Dès les premières lignes, Mariette Sineau cherche à situer et à démontrer ce qui sera la tension fondatrice de son ouvrage. : si les femmes disposent aujourd'hui de droits politiques égaux à ceux des hommes, elles ne peuvent pas pour autant revendiquer une véritable émancipation politique et citoyenne. Il s'agira alors d'expliquer et de comprendre pourquoi et comment l'andocentrisme demeure bien que la démocratie ne soit plus totalement "sans les femmes".
La théorie de Mariette Sineau est originale en ce qu'elle étudie dans le temps les évolutions de la condition politique des femmes. Ce serait alors par à-coups, par soubresauts, que l'émancipation des femmes se réalise et l'un de ce temps propice aux changements serait les élections présidentielles. Elles votent pour la première fois en 1965 et déjà elles démontrent l'importance de leur pouvoir de "suffrage" : le poids du vote des femmes est numériquement supérieur à celui des hommes et va forcer les dirigeants à réagir aux revendications des femmes.
Mais l'ouvrage de Mariette Sineau ne se résume pas à une simple étude synchronique du rôle des femmes lors des campagnes présidentielles. Cet ouvrage repose sur une exploration approfondie des changements sociaux qui interviennent entre les différentes élections. Ainsi, le rôle grandissant des médias et des sondages lors des premières élections au suffrage universel direct peut expliquer certaines caractéristiques majeures de l'engagement des femmes : le MLF saura s'attirer une large couverture médiatique. Par ailleurs, l'influence du féminisme ne peut se comprendre que par une étude de sa diffusion dans la société : à travers ses revendications et ses valeurs partagées par la génération des "babyboumeuses" qui émerge à la fin des années 60.
Toutefois, les campagnes présidentielles sont un point de référence original et intéressant pour comprendre et étudier les changements si profonds qu'a connus la société en un demi-siècle. Elles vont consister en un point de repère où mesurer les permanences et les mutations de ces variables structurantes à travers l'observation du vote des femmes, de l'engagement des femmes, des femmes candidates…
[...] Ceci est d'autant plus flagrant si l'on observe le vote des femmes âgées qui choisissent Nicolas Sarkozy plutôt que la candidate socialiste. Toutefois, Ségolène Royal peut être considérée comme la candidate des femmes intégrées comme en témoigne la sociologie du vote : ses supportrices sont parisiennes, étudiantes ou diplômées du supérieur, cadres supérieurs ou professions libérales. Or les femmes âgées, talon d'Achille de Ségolène Royal sont deux fois plus nombreuses que celles qui ont le profil de vote Royal. La perspective féminine permet donc d'éclairer les résultats de la dernière campagne présidentielle avec un certain recul. [...]
[...] Pourtant ces candidatures ont un sens très important par leurs conséquences politiques. Elles ont ouvert la voie à la campagne de Ségolène Royal en 2007 en habituant l'opinion publique à associer l'image d'une femme au rang du chef de l'Etat. Chapitre Ségolène Royal élue " présidentiable " La présidentielle représente une relative révolution culturelle : pour la première fois une femme est candidate d'un grand parti et sans en avoir jamais été premier secrétaire. Ce qui étonne donc avec Ségolène Royal, c'est l'effet de surprise qu'elle a suscité : personne ne l'attendait quelques mois avant les débuts de la campagne. [...]
[...] De plus il apparait alors illusoire qu'elles puissent jouir de leurs droits de contraception ou à l'avortement. Toutefois, les femmes vont paradoxalement utiliser comme tribune de revendication une institution qui a pour but de consacrer un homme, le président de la République. En effet, lorsqu'elle vote pour la première fois au suffrage universel direct en 1965, on voit émerger une nouvelle génération (celle issue du baby-boom) de femmes plus éduquées et plus revendicatives. C'est à cette époque qu'émerge un féminisme radical qui va porter les revendications des femmes et témoigner de changements profonds dans la société. [...]
[...] La campagne sera également très sexuée et va voir ressurgir des réflexes machistes que l'on peut illustrer par de très nombreuses déclarations : qui va garder les enfants ? C'est aussi l'un des traits à retenir de la campagne : une médiatisation et une peapolisation d'une importance jamais vue encore. C'est l'un des regrets les plus profonds : alors qu'on attendait un retour de la politique, le fond des débats a été assez décevant et notamment si l'on s'attarde sur les propositions de la candidate socialiste en faveur des femmes. Chapitre Ségolène Royal victime du vote féminin ? Quelles sont les raisons de l'échec de Ségolène Royal ? [...]
[...] Cette élection reste tout de même un véritable tremplin pour elle puisqu'elle devient en 1983 secrétaire d'Etat à l'environnement, en 1984 ministres de l'Environnement et de 1986 à 1993, députée du Doubs. Marie-France Garaud situe sa campagne à l'opposé d'Huguette Bouchardeau car visant un électorat conservateur, elle ne joue pas la carte du féminisme. Faute de moyens, sans parti et sans mouvement elle ne parvient pas à sortir de son rôle de conseillère de l'ombre de De Gaulle et n'obtient que des votes. Elle est élue l'année suivante députée européenne. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture