Michel Winock, né en 1937, est un historien français agrégé d'Histoire en 1961. Il est l'un des plus grands spécialistes de l'histoire des Mouvements intellectuels, de l'histoire de l'antisémitisme, du nationalisme et des mouvements d'extrême-droite français. Il est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages dont "Le siècle des intellectuels" pour lequel il reçut le prix Médicis en 1997 dans la catégorie essais.
En 2003, il publie "La France politique" qui rassemble, en grande partie, différents textes déjà publiés (principalement dans "L'Histoire") remis à jour par l'auteur qui dresse ainsi sur quelques centaines de pages le tableau de notre République depuis deux siècles. Dans cet ouvrage, il s'attache à présenter l'élaboration de la République et ses liens incontestables avec l'esprit des Lumières et la Révolution française.
Il revient sur les difficultés qu'a pu rencontrer la République depuis 1789 et s'interroge sur les raisons d'une instabilité politique qui semble caractéristique à la France. Il réfute les explications liées à la culture des Français où à la lutte des classes pour expliquer la spécificité française et soutient que la vie politique française s'est constituée sur l'enjeu représenté par l'héritage révolutionnaire marqué notamment par une rupture de l'unité spirituelle et l'avènement de deux cultures distinctes : la culture catholique et la culture laïque et républicaine.
[...] En effet, en comparant la situation de la gauche en 1940 lors du vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain et les résultats des élections de 1945 à la constituante, l'auteur explique que c'est bien l'action de la Gauche dans la Résistance qui justifie sa position au sortir de la guerre. En effet, la participation active de la SFIO et du PC à la libération explique leur succès lors de la proclamation de la IV°République mais également la supériorité d'un parti communiste uni face à un parti socialiste qui n'a pas su tirer tous les avantages de sa participation à la Résistance. Concernant le parti communiste, son implication dans la Résistance n'est pas une évidence lorsqu'éclate la guerre en 1939. [...]
[...] D'une part, il dresse un tableau sévère mais objectif des difficultés incessantes du socialisme à trouver sa place dans la vie politique française et à harmoniser sa doctrine et ses actes. En insistant sur ses relations difficiles avec son frère ennemi le Parti Communiste et la victoire de ce dernier comme représentant unique des ouvriers, il pousse le lecteur à s'interroger sur les causes profondes des difficultés du PS aujourd'hui. Le Parti Socialiste ne pouvant se résoudre ni à s'allier avec l'extrême gauche, ni à abandonner complètement sa tradition marxiste et ouvrière pour se tourner vers le centre droit, il semble à la recherche constante d'une identité propre qui soit en accord avec un programme concret distinct de celui des autres formations politiques. [...]
[...] D'autre part, si les causes conjoncturelles d'ordre politique et économique du déclin du communisme à partir des années 1960 ont été mainte fois soulevées, la réflexion psychologique et sociologique qui encadre cette période de l'Histoire dans l'ouvrage de M. Winock est à mes yeux l'apport le plus intéressant. Les liens qu'il établit entre révolution industrielle et apogée du communisme mais surtout entre société de consommation et déclin de l'idéologie marxiste apportent un éclairage nouveau. En effet, il présente ici une explication autre que l'effondrement de l'Union Soviétique comme unique cause du déclin du PCF. [...]
[...] En effet, malgré les actions de Jaurès et son soutien aux actions syndicales, la CGT dès 1906 dans la Charte d'Amiens affirme son indépendance et sa volonté de ne pas être mêlé à la démarche politicienne de la SFIO. Ainsi, à la fin de la guerre, si la SFIO remporte un certain succès électoral, elle n'est pas parvenue à devenir un parti de masse. L'impossibilité de la SFIO à empêcher la guerre et l'avènement de la Révolution Bolchevique à l'Est marque les prémisses d'un divorce irrévocable au sein de la Gauche française. [...]
[...] L'évolution de la société est un impératif qu'on ne peut occulter. Le succès, les évolutions et les échecs des différentes formations politiques et mouvements intellectuels doivent être en grande partie analysés au regard de la société dans laquelle ils évoluent. [...]
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