialisation, de la révolution des technologies ainsi que de l'avènement d'une société des risques.
[...] Aujourd'hui, heureusement délivrée des vertiges idéologiques, elle doit récuser le conservatisme quiet pour faire le choix de la réforme, sans laquelle une démocratie se flétrit avant de tomber Aujourd'hui, près de 8 ans après la parution de l'ouvrage de Nicolas Baverez, des événements majeurs sont apparus : l'accélération de la mondialisation, la déflation mondiale, la hausse de près de du PIB de la dette des pays développés, mais également les révolutions du monde arabo- musulman, mais surtout une double crise, mondiale et une crise de l'Euro. Dans cet environnement, la France apparaît comme faisant toujours figure d'exception. Elle est la seule des grands pays développés à être entrée dans la crise de la mondialisation sans avoir surmonté les chocs pétroliers des années 1970. Son dernier excédent budgétaire remontant à 1973 et le taux de chômage n'étant jamais revenu en dessous de depuis 1977. [...]
[...] Le redressement de la France, du déni à l'acceptation Selon Nicolas Baverez, la fatalité n'occupe donc aucune part dans le déclin de la France, ce dernier résulte de choix clairs de la classe dirigeante. Qu'il s'agisse des individus, des entreprises ou des nations, le déclin n'est jamais fatal, mais toujours voulu et programmé [ ] De même, le redressement ne relève pas davantage de cette fatalité, il est uniquement affaire de sens de la vérité, de courage et de volonté Il y a donc une nécessité à nommer et à situer clairement les défaillances de la France afin de pouvoir par la suite engager un processus de modernisation. [...]
[...] Hormis les capitaux, dont les sorties sont deux fois supérieures aux entrées, les hommes s'exilent également avec départs définitifs de Français à fort potentiel en dix ans. Le potentiel de la recherche s'effondre, avec le dépôt de des brevets mondiaux contre en 1985. Cette dégradation de l'économie française aurait favorisé le retour des maux sociaux et l'appauvrissement général dans la société. Face à cette situation dégradée de la France et de l'incapacité du corps politique à y remédier, un mécontentement général aurait pris forme pour se matérialiser lors des élections du 21 avril 2002. [...]
[...] Dans le programme de thérapie qu'il propose, Nicolas Baverez suggère ainsi de prendre en compte ces défaillances. Ce sont tout d'abord les institutions françaises qui sont défaillantes de par leur instabilité politique. En outre, ce déficit est mal compensé par la multiplication anarchique des révisions constitutionnelles. De même, la décentralisation et le poids des administrations dans la répartition des compétences et des financements renforcent la confusion du pouvoir exécutif. Enfin, l'outil de défense français est dépassé à l'échelle du monde face à l'avance technologique des USA et hors d'état pour participer à des opérations lourdes comme celle d'assurer la défense opérationnelle du territoire national. [...]
[...] La réunification de l'Europe se réalisant ainsi sous l'égide de l'OTAN et des Etats-Unis. Nicolas Barevez souligne également le comportement schizophrène de la France dans la construction européenne. Si elle a accepté l'ouverture d'un grand marché et de la mondialisation, autorisant ainsi la modernisation des entreprises et a réaffirmé son engagement européen avec la constitution de l'Union Économique Monétaire, la France a cependant tenté de résister à l'évolution du modèle institutionnel et financier de l'Europe des six en freinant son élargissement et en accumulant les retards dans la transposition des directives. [...]
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