La force de conviction, à quoi pouvons-nous croire ? de Jean-Claude Guillebaud

Résumé du document

L'ennemi de la société n'est plus l'idéologie mais les grandes confessions religieuses. Il faut relever l'importance contemporaine du fait religieux. A ce propos, on lira Huntington, Le choc des civilisations.

Quelles guerres de religion ?
Il faut faire attention à ne pas confessionnaliser de nombreux antagonismes : le conflit en Irlande du Nord est une conséquence du colonialisme britannique, la guerre israélo-palestinienne est un conflit pour une terre, en Indonésie les problèmes proviennent d'enjeux ethniques. Faire de la religion le nouvel outil d'analyse relève de la construction idéologique.

Les persécutions oubliées :
Au XXe siècle c'est l'athéisme antireligieux qui fut intolérant. Le Dieu invoqué se trouvait dans le camp des opprimés. Chez les nazis, la destruction des juifs n'était qu'une première étape puisqu'Hitler voulait ensuite parvenir à la destruction des Eglises. En Russie, dès 1917, la possession d'un livre religieux fut interdite. Dans les années 1960, le maoïsme voulait une révolution culturelle qui rejetait le confucianisme.
Le Kampuchéa démocratique des Khmers rouges en 1975, fit une campagne d'auto génocide mais aussi d'éradication des musulmans, bouddhistes et chrétiens.

Extraits

[...] La religion disparaît et revient : C'est parce qu'elle serait menacée de disparition que la religion ferait un retour sous une forme plus intolérante. D'où vient la modernité ? En France : La laïcité fut d'abord un combat anticlérical dirigé contre l'hégémonie culturelle et politique des catholiques. Dans le monde anglo-saxon : La modernité est un phénomène postbiblique. Selon Tocqueville, la démocratie est fille légitime de la Bible. Pour Schumpeter, il y a filiation (principe égalitaire, référence au monothéisme). Pour Hegel, c'est le christianisme qui fonde la genèse du monde moderne. [...]

[...] La mauvaise conscience abreuve les mouvements tiers-mondistes et c'est de là que vient l'opposition à la guerre au Vietnam. La fin des valeurs héroïques La guerre donne, dans l'antiquité, sa chance à l'héroïsme. Cette culture est encore présente avant la 1re guerre mondiale, avec l'idée de combativité patriotique, de revanche et de jour de gloire est arrivé. (Hymne de 1792.) Le dé croyance s'est faite par paliers successifs avec parfois des réapparitions de l'ancienne Doxa (1968 actes héroïques de révolte.) On est passé d'une anthropologie du sang à une anthropologie des larmes. [...]

[...] Le projet d'être soi-même Les institutions ont cessé de concrétiser le lien social en édictant des croyances communes. Aujourd'hui en politique, c'est le vote nomade, l'engagement ponctuel qui prévaut. Le narcissique besoin d'authenticité conduit à la tolérance naturelle. L'homme sans gravité Le dé croyance conduit à une communauté du traumatisme où la douleur est affichée. Le manque de repères et de liens avec autrui rend l'homme plus sensible aux injonctions venues d'autrui. La pensée du nombre Le dé croyance accouche d'un minimalisme résigné. [...]

[...] La philosophie s'interroge sur la distinction entre croire et savoir. De la croyance à l'idolâtrie : Le croyant est à la fois le militant religieux, le politique, le militant généreux, le kamikaze. 1re partie : Un siècle de dé croyance Chapitre 1er : Le chagrin des ex Les croyances mortes Les communistes rompirent avec leurs croyances sur 75 ans, mais il y a aussi les militants d'extrême gauche (maoïstes), les défenseurs de l'empire colonial, les inquisiteurs Paradigme du désaveu : généralisation du remords. [...]

[...] Les deux ont inconsciemment épousé les structures des deux religions refoulées. Passé et présent d'une illusion Furet met en avant les illusions collectives qui rendirent possible l'adhésion en masse au communisme. Durant l'époque léniniste existait une triple illusion : illusion révolutionnaire, illusion pacifiste, et illusion internationaliste. Après 1924 : illusion d'un modèle antique, illusion de l'invention d'une démocratie supérieure, illusion d'un antifascisme. Mais on reproche à Furet d'être passé du parti communisme à un anticommunisme sans interrogation, sur le fondement de ses croyances. [...]