Professionnalisation - pratiques notables - rationalisation du travail politique - Activité politique
L'activité politique apparait aujourd'hui comme une activité sociale distincte, réservée à des « initiés » maitrisant les méthodes et les savoir faire qui lui sont propres. Pourtant, sous l'Ancien régime, la politique était confiée aux notables qui disposaient des ressources leur conférant la légitimité de cet exercice. Mais l'élargissement du corps électoral en 1848, suite à l'instauration du suffrage universel masculin, initie un processus d'autonomisation de l'espace politique, caractérisé par une professionnalisation du personnel. Ainsi, de « nouveaux agents spécialisés dans l'exercice de taches et dans l'occupation de fonctions tenues pour politiques » se forme. Un processus s'opère donc progressivement jusqu'à la première guerre mondiale, permettant à des individus d'origine sociale plus modeste d'entrer en politique, et obligeant les notables à se convertir à ce nouvel espace politique. Pourtant si les pratiques notables sont largement critiquées, elles n'en restent pas moins toujours présentes dans la sphère politique. D'ailleurs, la critique actuelle tient toujours à l'apanage de la profession politique par une élite, et à l'utilisation de certaines pratiques clientélistes.
Le texte d'Eric Phélippeau nous invite donc à revisiter cette fin des notables et les conditions de la professionnalisation politique à travers l'exemple du baron Armand de Mackau. Sa longue carrière en tant que notable permet en effet de saisir le processus de transformation ayant conduit à l'émergence de l'entrepreneur politique et d'un espace politique plus autonome.
Nous verrons dans une première partie quelles ont été les mutations de la sphère politique, puis nous présenterons dans un second temps les méthodes et savoir-faire développés pour s'adapter à ces mutations. Dans une dernière partie, nous verrons en quoi il faut relativiser la fin des notables, tant à l'époque de la professionnalisation qu'aujourd'hui.
[...] Ainsi, des collaborateurs vont commencer à vivre de la politique, notamment le secrétaire. Progressivement, tous les candidats s'entoureront de collaborateurs, et même de mercenaires électoraux très compétents en politique. Une véritable machine électorale est alors instaurée et à la professionnalisation du personnel politique De nouveaux outils au service d'un espace politique autonome La spécialisation des taches pour se faire élire illustre le fait qu'il est maintenant acquis pour les acteurs politiques que des élections se gagnent sur des discours et des mots d'ordre partisans, et non plus sur des pratiques clientélistes. [...]
[...] Le rapport de force au sein de l'espace de luttes électorales est donc redéfini, confiant autonomie et légitimité à ces représentants locaux du suffrage universel masculin. Cette nouvelle incertitude remet alors en question le pouvoir de contrôle des notables et les obligent à développer des savoir-faire pour mieux connaitre ces grands électeurs et anticiper leurs agissements. La compétition électorale se complexifie donc progressivement, contribuant à la construction d'une machine électorale. II. De nouvelles méthodes et savoir-faire au service d'une machine électorale Face à ses mutations profondes de la sphère politique, les notables remettent en question leur façon d'être et de faire de la politique. [...]
[...] Dans une dernière partie, nous verrons en quoi il faut relativiser la fin des notables, tant à l'époque de la professionnalisation qu'aujourd'hui. I. Les mutations de la sphère politique En 1948, le corps électoral passe de électeurs à plus de 9 millions, révolutionnant ainsi les façons de quêter les suffrages. Les notables sont alors contraints de revisiter les pratiques clientélistes utilisées jusqu'alors sous le régime censitaire, pour se convertir aux méthodes du nouveau marché politique Une professionnalisation politique à l'encontre des pratiques notables Jusqu'à la fin du XIXème siècle, il n'existait pas de professionnel de la politique au sens où l'entendait Max Weber, soit des hommes vivant pour et de la politique. [...]
[...] En effet, il conserva en parallèle de son effort de rationalisation, une certaine forme de clientélisme dans ses relations professionnelles. Ses origines notables lui ont appris qu'il faut entretenir des relations étroites avec ses administrés, accréditant le lien affectif qui les 5 Margaux Lalande Science Politique 16/02/2011 unit. Il joue ainsi sur le registre de l'émotion et revendique une action politique désintéressée pour faire accepter les rapports de clientèles qu'il entretient. Pourtant, il accepte également le phénomène de disqualification sociale qui le place au même rang que ces homologues politiques d'origine sociale plus modeste. [...]
[...] cit., p Margaux Lalande Science Politique 16/02/ A cette date, la majorité républicaine s'emploie à lutter contre les pratiques clientélistes des notables de l'opposition, à travers des enquêtes sur les méthodes électorales des candidats. En effet, par la procédure de vérification des pouvoirs, le Chambre est en mesure d'invalider certaines élections. Cette nouvelle réglementation pousse les notables à remettre en cause leur façon d'être et de faire de la politique, et les contraints à renoncer à l'achat de voix pour conserver leur légitimité. [...]
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